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LIVRE DE SADIO CAMAR. ANNEXEI : ACTES DE NAISSANCE DU PARTI AFRICAIN DE L’INDEPENDANCE (P.A.I.). MANIFESTE DU PARTI AFRICAIN DE L’INDEPENDANCE  

A l’heure historique de Bandoung et de la désintégration du système colonial de l’impérialisme, à l’heure où la confusion politique submerge l’Afrique noire sous domination française, notre devoir d’africains nous oblige à porter devant les masses de notre pays le problème de l’indépendance nationale et de la transformation socialiste de notre économie.

 

I : DES FAITS DEMONTRANT LA FAILLITE DE LA FUSION DES PARTIS POLITIQUES AU SENEGAL ET QUI INCITENT A LA RECHERCHE D’AUTRES FORMES D’UNITE

 

A - La rencontre du 13 juin et le principe de la fusion des partis politiques

 

Tout le monde sait qu’à la rencontre du 13 juin le seul parti de gauche du Sénégal, l’U.D.S, défendait le principe d’unité des partis politiques sur une base anticolonialiste. Et, ce ne fut que par peur d’être isolé que l’UDS en vint à accepter le principe de la fusion préconisée par le B.D.S, le Parti Socialiste et le M.P.S Des meetings de popularisation organisés par la suite, entraînèrent l’adhésion enthousiaste des masses populaires. Mais le principe de la fusion s’avère pour le moins non juste à partir du moment où deux partis (S.F.I.O. et M.P.S.) se furent retirés. L’existence des petites fractions n’enlevait rien au fond du problème.

 

B - De l'organisation défectueuse du B.P.S. à l’intégration et au pourrissement Actuel

 

Dès ses premiers pas, le B.P.S pouvait être caractérisé comme étant une organisation de type féodal, somme de petits partis formés autour de petits leaders locaux, organisation non révolutionnaire, obligeant les dirigeants du parti à aller de concession en concession, afin de satisfaire les ambitions de celui-là, les diktats de l’un ou de l’autre des seigneurs politiques. Cette organisation avait été héritée du B.P.S. né, comme nous le verrons plus loin, dans des conditions qui devaient en faire le tributaire de certaines puissances d’argent omniprésentes et omnipotentes jusqu’à l’heure actuelle dans le B.P.S. Déjà mauvaise, elle- même, l’organisation du B.P.S devait se détériorer encore davantage. Car ne tardèrent pas à se faire jour des tendances exclusivistes dirigées contre les éléments de gauche du B.P.S., éléments pour la plupart ex- U.D.S. Ce désir manifeste d’éliminer la gauche des postes de  responsabilités dès les premières commissions d’organisation du parti était un signe éloquent de la volonté des dirigeants ex – U.D.S d’intégrer purement et simplement, les éléments de gauche nouveaux venus. Il faut d’ailleurs avouer que certains responsables ex- U.D.S. ont aidé à cette intégration en jetant des mots d’ordre comme «pas de lutte pour les postes» ; «à la fusion pour le travail seul», etc.

 

Depuis, fort heureusement, la réalité s’est chargée de démontrer qu’on ne va pas en guerre en laissant ses armes de côté. Elle fait justice de cette erreur. D’autres part la ferme volonté des féodalités politiques du parti de ne pas changer d’un iota leur traditionnelle politique d’avantages personnels, leur peur d’engager une lutte anticolonialiste concrète, tout cela fit reléguer au fond des tiroirs les décisions et résolutions démocratiques du parti, le travail parmi les jeunes, le travail parmi les femmes, etc. Il est vrai que ces décisions et résolutions arrachées de haute lutte par les éléments de la gauche, bien que fort insuffisantes en elles-mêmes, se révélaient dangereusement révolutionnaires pour la droite traditionnelle inquiète pour ses privilèges. C’est ainsi que tout devait rester lettre morte. En particulier, il ne fallait pas entendre parler de la formation idéologique des militants. Les commissions techniques, les cercles d’études, les conférences, et autres formes d’éducation préconisées par le congrès du Parti, ne virent jamais le jour. Et, à l’heure actuelle, les initiatives privées de militants intellectuels du parti qui dépensent temps et argent pour faire revivre les décisions du congrès, sont si sévèrement désapprouvées que des responsables du parti posent le problème de l’exclusion de ces militants, entérinant par-là même le jugement du pourrissement du B.P.S. C’est dire que les larmes du leader du B.P.S au congrès, larmes versées parce que les intellectuels ne rempliraient pas leur tâche d’éducateurs, n’étaient que des larmes de crocodile.

 

C - Les Elections municipales, une tactique cousue de fil blanc

 

Pour les éléments de gauche qui pouvaient encore croire à la bonne foi des anciens dirigeants B.D.S, les élections municipales de 1956 étaient déjà révélatrices, bien qu’on ait jeté, à ce moment là, du lest et lâché un petit morceau, pour se dispenser d’en laisser de plus gros, aux prochaines élections cantonales. Cette tactique qui aboutissait à l’élection de quelques conseillers municipaux ex – U.D.S. s’avérait  nécessaire pour continuer le mouvement d’amorçage de fusion. En particulier, le stratagème se révélait indispensable là où l’ex- B.D.S. était minoritaire (Dakar et Saint-Louis). On pourrait assurer que c’est ce désir, facilement décelable, d’asseoir le B.D.S., là où il existait de fortes poussées socialistes qui fit à l’exclusion de tout autre motif, de Dakar et de Saint-Louis des sections où la fusion a été relativement effective. Partout ailleurs on ne peut parler de fusion mais, d’intégration plus ou moins camouflée, en dépit des protestations, des fois véhémentes, d’une gauche ulcérée, mais désorientée par la «conclusion de la fusion».

