A PROPOS DE STALINE : Débats en cours
Militant 1 :
Quelles réponses face cet ami à propos de STALINE ?
«Je voudrais t’interpeller mon ami Oumar sur les procès de Moscou et leur résultante à savoir la grande terreur quand on sait que les purges de l’avant-guerre, en particulier celle de 1937 qui, ont profondément affaibli l’Armée rouge, puisque la quasi-totalité des généraux modernisateurs et compétents a disparu : environ 90 % des cadres supérieurs de l’armée ont été éliminés, tandis que 11.000 officiers sur 70 000 ont été fusillés et 20.000 autres sont internés dans les camps du Goulag.
De même, sur cinq maréchaux, seuls ont survécu les deux tenants inconditionnels de la cavalerie, amis de toujours de Staline, mais ennemis jurés de l’arme blindée. L’effort de modernisation tenté in extremis avant l’invasion, de même que la réintégration de milliers d’officiers purgés sortis en loques du Goulag — comme le futur maréchal Rokossovki — ne peuvent empêcher les désastres initiaux.
On parlera plus tard de 750 000 exécutions sommaires et 193 000 envoyés dans les goulags… plus-tard l’URSS explosera et donnera des ribambelles d’états, dont certains. Quelle est la part de responsabilité du « petit père des peuples » sur cette situation ? »
Juillet 2017
Militant 2
Cher Ami,
C'est la défiguration de la politique et l'idéologie de Staline et de Lénine que l'URSS a "explosé" dans les années 85-91, 35 ans environ après la "déstalinisation".
Toute l'historiographie bourgeoise impérialiste, les révisionnistes et les trotskistes alignent depuis des décennies des chiffres, le plus souvent faux, pour justifier l'accusation de "goulag" (camp de travail des prisonniers) que Staline n'a pas créé, et qui sont les prisons pour mettre au travail les bourgeois qui n'ont jamais travaillé, les contre-révolutionnaires qui ont commis des délits ou des crimes et les prisonniers de droit commun.
Mais depuis la "chute du mur de Berlin" les archives sont de plus en plus accessibles et de nouvelles études viennent systématiquement infirmer les nombreux historiens occidentaux libéraux, sociaux démocrates ou trotskistes qui ont déversé durant toutes ces décennies des tonnes d'ouvrages de propagande anti-communiste d'où sont tirés les chiffres que tu cites.
Des historiens et écrivains comme Sayers et Kahn, Anna Louise Strong, qui ne sont pas communistes, avaient déjà sonné le tocsin contre cette propagande mensongère entre 1945 et la fin des années 50 dans les ouvrages intitulés "la grande conspiration contre l'URSS" et "l'ère de Staline.
Aujourd'hui la vérité recommence à faire jour grâce à une réévaluation tiré des archives ouvertes. Plusieurs historiens communistes ou pas de l'ex-URSS ou du monde capitaliste, à l’instar de Geoffrey Robert, auteur des "guerres de Staline" ou Grover Fur auteur de "Khrouchtchev a menti" (étude sur le XXéme congrès du Pcus) et "les amalgames de Trotski" sur les procès de Moscou de 36,37, viennent confirmer les faits que l’on retrouve dans les minutes de ces procès et dans les témoignages plus anciens de Davies, ex-ambassadeur des USA à Moscou (en 36 et 37) ainsi que des ingénieurs US qui y ont travaillé dans les annés 30, sans oublier l'approche analytique historique de l'Italien Dominico Losurdo, etc.
Ces données documentées à partir des archives prouvent incontestablement l'existence d'une cinquième colonne à la fois complice et vassale dans le parti, l'Etat et l'armée ainsi que dans les services secrets prête à ouvrir le pays à l'agression nazie.
Le pays et le monde ont été sauvés grâce aux procès de Moscou ce que confirme la défaite facile de l'armée Française largement infiltrée par la cinquième colonne, y compris Pétain le "héros" de Verdun, 20 ans plus tôt.
En plus il est tout simplement illogique de considérer, comme tu l’écris, que «environ 90 % des cadres supérieurs de l'armée ont été éliminés, tandis que 11.000 officiers sur 70 000 ont été fusillés et 20.000 autres sont internés dans les camps du Goulag. De même, sur cinq maréchaux, seuls ont survécu » pour constater ensuite que c’est, malgré tout, l’armée, le parti et le peuple Soviétique sous la direction de Sosso/Koba/Staline qui ont la bête immonde nazie. Les plus grands officiers de l’armée rouge en ont aussi témoigné. Même ses alliés et adversaires-ennemis de classe impérialistes comme Churchill, Roosevelt et De Gaulle reconnaissent son rôle décisif dans l’écrasement du fascisme.
Sans être féru de recherche historique, il faut du point de vue de la lutte des classes et celle des peuples opprimés prendre en compte les faits dans leur signification de classe. Pour faire cela, il ne faut jamais oublier que l'histoire de l'humanité est celle de la lutte des classes qui comporte les dimensions économique, politique, idéologique, culturelle.
