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VENEZUELA : Interview avec Carolus Wimmer, Secrétaire International du Parti Communiste de Venezuela (PCV) : Le chemin de la révolution est encore ouvert

Le chemin de la révolution est encore ouvert

 

 

UZ : Comment est la situation aujourd’hui au Venezuela à la veille de l’assemblée constituante qui aura lieu le 30 juillet ?

 

Carolus Wimmer : La situation s’aggrave beaucoup. Il y a plusieurs raisons. Effectivement, les élections pour l’assemblée constituante sont un moment qui est aussi important pour les Etats-Unis.

 

On entend qu’ils veulent trouver une solution jusqu’au 30 juillet pour le problème Venezuela, la question du pouvoir qu’ils ont avec le gouvernement de Venezuela. Mais il n’est pas nécessaire d’être pessimiste, car enfin, ils essayent, depuis 18 ans, de changer la ligne politique que le peuple de Venezuela a pris. Il est un bon signe pour notre lutte que le pouvoir militaire impérieux des Etats-Unis ne peut pas exaucer tous ses désirs. Nous sommes pleinement confiants que ce seuil, les élections du 30 juillet, puisse aussi être franchi. Si nous disons que la situation est dangereuse, c’est en sachant comme les Etats-Unis ont agi en Libye, en Afghanistan, en Syrie, où le pays est tout simplement bombardé. Des choses comme ça, ils peuvent le faire sans difficulté.

 

UZ : Quelle importance ont les élections pour l’assemblée constituante ?

 

Carolus Wimmer : En tant que parti communiste, nous avons décidé de participer aux élections pour l’assemblée constituante et voulons former une alliance aussi large que possible. Tout dépend vraiment de l’assemblée constituante et de sa composition. Celui qui a la majorité dans cette assemblée a aussi l’autorité, le pouvoir, la force de tout changer. Une majorité des forces de la droite serait théoriquement possible. Cela signifierait que beaucoup de droits sociaux existants, obtenus de haute lutte, seront obsolètes d’un jour à l’autre. On pourrait avoir aussi un nouveau gouvernement. La poursuite de l’alliance des communistes et des forces progressistes seraient possible. Le résultat est ouvert, et bien sûr que cela cache des dangers.

 

UZ : De quelle manière vous approchez-vous en tant que parti communiste des élections ?

 

Carolus Wimmer : D’abord, nous tentons d’assurer qu’une grande partie des futurs députés vient de la classe ouvrière. C’est une question des rapports majoritaires et aussi une question de la classe. Pour ce problème, il n’y a pas encore une solution au Venezuela. Beaucoup d’erreurs faites ont leur cause dans le fait que des personnalités dirigeantes du Parti socialiste (PSUV) et aussi du gouvernement viennent de la petite bourgeoisie et se montrent parfois très radicalement, mais ils pensent très égoïstement et individualisés.

 

UZ : L’opposition, participe-t-elle aux élections ?

 

Carolus Wimmer : D’abord, l’opposition a annoncé de ne pas vouloir participer aux élections. Cela signifierait que l’élection serait gagnée d’avance.  C’était déjà une fois comme ça, en 2005, quand l’opposition a retiré au dernier moment tous ses candidats aux élections parlementaires. Ils l’ont justifié en disant que le Venezuela était une dictature et des élections libres étaient impossibles. A l’époque, cela a complètement échoué. Nous étions pratiquement sans opposition au parlement, pendant cinq ans. Cela pourrait se passer de nouveau comme ça.

 

Mais les temps ont changé. Si cela signifie que les émeutes dans les rues se poursuivent, qu’on ne se rend pas maître d’elles, l’assemblée peut décider de milliers de choses, mais peut-être, qu’elles ne puissent pas être réalisées. Puis, cela deviendra une épreuve de force.

 

UZ : Qu’est-ce que tu dis aux protestations ? L’opposition, quelle force a-t-elle actuellement ?

 

 Carolus Wimmer : La constitution donne le droit de protester à chacun. Mais ces destructions de tout ce qui est social ou public, ces attaques aux institutions sociales, la dévastation des maternelles, les attaques des maisons et leur destruction, des attaques des dépôts de denrées alimentaires, à tous ce qui est public comme les transports – ce ne sont pas des protestations. Il faut le maîtriser. C’est la tâche du gouvernement.