 

D - Congrès inter territorial de regroupement des partis politiques africains, une mystification éhontée

 

La hâte avec laquelle on réunit, sans préparation aucune et avant même le congrès constitutif du B.P.S., ce fameux congrès, en fait des I.O.M. Voilà encore une autre preuve de la rivalité personnelle qui oppose certains hommes politiques africains. Il fallait «court-circuiter» le R.D.A décidé à tenir enfin son congrès. Cette course de vitesse faillit mal finir pour le B.P.S, car devant les protestations des éléments de la gauche, jusqu’à la direction de ce congrès par le B.P.S à Dakar. C’est en ce moment que les dirigeant ex- B.P.S., et I.O.M sur le plan parlementaire enrobant la pilule, la firent avaler en la rebaptisant en l’occurrence «congrès International des Partis Politiques Africains». Mais, il est évident que ne s’y trompèrent que ceux qui voulaient bien s’y tromper. La gauche écœurée vit se bâtir «la Convention Africaine» avec des hommes comme le Dr Aujoulat au moment même où l’Union des Populations Camerounaises en lutte pour l’indépendance nationale était contrainte à la clandestinité par la faute même de ce politicien. La mascarade devait se terminer par le vote d’une motion en faveur de l’indépendance du Cameroun, motion votée et oubliée le lendemain comme de coutume. Ainsi les I.O.M qui avaient «loupé» en février 1953 lors de leur congrès de Bobo-Dioulasso, la mise sur pied d’un parti fédéral, indispensable à «la politique d’équilibre» des forces en face du R.D.A. fédéral, en vinrent à leur fin à Dakar les 11, 12 et 13 janvier 1957, grâce à la neutralisation ou à la complicité inconsciente de divers éléments de la gauche. Jusqu’au meeting de clôture du congrès, les masses du pays devaient faire les frais de l’imposture. Mystifiées encore une fois de plus, elles ne devaient jamais plus cesser d’être les jouets de déclarations, aussi sonores que purement verbales dans le genre du «dussions- nous aller en prison», «Dussions-nous mourir». Pourtant tout était à attendre d’un congrès où on a été aux petits soins par les agents de la sûreté traînant dans la salle, sans compter l’inestimable garantie et la caution de tout repos que procurent des campagnes genre Aujoulat qui bénéficient de la confiance totale de l’administration coloniale.

 

E - Une naissance qui équivaut à une mort : le congrès constitutif du B.P.S

 

C’est au congrès du B.P.S. des 22, 23, et 24 février 1957 que les tendances au refoulement et à l’endiguement des éléments de gauche devaient trouver leur plein épanouissement. Déjà avant le congrès, des réunions préliminaires secrètes se tinrent entre certains militants éprouvés de l’ancien B.P.S. afin d’amoindrir au possible, la représentation de la gauche. A telle enseigne que certains dirigeants ex- U.D.S ne furent pas mandatés par la base et ne durent leur présence au congrès que parce qu’ils avaient été temporairement cooptés à la direction du parti, au moment de la fusion. D’autre part, dés les premiers jours du congrès, des listes des membres futurs du Comité Exécutif devaient circuler, les listes où les éléments de gauche devaient être systématiquement bannis. S’étant à l’avance assurée une majorité mécanique par le truchement de mandats dont le nombre était proportionnel à la capacité financière des féodaux politiques, la droite réactionnaire aurait mis à exécution ses projets si elle ne voulait pas sauver le semblant de fusion encore nécessaire pour les proches élections cantonales. Ce qui n’empêcha qu’une coupe sombre fut opérée, de telle manière que la gauche  progressiste sortit plus faible après le congrès, qu’après la fusion. Pour mener à bien cette opération, on fit semblant de faire quelques concessions théoriques aboutissant à des mots d’ordre creux comme «socialisme autonome et ouvert», «auto- détermination», «austérité», etc. On ne répugna même pas aux traditionnelles déclarations, démagogiques en appelant à la résistance légale. Imposture et notion aussi vide qu’insignifiante, parodies de la Résistance passive des adeptes de la non-violence ; même pas l’ombre de la résistance tout court. Dans le fond rien n’avait été changé et toutes les anciennes idées demeurèrent sur la scène, le fédéralisme comme l’Eurafrique. C’est pourquoi le leader du B.P.S pouvait déclarer en octobre 1957, plusieurs mois après la fusion. «Sans rien renier de notre doctrine définie depuis 1950, nous sommes pour l’autonomie par étapes des départements et territoires d’outre-mer, dans le cadre d’une République Fédérale  Française». Il n’est donc pas étonnant qu’au congrès constitutif du B.P.S., les voix des jeunes, les voix des étudiants de Dakar et des étudiants de France posant le problème de l’indépendance nationale se retrouvent sans écho.

