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LIVRE DE SADIO CAMARA : CHAPITRES VII : LE 2ème CONGRES DU P.A.I :  

 

Aux termes des réflexions engagées sur l`expérience du parti et ses perspectives de lutte, une conférence nationale extraordinaire fut convoquée pour résoudre définitivement la crise interne conformément à la décision de la conférence rectificative de mai 1967.

 

Les préparatifs de cette conférence nationale extraordinaire se déroulèrent principalement dans la demeure maternelle du camarade Samba Diouldé THIAM à Thiaroye.

 

Là, de 1967 à 1972, se tinrent plusieurs sessions du Comite Central Provisoire consacrées à l`élaboration des documents, des modalités de représentation, de convocation et d`acheminement des délégués à la conférence et le lieu fut déterminé aussi en cet endroit.

 

De bonnes conditions matérielles et de sécurité existaient dans cette demeure familiale : vaste, propre, bien aménagée.

 

La discrétion, la sécurité et le sang froid des gens de la maison ont toujours accompagné notre séjour à THIAROYE-GARE, à quelques centaines de mètres de l`usine des eaux sur la route de Yeumbeul.

 

Nous étions très sensibles à l`accueil que nous réservait la famille de notre camarade, à la disponibilité de sa mère et de ses enfants. Nous éprouvions un profond sentiment de reconnaissance et d`admiration pour cette vieille dame, non seulement parce qu`elle était la mère de notre camarade et ami, mais aussi pour le risque qu`elle encourait consciemment en acceptant d`abriter les activités révolutionnaires d`un parti interdit dont les militants et les dirigeants étaient pourchassés par toutes les polices du régime de l`époque.

 

Les enfants de la maison également méritent notre gratitude. Pas un seul instant ils ont troublé notre quiétude, ni trahi notre présence, et cela de longues années durant...

 

La motivation de l`abnégation de la mère et de ses enfants n`avait qu`une seule explication. Elle ne tenait ni à l`idéologie, ni à la conscience  politique. Cette abnégation tenait, à l`amour de la mère et de sa famille pour le fils engagé dans le parti, notre camarade.

 

Je voyais là une confirmation de l'adage populaire de chez nous selon lequel la maman se tient toujours, spontanément, aux cotés de son enfant auquel elle ne peut rien refuser.

Mon expérience personnelle atteste qu'une mère, même si, au départ, elle n'est pas d'accord avec une idée ou un comportement de son enfant, et si ce dernier persévère, elle finit, au minimum, par s'en accommoder. Il peut en résulter un grand bien ou un grand mal.

 

La conférence nationale extraordinaire se tint en avril 1972 à Thiès au domicile de Samba Diouldé THIAM, dans le quartier «DIXIEME» ex- camp militaire de l'armée française.

 

Trois jours durant, le camarade, son épouse, sa sœur et une jeune cousine de sa maman assurèrent les repas, la sécurité, les liaisons avec l'extérieur.

 

Je leur exprime ici ma gratitude et mes remerciements sincères pour leur concours inestimable au succès de la Conférence Nationale Extraordinaire, transformée en 2eme congrès du parti.

 

J'exprime à la mémoire de la mère de notre camarade, décédée voilà une dizaine d'années, mes hommages déférents et respectueux. Je considère que la demeure de Thiaroye fait partie, d'une certaine manière, du patrimoine du parti. Dans tous les cas, une tranche de l'histoire du PAI s'est déroulée dans cette maison.

 

Thiès  qui a vu la fondation du parti en 1957, a abrité le 2eme congrès en 1972.

 

Thiaroye-Gare peut se compter parmi les endroits révélés de notre histoire :

 - les tragiques événements de 1944 du Camp Thiaroye, immortalisés par le talentueux et précurseur cinéaste Ousmane SEMBENE ;

- la préparation de 1967 à 1972 du 2eme congrès du PAI (premier et unique congrès tenu en situation de clandestinité sur le territoire national, à Thiès en 1972).

 

La tenue de ce congrès sans anicroches est, à elle seule, un témoignage éloquent de la capacité d'organisation et de conspiration du PAI, de sa direction émérite à la tête de laquelle se trouvait Seydou CISSOKHO.

 

L'évocation de ce souvenir me remémore les images merveilleuses et viriles de tant d'hommes et de femmes dont le dévouement et la générosité ont contribué si extraordinairement à façonner notre parti.

 

Notre dette à leur endroit est immense. La fidélité, la continuité, la conquête de nouveaux espaces de progrès et de démocratie pour notre peuple ne seront que si jamais nous ne devenons pas oublieux. Les peuples comme les organisations qui perdent la mémoire s'exposent à de graves mécomptes, gare !

 

Donc, là Conférence Nationale Extraordinaire eut lieu les 13 et 14 avril 1972 à Thiès, en pleine clandestinité, cinq (5) ans après la Conférence Nationale Rectificative de Mai 1967.