 

Actuellement, l’opposition n’a pas la majorité claire dans la population. L’opposition a gagné les élections parlementaires, il y a deux ans. Nous avons analysé qu’il s’agit plutôt d’une élection de protestation contre les erreurs ainsi qu’une expression d’insatisfaction envers le gouvernement. En conséquence, le champ du gouvernement a perdu beaucoup d’électeurs, presque 3 millions de suffrages. Ces personnes sont très critiques – chez nous, on les appelle les Chavistes, donc ils suivent les idéaux de Hugo Chavez. En critiquant, ils n’ont pas voté pour l’opposition, mais ils ne sont pas allés aux urnes. Cette perte des voix a mené à la victoire électorale de l’opposition qui a gardé environ tous ses électeurs.

 

UZ : Que reprochent les Chavistes au gouvernement ?

 

Carolus Wimmer : La corruption, la bureaucratie et l’inefficacité. Ce sont des manques qui sont activement combattus par de larges parties de la population. Cela donne aussi d’espoir pour notre lutte, aussi pour le parti communiste, car nous voulons poursuivre le chemin révolutionnaire. Le peuple veut plus de révolution et aucune contre-révolution. Quant au gouvernement et le Parti socialiste, il existe déjà des cercles qui veulent en ce moment prendre le chemin réformiste de la démocratie bourgeoise.

 

UZ : Qu’est-ce qui s’est passé avec des projets comme les coopératives qui ont été financées par l’Etat ? Est-ce la corruption qui a empêché le succès de ces projets ? Pourquoi le pétrole est-il toujours si important pour Venezuela et la dépendance aux importations si grande ?

 

Carolus Wimmer : Le pétrole, c’est l’argent facile. Tous les gouvernements ont dit qu’il faut faire le pays plus productif. Il a existé la devise : «semer le pétrole», c’est-à-dire le faire productif dans l’agriculture et l’industrie. On a fait quelque chose, mais c’est comme ça avec les êtres humains. Si tu as la possibilité de faire de l’argent facile, pourquoi  dois-t-on travailler durement pour cela ? C’est la contradiction dialectique qu’on ne peut résoudre normalement que par la révolution. Une révolution, où la classe ouvrière est la force décisive. Tout cela n’a pas seulement à faire avec la corruption, mais est aussi un résultat de la politique qui n’est pas faite sur la base scientifique, qui croit qu’un homme ou une volonté peut changer le pays. On a tenté beaucoup de choses, tu as parlé des coopératives.

 

L’étude de ces projets est souvent très séparée de la réalité. Dire que tu veux aider des personnes pauvres ou des chômeurs dans les villes en les faisant partir à la campagne  pour qu’ils deviennent des paysans – cela ne fonctionne pas. Tu peux avoir de milliers de difficultés dans la ville, mais dans la ville, il te reste des rêves. Tu fais du lèche-vitrine et tu vois des choses que tu veux, tu as le cinéma et d’autres choses qui te manquent totalement – sûrement au début – à la campagne.

 

Puis, c’était une grande erreur de qualifier ce processus au Venezuela comme processus socialiste. Au Venezuela, malgré les grands programmes sociaux – de bons programmes sociaux - le rapport des forces est toujours en faveur de la bourgeoisie, du capitalisme. Quant au parti communiste, nous nous référons positivement au processus politique et le qualifions en tant que lutte ou processus de la libération nationale. Cela veut dire : actuellement, il faut garder l’indépendance. Elle est en danger, quand les Etats-Unis nous menacent de la guerre. Nous pouvons tous perdre, il nous faut une large alliance antiimpérialiste. C’est notre politique, avec laquelle nous avons eu déjà des confrontations avec le gouvernement. Pourquoi ? Ils s’imaginent déjà au socialisme. Bien sûr qu’il y a des difficultés, si on explique aux travailleurs et travailleuses que nous vivons le socialisme, mais il existe encore une grande exploitation. Nous vivons le socialisme, mais les problèmes sociaux grandissent tous les jours. Nous vivons le socialisme, mais les injustices sociales restent. Pourquoi ? Parce que ce n’est simplement aucunement le socialisme.

 

Ce qui est très positif et était en partie déjà l’œuvre du président Chavez : il existe un grand intérêt à la politique, une conscience politique parmi les larges masses populaires. Cela nous donne vraiment l’espoir, pour que la lutte continue aussi sous les conditions difficiles – contre le capitalisme, contre l’impérialisme – et qu’on pense au socialisme, et fait en partie déjà des tentatives, des vrais pas vers le socialisme.