 

L’U.D.S. qui avait posé lors de sa conférence territoriale à Kaolack les 1ers et 2 avril 1956, la question de l’indépendance nationale, s’était à tel point dissoute dans la confusion générale, qu’aucune voix ne devait s’élever en son nom pour défendre la position des jeunes. D’ailleurs, par la suite, comme il est de tradition, toutes les décisions relativement intéressantes prises en Congrès ne furent autre chose que des vœux gratuits vite oubliés. Il est certain qu’un parti qui s’édifiait sur de tels accords au sommet, sans appui conscient des masses et sans le contrôle, ne pouvait vivre autant que durait l’impulsion initiale. Ainsi, la vague de foi non avertie qui l’avait porté à l’apogée, refluant à l’heure actuelle, le B.P.S., en tant que parti, a amorcé visiblement un mouvement de déclin irréversible.

 

FLes dirigeants du B.P.S. découvrent définitivement leur batterie pendant les élections cantonales et commettent une série d’erreurs

 

Bien plus qu’aux élections municipales, les élections cantonales de 1957 mirent en évidence la ferme décision des dirigeants ex- B.D.S. de liquider définitivement la gauche.

Un seul élément ancien U.D.S. fut élu à l’Assemblée Territoriale sur la liste du B.D.S. il faut d’ailleurs avouer que le déclenchement d’appétits insatiables, au niveau des féodalités politiques, et les parachutages, avaient poussé à l’élimination d’éléments sains, même anciens B.D.S. Une erreur typique, de la direction du B.P.S. (bien plus grave que celle qui, aux élections municipales aboutit à la création du Bloc Démocratique du Diambour) son entêtement, sa partialité et son mépris des décisions du congrès et de la base amena la scission à Kédougou et la défaite du B.P.S en face du B.D.K. Autant de signes inquiétants et avant-coureurs d’un état de chose plus grave !

 

G –  Le B.P.S. mûrit sa crise intérieure en installant à sa manière le conseil de gouvernement

 

Faisant preuve d’une suite sans faille dans les idées, l’équipe dirigeante du B.P.S, qui ne représente autre chose que  la droite du parti crut devoir continuer sa politique de dosage des différentes tendances politiques en accordant un poste ministériel aux ex- socialistes unitaires, en dépit du bon sens et de l’efficacité. En effet à l’heure où d’autres partis politiques africains en mal d’efficacité, faisant la chasse à tout ce qui était sain et capable, sans crainte de faire appel à des éléments extérieurs, le B.P.S., par le souci d’une homogénéité de droite, conspirait contre la gauche formée d’enfants du pays. A ces cadres autochtones, naturels, les dirigeants B.P.S. ont préféré, sous prétexte, que ces cadres sont porteurs d’idées de gauche, des administrateurs métropolitains, représentant typique du colonialisme qu’on prétendait combattre. De cette manière, la direction du parti qui avait déjà procédé de manière anti-démocratique à la mise en place d’une équipe ministérielle (choisie uniquement par la droite), donnait toute garantie aux milieux impérialistes. En effet, si partout ailleurs, il paraissait de bonne mise un peu aussi peut-être par manque de cadres de panacher les équipes ministérielles en y intégrant un ou deux métropolitains, le record fut battu au Sénégal où un ministre et tous les directeurs du cabinet sans exception, sont d’anciens hauts fonctionnaires coloniaux d’origine métropolitaine. Evidemment nul homme sérieux ne croit à l’affirmation des dirigeants B.P.S. selon laquelle nul sénégalais à l’heure actuelle n’est apte à remplir les fonctions de directeur de cabinet. Les autres territoires ont assez largement fait la preuve qu’il n’en était rien. En vérité nul cadeau meilleur et aucune aussi bonne surprise ne pouvaient être faits à l’administration coloniale ! Le Gouverneur du Sénégal ne disait-il pas avec inquiétude à l’ouverture de l’assemblée Territoriale que le Sénégal avait des cadres à en exporter ?

 

Et voilà par miraculeuse opération d’un Saint-Esprit B.P.S., la menace d’africanisation des cadres évanouie, et sempiternellement  en place les tenants classiques du système colonial ! Les masses bien qu’elles n’aient pas été politiquement éduquées, comme le promettaient les décisions prises en Congrès constitutif, si elles n’ont pas violemment réagi à ce qui paraissait être le contre-pied de la lutte anti- impérialiste désirée, marquèrent le coup et c’est de plusieurs côtés que des protestations timides, il est vrai, affluèrent, le peuple condamnait unanime ce renforcement nouvelle manière du colonialisme. Cependant, aveugle et sourde, l’équipe dirigeante se saisissait déjà de l’embryon de pouvoir administratif accordé pour renforcer ses positions de classe, user à l’instar de toutes les bourgeoisies de sa nouvelle puissance financière et d’asseoir pour l’avenir le dispositif répressif mis entre ses mains. Et les déclarations d’investitures étaient plus démagogiques que jamais. Pourtant de honteuses tractations vénales se nouèrent un peu partout pour débaucher un socialiste par-ci, un R.D.A par-là, contre ou telle sinécure ministérielle.