Sur tous ces fronts les classes exploitées doivent mener la lutte pour vaincre l'exploitation et l'oppression. Sur tous ces fronts les peuples doivent aussi la mener pour se libérer de la domination impérialiste.
Il faut regarder le monde d'aujourd'hui sur le plan du rapport des forces entre capital et travail, entre impérialisme et peuples opprimés, entre capitalisme et socialisme (malgré la défaite des années 85-91, il existe encore des rescapés du camp socialiste que sont la Chine, le Vietnam, la Corée du Nord et Cuba) qui luttent et sont contraints de manœuvrer en tenant compte du rapport des forces temporairement défavorable.
Il faut comparer aujourd'hui et hier quand existait l'URSS et le camp socialiste que les révisionnistes proclamaient "invincibles" tout en le minant de l'intérieur. Deux historiens US (Keeran et Kahn) ont produit récemment une étude sur l'économie souterraine en URSS à partir des années 60 et son extension progressive jusque dans les années de la défaite.
Lénine disait que les "armées battues sont à bonne école", le découragement et le sentiment d'impuissance ont produit la débandade dans le mouvement communiste, mais le communisme ne peut mourir parce que la classe ouvrière est indispensable à la société capitaliste et c'est cette classe sociale antagonique à la bourgeoisie qui est le fossoyeur de la société capitaliste.
Voilà pourquoi surtout depuis la crise de 2008, les travailleurs aux USA et en Europe, où est né le mode de production capitaliste, comparent de plus en plus les conquis et acquis de leurs luttes de l'époque de l'existence de l'URSS pendant que ceux de l'ex-camp socialiste compare ceux qu'ils avaient avant et le désastre du retour au capitalisme aujourd'hui et que nos peuples comparent les avancées indépendantistes d'antan au néocolonialisme renforcé par les guerres de destructions des Etats indépendants comme l'Irak, l'Afghanistan, l'ex-Yougoslavie, l'Ukraine (avec le retour des pro-nazis) et plus près de nous le Soudan, la Libye et le Mali par l'impérialisme alliés aux féodaux des pétromonarchies qui financent les terroristes. Cette situation résulte de la défaite du camp socialiste trahi par ses dirigeants révisionnistes de Khrouchtchev à Gorbatchev.
Nous devons revisiter, dans une perspective de guide pour l'action, les forces et les faiblesses de la Révolution d'Octobre 17, de l'édification du socialisme en URSS dans les conditions internes et externes d’aiguisement féroce de la lutte des classes et du camp socialiste après 45, première expérience de construction d'une alternative radicale de classe au capitalisme en nous débarrassant des œillères de la propagande bourgeoise qui a eu si peur de ces expériences révolutionnaires au point qu'elle a fécondé la bête nazie qui, somme toute, est l'application aux pays capitalistes développés des méthodes d'exploitation, d'oppression barbares et terroristes que la forme spécifique du capitalisme qu'est le colonialisme a appliqué et que le néo-colonialisme applique encore de nos jours.
Auguste Bebel, ouvrier, formé par Marx et Engels au matérialisme historique et dialectique disait : "quand l'ennemi de classe dit du bien de moi, je me demande quelle bêtise j'ai fait du point de ma classe sociale".
Voilà la méfiance organisée de classe qu'il faut pour séparer le vrai du faux et poursuivre le combat que nos anciens, dont Staline, ont mené si efficacement en infligeant des défaites inoubliables à l'ennemi des travailleurs et des peuples qu'est la bourgeoisie.
La Révolution d'Octobre 17 et les énormes succès d'édification de la première phase du communisme (le socialisme) demeurent la matrice de toutes les révolutions et de tous les progrès révolutionnaires, sociaux, démocratiques, patriotiques du XXéme siècle et du XXIéme siècle.
La contre-offensive de la réaction fascisante au Venezuela contre le pouvoir Chaviste antilibéral, anti-impérialiste et progressiste aujourd'hui pose en effet la question fondamentale de la contre-offensive de la lutte des classes contre la bourgeoisie compradore soutenue par l'impérialisme pour préserver les conquis des ouvriers, des paysans, de l'ensemble des travailleurs et le peuple dans une perspective socialement et nationalement libératrice de continuation du processus émancipateur en Amérique du Sud.
Staline en tant que dirigeant du Parti Bolchevik et de l'Etat socialiste a dû, en son temps, faire face aux permanentes tentatives internes et externes exponentiellement plus importante (notamment la bourgeoisie a fécondé le fascisme) de détruire le socialisme en utilisant efficacement l'arme multiforme et protéiforme de la lutte des classes du point de vue du prolétariat.
La haine de classe dont il fait l'objet n'est au fond que la peur de la bourgeoisie et de l'impérialisme que son exemple n'inspire les expériences révolutionnaires et progressistes en cours pour, à nouveau, terrasser le système d'exploitation de l'humain par l'humain et d'oppression des peuples.
Il faut réfléchir très sérieusement sur les enjeux posés par la longue séquence de diffamations, de calomnies de l'homme et surtout, à travers lui, de la première grande défaite du capitalisme infligé par le prolétariat conscient qui a duré 70 ans.
Wa Salam
Juillet 2017
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