 

UZ: Tu dis que le Venezuela est un pays capitaliste. Vous avez le secteur du pétrole dans la main de l’Etat, vous avez un service de santé et de l’éducation gratuits. Quel doit être le prochain pas ?

 

Carolus Wimmer : Notre parti revendique la nationalisation des banques. Tout le système financier est dans les mains privées ou dépend du système capitaliste. Evidemment, l’industrie doit être nationalisée, bien que les secteurs-clés soient déjà nationalisés, ce qui est positif. Il s’agit du secteur du pétrole, de l’industrie minière, des industries-clés, elles sont nationalisées. Mais elles sont souvent devenues des monopoles d’Etat où la classe ouvrière n’a pratiquement aucun droit de regard, où elle est dévalisée, où des ouvriers syndicalisés perdent leur emploi.

 

C’est justement l’illusion des cercles de la petite bourgeoisie. Ils croient qu’on puisse changer un système avec des mots ou des actions radicales. On change le système par une révolution que devrait diriger la classe ouvrière. Vu toutes nos difficultés, nous nous souvenons de la révolution d’octobre et apprenons d’elle sans prendre le tout comme modèle totale. Mais ce qu’on peut comparer avec le Venezuela, c’est qu’il y avait, en 1917, deux révolutions. Au Venezuela, nous avons la révolution bourgeoise, elle a été faite maintenant, avec beaucoup de progrès. Mais il nous manque encore la révolution d’octobre au Venezuela.

 

UZ : Certaines visages de l’opposition vénézuélienne viennent directement des cercles du capital ou y sont étroitement liés. Les groupes alimentaires comme Polar sont très dominants et pourraient déclencher des problèmes d’approvisionnements. Où trouver des solutions ? Est-ce que ce n’est pas la vraie force de l’opposition actuelle ?

 

Carolus Wimmer : Il y a deux ans, cet espoir a existé. L’opposition a clairement dit : vous votez pour nous et dans la semaine prochaine, tout sera réglé. C’était attractif. Attractif aussi, parce que le gouvernement a fait des erreurs.

 

A l’époque, les entreprises n’ont pas vendu aux supermarchés, mais aux commerçants du marché noir qui ont demandé des prix exorbitants. La bourgeoisie a fait part de ces marchés noirs ou les a arrangés. Elle a donné les produits au marché noir par la porte derrière et devant, les étagères étaient vides. Ce comportement a été utilisé par la bourgeoisie, par l’ennemi de la classe pour faire du profit. Evidemment, qu’ils ont fait des sommes exorbitantes, mais c’était aussi une arme politique.

 

Aujourd’hui, tout cela a changé. Si on voit des images, aujourd’hui qui montrent des étagères vides, et la télévision les publie toujours, il s’agit d’anciennes nouvelles déformées. Le problème actuel est un autre. Les étagères sont relativement pleines, tu peux tous acheter, mais la plupart des marchandises est importée. Cela signifie – et cela dépend du marché noir de devises, des spéculations sur le taux de change – que les étagères sont pleines, mais les hommes ne peuvent pas s’offrir de beaucoup de choses. C’est une grande régression par rapport aux années 1980, 1990, où nous avons déjà vécu cette situation. Elle doit être surmontée. Malgré l’effondrement du prix du pétrole sur pratiquement un quart de ce qu’on a reçu, pendant l’époque Chavez, les projets et programmes sociaux sont poursuivis.

 

Voyons par exemple le manque des denrées alimentaires. On l’a eu, il y a deux ans. Aujourd’hui, six millions de familles – nous sommes 31 millions de Vénézuéliens – reçoivent une fois par mois un paquet de denrées alimentaires. Ce paquet coûte 10.000 Bolivars, alors que le prix du marché noir est au moins de 200.000.  Il n’y a pas tout dedans, mais les denrées alimentaires les plus importantes. En général, on l’a voit comme une grande aide.

 

L’opposition est contre la distribution de ces paquets, mais elle ne fait pas des propositions pour améliorer l’approvisionnement. La faiblesse de l’opposition est, depuis 18 ans, le fait de ne pas faire des propositions. Elle est tout simplement contre le président et promet pour le cas que nous le renversions – renversions, ne pas blackboulions – que la situation soit d’une certaine manière améliorée. Il y a deux ans, et cela a encore fonctionné, car la situation dans les familles étaient tellement compliquée que quelques-uns ont cherché une bouée de sauvetage. L’opposition occupe des postes de gouverneurs, de maires, etc. mais il n’y a personne parmi eux duquel on pourrait dire : d’accord, il le fait mieux.