 

Mais, alors que la fusion  B.D.S et U.D.S. n’aboutissait dans les faits qu’à une intégration pure et simple, une fusion réelle et efficace, occulte et souterraine s’opérait à l’insu des masses populaires et même de bien des militants. En effet, seuls de rares éléments s’étaient émus du choix de militants ou de sympathisants M.R.P. (dont le Secrétaire Général Fédéral porté au rang de ministre) comme composants de l’équipe ministérielle, d’origine métropolitaine le signe était d’importance si l’on connaît les attaches du leader B.P.S avec le M.R.P. Il s’est avéré par la suite qu’une tactique avait été élaborée, des étapes et des garanties données afin de faire de la convention le pendant africain du M.R.P. métropolitain. Car il n’y a pas un instant de doute  que ce n’est pas le parti métropolitain qui devient vassal du parti africain, il ne peut pas non plus s’agir d’une africanisation du M.R.P. (Partis des Curés), son rôle d’endiguement anti- révolutionnaire et ses responsabilités dans les guerres de répression coloniale, on ne peut s’empêcher d’être aussi indigné de la duplicité des dirigeants du B.P.S. ou inquiet d’une fusion qui bannit par définition toute lutte anti- impérialiste conséquente. A partir de ce moment la crise était définitivement arrivée à maturité.

 

H Le dépit après les élections du Grand Conseil une indésirable vague de chauvinisme

 

Avant les élections pour le remplacement du bureau sortant  du Grand Conseil, des théoriciens et des praticiens notoires de la Convention Africaine avaient dressé un plan  de campagne  complet pour ne pas quitter les multiples fauteuils de l'assemblée Fédérale et assouvir leurs ambitions politiciennes. Après la défaite on porta à son comble la vague de chauvinisme née d’une prétendue frustration des masses sénégalaises. Comme si le peuple du Sénégal avait eu quelque chose à gagner de l’existence des bureaux précédents et les peuples des autres territoires quelque chose à perdre. Comme si les masses, de quelque territoire quelles soient, n’étaient frustrées de la même manière ! Comme si des dirigeants bourgeois d’où qu’ils soient ne s’occupaient d’abord et avant tout de leurs propres intérêts égoïstes ! Autre aspect de la rivalité personnelle des leaders politiques africains, les élections du bureau du Grand Conseil ont objectivement approfondi la balkanisation psychologique des masses africaines, réveillé les tendances territorialistes chauvines et cherché à les cristalliser par l’ébauche d’une fusion M.S.A. Convention qui a été interprétée, à juste titre, comme une tentative du B.P.S. de créer une ligue sénégalaise anti-R.D.A.

 

I Le transfert de la capitale du Sénégal, une bévue qu’on essaye de faire oublier par des mesures de fermeté mal venues

 

Ce qu’il importe avant tout de préciser c’est que, dans l’absolu, nul homme, réfléchi ne peut être radicalement opposé au principe d’un transfert éventuel de la capitale du Sénégal de Saint-Louis vers un autre lieu. Mais quand l’histoire pose des questions de cette importance, les circonstances sont telles qu’elles ne permettent aucune discussion. Peut-on affirmer qu’il n’y ait pas dans le transfert actuel des considérations subjectives qui donnent à la question un caractère malencontreux, artificiel, d’autant que le discours programme du vice-président n’en soufflait mot. N’est-ce point sur ce caractère artificiel qu’a proliféré le déchaînement passionnel, des fois insolite, des masses saint-louisiennes ?

 

Le moins qu’on puisse dire c’est qu’au nouveau gouvernement du Sénégal d’autres questions plus urgentes se posaient : le relèvement du salaire minimum interprofessionnel garanti, l’amélioration du niveau effroyablement bas du paysans sénégalais (5.000 à 20.000Frs par habitant et par an), la solution de la crise scolaire pour la rentrée prochaine, les mesures sanitaires efficaces, etc.

En effet, les échos du transfert ne s’étaient pas encore assourdis qu’explosait une énergique grève du secteur privé et que la grippe asiatique déferlait avec rage sur le pays. Mis au pied du mur par des événements d’une urgence que nul ne peut contester, il est regrettable que le gouvernement n’ait fait preuve d’autant de nervosité et de fermeté qu’au moment où il a fait donner de la troupe contre la population de Saint-Louis. Il est gênant de constater que là, comme dans la question des passeports, on s’en tint à des vœux pieux. Mais si le principe du transfert est discuté et si les avis sont partagés, c’est universellement que le peuple et les militants du parti ont réprouvé la méthode autoritaire employée. En effet, comme dans la mise en place du conseil du Gouvernement, les masses ne furent consultées à aucun moment mais placées devant le fait accompli. Les militants condamnent ces méthodes dirigistes anti-démocratiques qui traduisent le mépris pour la base et constituent un flagrant abus de pouvoir. Encore mieux aurait valu, en tout état de cause mobiliser les masses sénégalaises contre le gouvernement colonialiste, plutôt que de jeter les sénégalais les uns sur les autres. D’autre part, le choix de Dakar après les regrettables incidents du Grand Conseil est marqué au coin d’un certain sceau de chauvinisme sénégalais qui, n’ayant pas échappé aux dirigeants du R.D.A  a éloigné d’autant plus les perspectives d’unité à l’échelon fédéral et constitue une sérieuse diversion.

 

N’est –il pas temps que le peuple se détourne de ceux qui, pour des luttes d’influence, freinent l’unité ? L’ancien projet de partage de l’A.O.F en deux zones Est et Ouest, la naissance de la Convention Africaine, le transfert de la capitale du Sénégal à Dakar et ses dernières répercussions, les diatribes du leader du B.P.S. dans le dernier numéro de l’unité avant le congrès du R.D.A annoncé pour fin septembre, autant de signes malsains d’une rivalité honteuse qui grève lourdement la politique africaine, hypothèque l’avenir et retarde sérieusement la prise de conscience nationale.