 

Ce fut là le couronnement du travail de réorganisation du parti engagé depuis 1967. il s'agissait du résultat des efforts engagés du Comite Central Provisoire et de l'ensemble des militants sur le sol national et en dehors. En même temps, elle fut l'expression de la capacité du parti de résoudre les problèmes qui se posent à lui par les moyens qu'il se choisit dans le temps qu’il s’est imparti.

La conférence s'érigea en 2ème congres du parti. Cette décision résultait d'une proposition du Comite Central Provisoire faite dans le rapport des mandats, elle avait été objective et approuvée par les congressistes à la fin des discussions sur les rapports centraux aux assises que voici :

- rapport sur l'expérience du parti

- rapport sur la situation politique et les futures tâches

- rapport sur les questions d'organisation et les annexes à ce rapport

 

Sur la structure du congrès

Au plan numérique

 

Le congrès avait regroupé:

- les 14 membres du Comite Central Provisoire présents sur le sol national sur les 20 qui composaient cette instance

- 1 à 2 délégués selon l'importance du secteur considéré par organisation de base du parti : sections, régions, ME/PAI (délégué pour le territoire de France et 1 délégué pour le territoire national.)

- les délégués des cadres du parti travaillant dans les organisations de masses (syndicats, organisations de jeunesse, organisations des étudiants confondues avec les organisations de base du parti dans ce domaine.

 

Il faut préciser que si les intéressés avaient répondu à la convocation, le 2eme congrès aurait compté parmi ses délégués cinq (5) membres de l'ancien Comité Central, à savoir : Momar SAKHO, Seyni NIANG, Madiouma DIAWARA, Adama DIAGNE, Balla NDIAYE.

Au total, le 2ème congrès avait réuni trente trois (33) membres participants

 

Au plan géographique

 

Toutes les régions administratives du pays, à l`exception d`une à l`époque, étaient représentées : Cap-Vert, Thiès, Fleuve, Baol, Sine Saloum, Sénégal- Oriental.

 

Il faut préciser pour la Région de Casamance que son délégué était absent suite à une mauvaise organisation de son voyage. Toutefois, les rapports de la région étaient parvenus auparavant à la direction, ont été  lus au congrès et inclus dans les discussions.

Il faut noter également qu`à l`intérieur de chaque région, les délégués ont été directement choisis par la base. Ce qui était une preuve que le deuxième congrès avait regroupé des représentants authentiques des structures et instances de base constituées à cette date.

 

Au plan Social

 

Le deuxième congrès avait regroupé des militants et cadres du parti les plus éprouvés au cours de notre longue crise interne.

Comme l'avait écrit feu Seydou CISSOKHO dans une correspondance de l'époque, «  le deuxième congrès a été l'une des meilleures assises que le parti ait jamais réunie ».

 

Les organes centraux élus

 

Le comité Central (par ordre alphabétique)

1- Abdoulaye BATHILY

2- Mamadou baye CAMARA

3- Sadio CAMARA

4- Seydou CISSOKHO

5- Mady DANFAKHA

6- Amath DANSOKHO

7- Mbaye DIACK

8- Abdoul Aziz DIAGNE

9- Birahim DIAGNE

10- Falaye DIOP

11- Mamour DIOP

12- Salif DIOP

13- Bouna GAYE

14- Mandiaye GAYE

15- Bara GOUDIABY

16- Mbaba GUISSE

17- Alla KANE

18- Elimane KANE

19- Moussa KANE

20- Mohamed LAYE

21- François LO

22- Ibnou MBAYE

23- Yirim MBODJ

24- Abdoulaye NDAO

25- Waldiodio  NDIAYE

26- Abdou NGOM

27- Ousmane NDOYE

28- Bakhaou SECK

29- Babacar SY

30- Maguette THIAM

31- Sakhir THIAM

32- Samba Diouldé THIAM

 

Moctar Fofana NIANG avait désisté au profit de Abdoul Aziz DIAGNE pour permettre une liaison pérenne avec les structures du Fleuve.

 

Le nouveau Comite Central a vu monter des cadres nouveaux, formés au feu à activité militante, souvent anonymes jusque là, mais pleins de force et de détermination, des camarades qui forçaient le respect pour leur dévouement au parti et qui étaient prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes à l'organisation.

 

Au total, un Comité Central ayant regroupé des cadres éprouvés et expérimentés, des cadres travaillant dans tous les secteurs de la production et des services (classe ouvrière, paysannerie, d’autres couches opprimées et exploitées) de niveaux intellectuels allant du cycle primaire à l'Université ; Un Comité Central reflétant l'implantation géographique du parti sur toute l'étendue du territoire national (chaque région  y était représentée ); un Comité Central comprenant des cadres situés ou travaillant dans les secteurs fondamentaux visés par l'organisation : classe ouvrière, paysannerie, villes, villages, cadres intellectuels révolutionnaires, etc.