 

Actuellement, l’opposition n’a aucune personnalité. Au Venezuela, on a besoin d’une personnalité dans la politique. Tous leurs visages sont de vieux visages. Il est possible que le président du groupe de denrées alimentaires Polar Lorenzo Mendoza, deviendra le candidat présidentielle avec son apparence d’un « entrepreneur moderne », ses cheveux longues, n’importe comment anti-establishment. Mais ce qui fonctionne aux Etats-Unis, ne fonctionne pas automatiquement en Venezuela.

 

Jusqu’aujourd’hui, ils n’ont pas un programme ni d’autre chose comme ça. L’opposition spécule seulement sur plus d’actes de sabotages, sur le chaos, sur le non-fonctionnement de l’Etat pour ensuite pouvoir tenter un putsch. Jusqu’à aujourd’hui, la population a dit non à ce chemin.

 

UZ : Les militaires jouent un rôle important au Venezuela, aussi dans la politique. Comment estimes-tu la position des forces armées ?

 

Carolus Wimmer : Il existe une position claire et antiimpérialiste dans la majorité du peuple, non seulement dans la population civile, mais aussi dans les forces armées. Dans les forces armées, il y avait de grands changements sous Chavez. Le fait qu’il venait des forces armées et les a bien connu, a donné la possibilité de ces changements qui sont très en notre faveur.

 

Autrefois, les forces armées étaient totalement sous le contrôle des Etats-Unis et la bourgeoisie. Les soldats, des mains-d’œuvre bon marché ou gratuites, travaillaient aussi comme des domestiques, des jardiniers ou chauffeurs pour les riches, Chavez l’a changé. Il s’est occupé de plus de démocratie, et il a interdit les amendes physiques. Aujourd’hui, un tiers des membres des forces armées sont des femmes. En plus, les forces armées étaient divisées en marine, armée de l’air, armée de terre et garde nationale. Il existait de la concurrence et la jalousie entre eux. Chavez a créé un pouvoir militaire unifié. Même tout le programme d’éducation a été changé. Avant, elle était pro-impérialiste, maintenant, elle est antiimpérialiste. Dans ces programmes d’éducation, le marxisme a sa place ferme – on lit Marx, on lit Lénine, c’est maintenant normal. Evidemment, c’est une grande chance pour notre Parti communiste. Très souvent, nous sommes invités aux workshops ou aux conférences. Bien sûr qu’il faut dire que nous vivions le capitalisme, les forces armées ne sont pas révolutionnaires en soi, mais une grande partie d’elles a des positions patriotiques et une partie assez importante, a vraiment des positions révolutionnaires. On devrait y avoir aussi une partie pro-impérialiste. Mais le fait que les Etats-Unis ne sont pas encore arrivés à réaliser leurs plans prouve simplement que cette partie pro-impérialiste n’a pas la majorité dans la population civile et dans les forces armées.

 

UZ : Fin juin a eu lieu votre congrès du Parti communiste du Venezuela. Quels sujets avez-vous discutés ?

 

Carolus Wimmer : Nous avons débattu des difficultés actuelles au Venezuela. Notre point de vue était et reste le même : il s’agit d’une grande erreur que la classe ouvrière ne participe pas au pouvoir, n’est pas intégrée dans le processus politique au Venezuela.

 

En plus, au congrès, nous avons à l’unanimité décidé que nous devons travailler très intensivement pour une large alliance. Cela signifie le renforcement du front populaire contre l’impérialisme et le fascisme. Cette alliance doit intégrer les différentes couches sociales pour l’étape de la lutte pour la libération nationale. J’ai déjà dit que nous refusons de définir l’étape actuelle au Venezuela comme un socialisme normal, ni du socialisme du 21ème siècle, ni de n’importe quel socialisme – de telles désignations sont mystificatrices. On n’y arrive qu’à dissuader les couches sociales qui sont nécessaires pour mener la lutte contre la menace de l’impérialisme des Etats-Unis.

 

UZ : Cela veut dire, qu’actuellement au Venezuela, la révolution socialiste n’est pas à l’ordre du jour, mais l’alliance avec tous ceux qui sont prêts à défendre les acquis du processus bolivarien ?