 

J L’incohérence du parlement français ? Une logique Interne

 

Si, lors des débats sur la loi-cadre il a paru exister quelque velléité de révolte des parlementaires B.P.S, il faut l’attribuer plus à une période d’opposition contre le gouvernement socialiste de Guy Mollet qu’à une attitude anticolonialiste. Le M.R.P boudait visiblement et nos leaders avec, la preuve c’est qu’à la chute du gouvernement de Mollet et à l’annonce d’un éventuel cabinet M.R.P, on a assisté à la volte –face des chefs du B.P.S. La rancœur contre les sucettes et les joujoux était oubliée comme par enchantement, cependant que «l’unité» produisait un éditorial fort élogieux à l’intention de Monsieur PFIMLIN. En réalité il était curieux – comme l’ont montré les étudiants de la Fédération  des Etudiants d’Afrique Noire en France que ceux qui paraissaient bouder les sucettes et les joujoux se soient jetés dessus à qui mieux comme de grands enfants. Pour ce qui est du Marché Commun et de l’Eurafrique (Eurafrique hitlérienne, mainmise économique, politique et militaire, des capitalistes européens) les faits permettaient de ne prévoir aucune résistance appréciable des leaders du B.P.S. Cela était, c’est le cas de le dire, dans la logique des rapports verticaux métropole – colonie défendue par le chef du B.P.S., qui refusa en 1950 de voter pour l’indépendance du Cameroun. Mais dans les partis comme le B.P.S des motions sur l’indépendance de Ghana, du Cameroun ou de l’Algérie ne sont que de commodes expériences destinées d’une part à rassurer les masses sur la ligne politique prétendument anticolonialiste, d’une part et, d’autre part, selon le principe parler des autres pour éviter de parler de soi, servir à esquiver le problème de l’indépendance nationale de l’Afrique sous domination française. Mais est trop connue la répulsion pour l’indépendance du leader de la Convention Africaine qui déclarait en défendant le Fédéralisme, qu’il s’agissait, avec la loi –cadre et la révision du Titre VIII de la Constitution d’en arriver à «une innovation qui doit paraître importante, frapper les esprits, ouvrir de nouvelles perspectives aux aspirations autochtones et détourner ainsi de la  pure et simple revendication d’indépendance». (Politique Etrangère N°2 Août 1956).

En un mot, il s’agissait d’aliéner et de tromper les Africains.

 

II : UNE SITUATION QUI PLAIDE POUR LE SEUL MOT D’ORDRE JUSTE : L’INDEPENDANCE NATIONALE

 

A. Dans le monde et en France des changements importants sont survenus

 

Après la deuxième guerre mondiale avec l’apparition du Camp du Socialisme sur un tiers du globe, une immense vague démocratique a déferlé sur le monde entraînant tous les peuples dans la lutte pour le socialisme, l’indépendance nationale et la paix. C’est ainsi que la Chine Populaire instaurait le socialisme pour 600 millions d’hommes, que le Vietnam, l’Inde, l’Indochine, la Syrie, et le Liban secouaient pour toujours le joug des impérialistes étrangers. En France, pour endiguer la montée des forces de gauches et barrer la route au communisme, naissaient des partis nouveaux dont le M.R.P. (1944), parti de Bidault et Schuman et l’U.D.S.R (1945) parti des Pleven et Mitterrand (issue en 1945 du M.L.N., mouvement de résistance non communiste) qui devait constituer avec le parti radical, le R.G.R». Ces deux partis devaient s’accoupler avec des partis africains, le 1er avec la Convention, le second avec le R.D.A. quand ce dernier parti changea de ligne politique en 1950. Pendant que tous nos principaux partis africains devenaient de simples appendices et des réserves électorales des partis métropolitains, rataient ainsi leur rôle historique de partis nationaux africains, l’anti- colonialisme se précisait à l’échelle mondiale. En effet, en 1955 se tint à Bandoung la très importante conférence Asiato - Africaine qui, en scellant définitivement la solidarité anticoloniale des peuples colonisés, ouvrit des perspectives claires pour l’accession de tous les pays à l’indépendance nationale.

 

Bl’Afrique bouge

 

Entre 1950 et l’heure actuelle, la chaîne des indépendances africaines a prouvé que notre pays n’était pas à l’écart des grands courants de pensées mondiaux. En 1951 la Libye est indépendante. En 1954 l'Égypte. En 1955 la Tunisie et le Soudan (ex –ANGLO-ÉGYPTIEN). En 1956 le Maroc, le 6 mars 1957 le Ghana. Avec le Soudan et le Ghana, c’est l’Afrique Noire elle-même qui bouge. La guerre d’Algérie est là pour prouver d’autre part à ceux qui veulent rester sourds aux enseignements de l’histoire, qu’une issue de secours existe toujours pour les peuples asservis. Avec l’indépendance de l’Algérie, celle du Nigeria projetée pour 1960, l’Afrique noire sous domination française sera coincée entre deux blocs  Nord et sud très importants stratégiquement, plus peuplés et acquis fatalement aux principes de Bandoung. Ce sera la rupture de l’encerclement impérialiste et ni l’organisation commune des Régions Sahariennes, ni aucun verrouillage  de frontière ne sauront empêcher le « voyage sans passeport » des idées et quand elles pénétreront les masses, la transformation de ces idées en force matérielle. Il faut d’ailleurs avouer que l’Afrique noire sous domination française, a connu après  guerre des sursauts de colère et des levées de boucliers. C’est ainsi que le bloc africain avait porté un certain temps l’éveil de la conscience nationale jusqu’à sa transformation en simple succursale de la S.F.I.O. Cette S.F.I.O «africaine» devait connaître la scission en Afrique sous les auspices du M.S.A au congrès de Conakry. Si une évolution ultérieure ne s’opérait pas et si le M.S.A devait jouer le rôle traditionnel du Social –Démocratique d’Occident, les travailleurs africains auraient fort à faire avec ce mouvement.