 

Le Bureau Politique

Le Bureau Politique élu comprenait onze (11) membres comme suit, par ordre alphabétique :

1- Sadio CAMARA

2- Seydou CISSOKHO

3- Mady DANFAKHA

4- Amath DANSOKHO

5- Birahim DIAGNE

6- Elimane KANE

7- Alla KANE

8- Bakhaou SECK

9- Babacar  SY

10- Maguette THIAM

11-Samba Diouldé THIAM

 

Il faut remarquer que dix (10) des onze membres du Bureau Politique provenaient des seize membres du Comite Central Provisoire qui avaient pu rester à la tâche de 1967 à 1972.

 

Le Secrétariat du Bureau Politique :

 

Il comprenait cinq (5) membres, chacun chargé d'un domaine de l'activité du parti comme suit :

- Secrétaire Général, chargé des relations internationales : Seydou  CISSOKHO

- Secrétaire  aux finances et entreprises : Babacar SY

- Secrétaire à l'organisation : Sadio CAMARA

- Secrétaire à l'éducation, à la presse et à la propagande, Mady DANFAKHA

- Secrétaire aux organisations de masses et aux plateformes légales : Birahim DIAGNE

 

Il est à noter ici que le Secrétariat élu par le deuxième congrès est celui de l'ancien Comite Central Provisoire élu par la conférence nationale rectificative de mai 1967. Seul un membre n'avait pas été retenu en raison de son âge ; il s'agissait de Doudou SOUMARE dit doyen SOUMARE.

 

La Commission Centrale de Contrôle

Trois camarades furent élus à la  C.C.C. à savoir :

- Mamadou Falilou  THIAM, appelé affectueusement dans le parti Doyen THIAM

- Doudou SOUMARE, appelé affectueusement aussi dans le parti Doyen SOUMARE

- Saïdou NDONGO.

 

Le Mouvement Etudiants P.A.I (ME/PAI)

Le Mouvement des Etudiants, P.A.I (ME/PAI), ancienne conception structurelle s'efface pour laisser place à des Sections du parti comme, par exemple : Section P.A.I de France, Section P.A.I de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques ( U.R.S.S.), etc.

 

Mesures d'exclusion

Le deuxième Congrès prit des mesures d'exclusion contre :

- Mac Lorrain pour appartenance aux services de renseignements français ;

- Thiam Pape GALO, pour détournement des biens financiers et matériels du parti

 

CONCLUSION

 

Le deuxième congrès constitua une étape décisive du mûrissement idéologique et politique du parti. Le concept de voie de développement non capitaliste comme étape vers le socialisme fut introduit comme objectif immédiat.

 

L'appel au peuple sénégalais adopté par le congrès constituait un programme concret et réaliste de lutte pour les libertés démocratiques et les revendications pressantes des masses populaires et appelait à la constitution d'une large union des forces patriotiques du Sénégal pour réaliser ce programme. Le congrès prenait mieux en compte le caractère de l'époque et l'importance particulière qu'il fallait accorder à la solidarité nationale, au renforcement des liens avec le parti communiste de l'Union Soviétique et le mouvement  communiste international .

 

Au lendemain du 2ème congrès, un groupe de cinq (5) camarades dont les positions étaient minoritaires à nos assises se mit à développer une activité en violation complète des normes léninistes de vie du parti par une remise en cause, des décisions du congrès et une attaque en règle contre la direction du parti accusée de "Bureaucratisme, d'opportunisme bourgeois et de sclérose". Le groupe  réclama le droit de se constituer en tant que tendance au sein du parti et contre le parti. Rejetant l' "appel au peuple sénégalais", une décision du congrès, le groupe attaqua avec véhémence la politique d'union des forces patriotiques et démocratiques, rejeta le concept de "révolution nationale démocratique" et attaqua les positions internationales du parti qualifiées << d'inféodation à Moscou>>. Le groupe exigea aussi l'abandon du sigle "P.A.I.qui ne serait plus " captatif".

 

Après de longues, patientes et ouvertes discussions, paralysantes à bien des égards, la 3ème  session plénière du Comité Central, pour préserver la nature marxiste-léniniste du parti et développer son action au service des travailleurs et de l'unité patriotique et démocratique, décida de prendre acte de la décision de la tendance fractionniste à travers sa plate-forme et son caractère de groupe organisé de rompre avec le parti en 1974 sous la dénomination de "Ligue Démocratique". Le parti rompait définitivement avec le groupe subversif.

 

Le groupe comprenait cinq (5) complices à savoir, par ordre alphabétique : Mbaye DIACK; Mbaba GUISSE, Elimane KANE ; Moussa KANE ; Babacar SANE.

Le procès-verbal du Comite Central ayant débattu de la question du groupe, montre clairement à travers une série d`actes, de propos, d`attitudes tranchées ou voilées la responsabilité  particulière de Elimane KANE dans la constitution, l`animation et la cristallisation du groupe.

 

 



02/10/2017
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