 

Carolus Wimmer : Nous ne sommes pas un parti qui prévoit deux étapes – d’abord la lutte contre l’impérialisme et après pour le socialisme. Nous refusons cela. Il s’agit des déroulements parallèles. En conséquence, nous avons deux formes de la politique d’alliance. L’une, c’est le large front populaire antiimpérialiste, mais à côté de cela, nous travaillons pour l’alliance du Bloc révolutionnaire du peuple (Bloque Popular Revolucionario) qui lutte pour le socialisme. Les forces au Bloc révolutionnaire du peuple ne sont pas vraiment des organisations politiques, mais surtout des conseillers communaux qui veulent le socialisme et qui acceptent que le Parti communiste joue un rôle important et qu’il doit le jouer. Au fond, tous ensemble jouent en faveur de la discussion sur la politique révolutionnaire. Le travail large et le travail révolutionnaire de l’alliance marche en même temps – cela coûte beaucoup de force, mais il est nécessaire.

 

UZ : De quoi avez-vous encore discuté au congrès de votre parti ? Tu as dit que la classe ouvrière ne participe pas au pouvoir. A cause de quoi ?

 

Carolus Wimmer : C’est notre expérience des années passées et la grande faiblesse de ce processus politique de grande valeur au Venezuela. La classe ouvrière n’y participe pas, n’a pas de la place dans le travail du gouvernement. La classe ouvrière est mal organisée dans notre pays. Dans les années 1970 et 1980, le Venezuela était – surtout porté par le parti social-démocrate – le modèle pour le néolibéralisme. Pour imposer cette politique néolibérale, les organisations des masses devaient être détruites. On l’a planifié et exercé sur deux chemins : une fois par la corruption, donc les chefs des syndicats ont été achetés et chaque résistance et chaque forme du travail syndicaliste a été fortement réglementé et opprimé. Une politique qui maniait la carotte et le bâton.

 

Le mouvement qui a commencé avec Hugo Chavez, a eu le grand handicap de devoir agir sans un mouvement organisé des masses. On critique souvent qu’on a dit en Venezuela : « Hugo Chavez et le peuple » - mais une organisation n’a pas existé. C’est pourquoi notre parti se concentre sur l’organisation de la classe ouvrière qui comprend aujourd’hui beaucoup plus que les ouvrières de la fabrique. C’est notre tâche principale, notre responsabilité, aucun autre parti ne nous décharge de ce travail au Venezuela.

 

UZ : Comment s’est développé le PCV ?

 

Carolus Wimmer : Nous devons travailler très dur à notre parti. Donc nous nous disons – nous faisons beaucoup d’autocritique –  que notre politique est bonne, mais si le parti est encore très faible, on ne peut pas gagner personne avec cette politique. Très souvent, on ne remarque pas ou reconnait pas que nous sommes l’alternative aux autres partis. C’est pourquoi que nous devons travailler très dur à notre organisation, à notre travail d’éducation. Notre avantage est le fait qu’il existe une bonne jeunesse communiste qui nous apporte des bons cadres avec beaucoup d’expériences dans les prochaines années. La différence des nouveaux membres est, que les membres qui viennent de notre organisation de la jeunesse ont déjà 10 à 15 ans d’expérience. Nous voyons aussi que nous avons beaucoup de soutiens internationaux. Au congrès du parti, nous avons compté 71 réactions des partis communistes et travailleurs, 25 d’eux sont venus avec des délégations propres au Venezuela. Les autres ont envoyés des messages de sympathie. Et tous cela dans un moment où un voyage au Venezuela est difficile. Si on voit les reportages sur le prétendu chaos au Venezuela, on n’envoie pas si facile un camarade là-bas. Cette grande solidarité, aussi du DKP représenté par le camarade Mario Berrios, nous a aidés dans le parti. A savoir dans la dure lutte quotidienne que nos efforts sont reconnus dans le monde, de ne pas être tout seul, c’est très important pour nos camarades. C’était aussi une possibilité de montrer la situation à nos partis-frères.

 

UZ : Au début, tu as dit, encore avant les élections à l’assemblée constituante, l’impérialisme US veut passer à une clarification, cela veut dire au sens d’une escalade, d’un putsch ou d’une guerre civile. Face à ces menaces, quels développements possibles vois-tu pour l’avenir ?

 

Carolus Wimmer : Alors, cela sera publié dans l’UZ, et puis dans quelques semaines, les camarades contrôleront si mes mots sont vrais ou pas, c’est pourquoi je ne peux pas, en principe, donner une réponse.

 

Mais il est très logique pour l’impérialisme qu’il cherche des possibilités pour imposer un changement du pouvoir. Une possibilité de l’impérialisme US serait une attaque militaire, directement par l’US-militaires ou par l’OEA (l'Organisation des États américains) qui envoient des troupes latino-américaines. Ce serait le chemin plus habile, non salir ses propres mains, mais quand même imposer sa politique.