 

Mais le phénomène de loin le plus important après guerre est la naissance du R.D.A au congrès de Bamako de 1946. C’était la première fois qu’un mouvement d’envergure anti-impérialiste et conséquent naissait en Afrique noire sous domination française, bien que ne formulant pas le mot d’ordre d’indépendance, le R.D.A organise les masses en vue d’une lutte positive contre le système colonial : grèves politiques, boycott du commerce impérialiste, devaient attirer sur lui la répression. Il dut, par l’abandon de la lutte objective, bouleverser sa tactique avec le Parti Communiste Français pour s'affilier à l’U.D.S.R. Le Comité de coordination réuni à Conakry en 1953 «éjecta du mouvement les sections territoriales fidèles à la ligne politique anti-impérialiste au IIe Congrès d’Abidjan de 1949». Mais l’Union Démocratique Sénégalaise, l’Union Démocratique du Niger et l’Union des Populations Camerounaises, après avoir signé un manifeste de protestation ne surent pas trouver une forme d’organisation commune et chaque section devait évoluer séparément : L’U.D.S et l’U.D.N sombrait l’une dans la Convention, l’autre dans le M.S.A visiblement plus pour des raisons d’opportunité politique que pour des questions doctrinales. L’U.P.C seule engageait le combat malgré la clandestinité et l’exil.

 

Les événements du Togo et au Cameroun prouvent aussi, si besoin en était, que les conquêtes et les progrès de la lutte sont nettement plus marqués, là où le mot d’ordre d’unité et de l'indépendance a été clairement posé. Alors que les grands partis politiques tergiversaient depuis 1950, incapables de poser ce mot d’ordre, que l’histoire exige, alors qu’ils acceptent dans les faits la balkanisation de l’Afrique noire (c’est – à –dire le rejet de l’unité nationale) les organisations de masse se chargent des tâches  politiques et s’organisent vers leur résolution correcte. C’est de cette manière que les travailleurs ont fait à la conférence intersyndicale de la Loi-Cadre. C’est de cette manière que les jeunes mettaient sur pied le conseil Fédéral où les intolérables hésitations du début furent vite vaincues. A l’heure actuelle, l’union des Populations Camerounaises, l’Union Générale des Etudiants d’Afrique Occidentale, la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France se sont constituées sur des bases fédérales. Ces deux derniers mouvements, ainsi que le R.J.D.A n’ont pas craint de poser le mot d’ordre d’indépendance nationale.

 

Nous nous trouvons  donc en face d’un retard considérable des partis politiques africains au regard des luttes des masses : travailleurs, jeunes, etc.… Les ouvriers sont privés d’un guide politique. Les paysans, qui forment l’énorme majorité de la population, n’ont ni organisateur ni allié capable de liquider, ensemble avec eux, la féodalité et promouvoir les transformations urgentes à la campagne. Les masses sont frustrées d’un parti d’avant-garde inspirant et soutenant les revendications des jeunes, des étudiants, des femmes. Il n’était que temps que naisse un parti pareil. C’est l’histoire qui l’appelle.

C’est l’histoire qui aura à assurer son développement.

 

CLes théories de la Libération

 

Du point de vue des idées les appendices des partis métropolitains M.S.A. – S.F.I.O, R.D.A, U.D.S.R, Convention Africaine, M.R.P, ne devaient rien apporter de neuf. Mais le R.D.A révolutionnaire des premières années cherche à utiliser rationnellement le marxisme. Le R.D.A. Procéda ainsi  à une bonne analyse de la situation nationale et internationale aboutissant dans la pratique au mouvement de masse et non au parti expression d’une classe, en l’occurrence le prolétariat. Le mouvement de masse s’inspirant du marxisme était une innovation en Afrique noire. Mais pour qu’il eût des chances d’aboutir, il fallait une certaine éducation des éléments prolétariens, une prise de conscience des travailleurs qui les rendissent suffisamment vigilants. Cela était nécessaire pour contrôler les dirigeants et pour pallier la difficulté née de la coexistence de l’idéologie du prolétariat et de la direction des éléments de la petite et moyenne bourgeoisie. Or cette éducation, on ne la fit pas. Dès que la répression s’abattit, la petite et moyenne bourgeoisie faiblit comme de coutume sans que les travailleurs puissent reprendre le flambeau de la lutte politique. L’existence du R.D.A est ainsi des plus précieuses à l’heure actuelle. En dehors du R.D.A, seule expérience importante, on vit se développer de 1945 à nos jours, un certain courant nationaliste dont la théorie s’est de plus en plus précisée, du nationalisme diffus du Bloc Africain à celui de la Communauté. Mais c’est avec Cheikh Anta Diop que le nationalisme devait trouver son expression multilatérale (historique, linguistique, etc.), son livre «Nations Nègres et Cultures» constitue ainsi une arme efficace dans la prise de conscience nationale. Toutefois c’est une arme culturelle et non le programme, la structure, la stratégie et la tactique du parti de l’indépendance. Moins encore  il ne pouvait poser la question du socialisme. On pourrait citer les velléités anarchisantes contenues dans «les masses africaines et l’actuelle condition humaine» comme un timide essai de trotskystes africains. Cependant arriver à définir notre position pour l’indépendance, nous oblige à poser que cette indépendance n’est pas un but mais un moyen d’améliorer le niveau de vie matériel et culturel des masses africaines. Et il n’y a pas mille moyens de promouvoir ce mieux- être. Il n' existe qu’une voie : la réorganisation rationnelle de l’économie en vue de l’augmentation du pouvoir d’achat des masses.

 

Mais dans un pays colonial, à l’époque de la deuxième phase de la crise générale du capitalisme, il n’y a qu’une  issue unique pour l’économie. Cette issue c’est le socialisme. Ce n’est pas en effet un hasard si le parti du congrès (Inde), l'Égypte de Nasser et bien d’autres posent le problème de la socialisation de l’économie. Le  socialisme est devenu un système mondial, depuis la dernière guerre. C’est une force montante qui, si elle se pose de plus en plus dans les pays capitalistes avancés, s’impose aux pays coloniaux et dépendants ruinés par l’exploitation impérialiste. Une  vérité est devenue patente et pourrait s’exprimer en deux mots forces : Indépendance et Socialisme ; deux mots liés et devenus inséparables. Par indépendance, il faut entendre la conquête totale du pouvoir politique à l’échelle de l’Afrique noire sous domination française. Ce qui implique la lutte contre le micro nationalisme à base territoriale et même fédérale, jusqu’à nouvel ordre, il est en effet évident qu’un parti d’avant-garde ne peut être en deçà des  organisations des travailleurs et des jeunes qui se situent déjà sur le plan confédéral (A.O.F. ; A.E.F., Togo et Cameroun). Par socialisme nous n’entendons pas un capitalisme d'état comme paraît le préconiser le leader du B.P.S. dans  une déclaration reprise par  le Paris –Dakar du 19 octobre 1956. Mais, d’autre part, reconnaissant une voie spécifique de l’Afrique vers le socialisme, nous nions que cette voie puisse être déterminée à l’avance par la réflexion d’un seul homme. Nous nions que cette voie puisse être déjà tracée comme étant une voie moyenne entre celle de l’Inde et celle de la Chine. En effet seul les éléments de notre  indépendance (la situation internationale, le rapport et la nature des forces en présence) peuvent déterminer ce socialisme à la veille de l’indépendance. Une voie spécifique de l’Afrique vers le socialisme, éventuellement même pacifique, ne peut pas exclure, mais au contraire, appelle le contenu universel du socialisme ; la remise des usines aux travailleurs organisés, la remise de la terre aux paysans qui la travaillent. En d’autres termes, la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Les étapes éventuelles et les modalités de ce changement radical ne peuvent être définies que par le contexte historique réel.

 

D - Les classes et les couches sociales, les sources d’idées

 

Le développement relatif de l’industrie dans l’après guerre, surtout dans les grandes villes, l’évolution rapide de la propriété à la campagne dans certains territoires, ont fait apparaître un important prolétariat urbain et rural. Dans un pays colonisé à l’époque de l’impérialisme, ce sont les rapports marchandise argent et le système fiscal de l’impérialisme qui le bouleversent ainsi les structures économiques traditionnelles et tendent à introduire le mode de productions métropole colonie, de leur côté, tendent à freiner ce processus en limitant le développement du capitalisme autochtone. Ces deux groupes de contradictions (économie capitaliste : économie traditionnelle, développement de la métropole’ développement des colonies) amènent à la situation présente : prolétariat relativement important après 1950 pour une bourgeoisie moyenne autochtone pratiquement inexistante. C’est ce qui explique le rôle de plus en plus important du prolétariat et sa grande combativité.

 

E – La question de l’unité, ou l’unité pourquoi ?

 

Tous les Partis à l’heure actuelle posent le problème de l’unité, mais nul d’entre eux ne le résout. Le R.D.A. parle d’unité et de communauté franco-africaine. La Convention Africaine parle d'Unité et de Fédéralisme. Le M.S.A. parle à son tour d'Unité et de Coopération. Il est clair que nul d’entre eux n’ayant posé la question de l’indépendance nationale ne pouvait  donner cette indépendance comme base de l’Unité. Et d’ailleurs, là encore les Partis retardent sur les syndicats et n’envisagent l’unité que sur le plan fédéral. Or, il est évident que l'Unité confédérale vaut encore mieux que l’Unité fédérale de même que l’Exécutif confédéral est supérieur à l'Exécutif fédéral. Mais un Exécutif fédéral constitue un pas en avant sur la balkanisation antérieure et ouvre les perspectives de réformes juridiques qui, sur le papier mèneraient à l’indépendance de la manière suivante :

1) Rendre cet Exécutif responsable devant l’Assemblée fédérale démocratiquement élue ;

2) Passer entre les mains de cet Exécutif les pouvoirs du Haut Commissaire en tant que chef de Groupe de Territoires, puis en tant que représentant de la République.

 Mais, de toutes manières, il faudrait éviter de cristalliser les structures imposées ou octroyées par les occupants étrangers, de la rendre permanente, afin de ne pas boucher l’avenir  et les grandes unités africaines qui s’ébauchent.

 

FConclusion ou que faire ?

 

Nous avons vu comment la Convention et le B.P.S. ont trahi l’attente des masses populaires et comment le B.P.S s’est enlisé puis paralysé dans l’électoralisme traditionnel et l’aveuglement politique. Le B.P.S. à l’heure qu’il est ne peut plus bénéficier de la confiance moins encore du soutien actif de la gauche, véritable défenseur des intérêts des masses. Un dilemme se pose pour cette gauche : ou continuer à «dédouaner» les féodalités politiques et la droite de mèche avec l’impérialisme cautionnant ainsi une politique néfaste, ou rompre avec le B.P.S. et la Convention. La Gauche a choisi de rompre avec une fusion qui est intégration pure et simple à un parti où il n’est permis d’avoir voix au chapitre qu’en se faisant délivrer un certificat d’assimilation et de soumission à la droite réactionnaire. Mais, rompant avec les saboteurs de l’unité qui crient vive l’unité, la gauche pose le vrai problème : unité d’action pour l’indépendance nationale et le socialisme. Elle appelle à la création d’un parti africain de l'indépendance, parti que le développement du prolétariat exige et que les événements portent aussi naturellement que la nuée porte la pluie bienfaisante.

 

III : NECESSITE DE CREER UN PARTI DE TYPE NOUVEAU, UN PARTI SCIENTIFIQUE, UN PARTI AFRICAIN DE L’INDEPENDANCE

 

Pour la conquête totale du pouvoir politique au moyen de l’indépendance nationale pour la remise des biens sociaux à ceux qui produisent ces biens, au moyen du socialisme, il est devenu une  nécessité historique de créer un parti de type nouveau. Ce parti devra, du point de vue économique, socialiser l’économie, industrialiser complètement le pays, collectiviser et mécaniser totalement l’agriculture. Dans l’immédiat, il faut sur le plan industriel promouvoir une juste politique d’investissement sans calculs machiavéliques mais en établissant un système rigoureux d’avantages réciproques. A la campagne, il faudra organiser les masses paysannes sous des réformes dynamiques multiples. Sur le plan social, le parti soutiendra totalement sans réserve aucune et par tous les moyens, les revendications des travailleurs ; il s’identifiera à l’avant –garde de ces travailleurs. Le parti se fait le champion de l’éducation scolaire et parascolaire. Pour la liquidation de l’analphabétisme et l’acculturation des masses, il se propose de développer des campagnes nationales. Le développement sanitaire, la mise à la disposition des travailleurs des établissements sanitaires, des lieux de repos et de plaisance seront inscrits au programme du parti.

Partout et toujours, le parti soutiendra, avec la dernière énergie, tous les partis politiques, tous les groupes sociaux, toutes les organisations des masses, de femmes, ou de jeunes, toutes associations confessionnelles ou non, toutes les personnalités qui présentent des revendications progressistes, en engageant à quelques niveau que ce soit la lutte contre les forces réactionnaires et obscurantistes, la lutte contre l’impérialisme.

Africains ! Longtemps asservis par l’impérialisme, l’histoire pose devant nous des tâches de portée historique mondiale : liquider la domination impérialiste et, entrant dans le concert universel, bâtir la future société socialiste africaine.

 

Africains ! Pour mener à bien ces tâches héroïques nous vous appelons à constituer le PARTI AFRICAIN DE L’INDEPENDANCE, le parti où la discipline est une pour tous, des dirigeants aux simples militants.

 

Travailleurs africains ! Ouvriers des villes victimes d’une exploitation éhontée ! Travailleurs des champs aux lendemains depuis trop longtemps incertains ! Paysans jouets de tous les usuriers debout ! Voici votre parti ! le parti qui luttera sans discontinuer pour améliorer vos conditions de vie, le parti qui vous conduira victorieux à la fin de toute exploitation de l’homme par l’homme.

 

Jeunes Africains ! Etudiants africains ! Enfin pointe la révolution et se lève le drapeau de l’indépendance et du socialisme. Enfin se déploient les ailes de la démocratie et fleurit l’homme de liberté sur la terre d’Afrique ! Jeunes voici votre parti tant attendu.

 

Femmes africaines ! L’inégalité millénaire deviendra un mauvais songe quand par vos traditionnelles vertus de courage et de ténacité vous aurez adopté et porté au pouvoir ce parti qui est le vôtre.

 

Peuples d’Afrique ! La bannière de l’unité déployée par la gauche retrouvée claque au vent de liberté et se lève sur nos pays le pur soleil des temps nouveaux.

 

Militants de fer qui ne savez pas trembler devant l’impérialisme, militants sans tâche qui méprisent les corrupteurs et les corrompus, en avant pour le congrès Constitutif du Parti.

 

QUE TOUTE L’AFRIQUE SE LEVE ET MARCHE VERS L’INDEPENDANCE ET LE SOCIALISME !

 



11/10/2017
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