 

Un autre danger est la guerre civile. Ce danger est grand, d’autres seraient des attaques terroristes avant les élections. Il existe déjà des actions terroristes, mais pas tellement comme à Londres, Paris ou Berlin avec beaucoup de morts. Jusqu’ici, il est resté chez un mort par jour, comme si c’était planifié. Par hasard, les caméras sont aussi sur place, avant qu’il se passe quelque chose. Et ces meurtriers ne sont pas punis. Tout cela, on le protège même au motif du droit de manifester, du droit de protester. Puis, quand quelqu’un meurt, on prétend que personne n’est responsable ou le gouvernement est le responsable. Des politiques aux Etats-Unis parlent même de millions de communistes et chavistes qu’on devrait tuer pour que quelque chose change au Venezuela. Un tel massacre anticommuniste, une telle vogue massive de violence politique est alors aussi possible respectivement voulue.

 

Une autre possibilité est le chemin réformiste, spécialement celui des forces social-démocratique de la droite – aussi bien de l’opposition que de l’alliance bolivarienne. Ce sont des forces qui ne veulent pas le socialisme, qui cherchent un compromis. Pour le moment, la classe ouvrière et le peuple voit ce fait comme une trahison, car cette politique est connue depuis les années 1980 et 1990. Après tout, Hugo Chavez se faisait connaître du public par le fait que les gens ont voulu finir avec l’ancien système du bipartisme. C’est pourquoi cette politique n’est pas aimée dans la population. Mais l’UE par exemple cherche et encourage des forces qui veulent aller sur ce chemin : installer la paix, assurer le capitalisme, une forme de la pseudo-bureaucratie bourgeoise.

 

La troisième chemin est celui de la révolution, toujours ouvert et possible.

 

La population a fait, dans les dernières années, tellement de grands sacrifices et on remarque : elle n’abandonne pas si facilement. Dans d’autres pays, le manque des denrées alimentaires avait peut-être mené toute de suite aux très grandes insurrections, mais pas au Venezuela. Il y avait beaucoup de critiques, mais les hommes et femmes faisaient la queue pendant des heures. Le terrorisme ne vient pas du peuple, mais, à vrai dire, des couches privilégiées qui ne se battent que pour gagner leurs anciens privilèges au détriment des ouvriers et ouvrières. Elles attisent les émeutes, ce sont la couche moyenne et les jeunes qui vont en principe très bien. Les émeutes se passent principalement dans leurs propres quartiers. Ils se punissent eux-mêmes. Ils construisent des barricades, et les habitants ne peuvent pas sortir de leurs maisons pendant 20 ou 30 heures. Dans cette couche moyenne, il existe un grand fanatisme. Ils se donnent des paroles d’encouragement comme ceci : jusqu’au renversement du gouvernement.

 

UZ : Tu as parlé du danger de la guerre civile, du danger des meurtres ciblés. Comment savez-vous s’y prendre comme parti communiste avec  cela ?

 

Carolus Wimmer: Dans le parti, nous parlons très ouvertement et cherchons des solutions. C’est aussi une question d’éducation politique. Avoir peur est humain. Mais les membres doivent avoir confiance dans le parti, pour que les camarades ne soient isolés et inactifs, s’enferment à cause de la peur des attaques. Notre parti a prouvé dans son histoire qu’il est capable d’utiliser toutes les formes du combat contre le capitalisme. Dans l’histoire du Venezuela, on a eu beaucoup de partis ou des organisations de la gauche. Quelques-uns étaient plus radicaux, mais aujourd’hui, ils ont disparu. Le parti le plus vieux au Venezuela, le seul parti de la gauche depuis maintenant 86 ans, et toujours attractif et jeune, c’est le Parti communiste. Nous devons avoir confiance que le parti – non pour chacun tout seul, mais dans son collectif – trouve des chemins pour protéger et défendre soi-même et ses membres. Le congrès a donné un signe, car il fut menacé. Cela avait fait un grand écho dans les médias, s’il y’avait eu une attaque au bâtiment du Comité central avec 397 délégués et 34 délégués internationaux ! Quant à notre parti révolutionnaire, nous avons trouvé des moyens pour assurer avec succès le congrès, malgré la situation actuelle.

 

Interview avec Carolus Wimmer, Secrétaire International du Parti Communiste de Venezuela (PCV)

Lars Mörking s’entretient avec Carolus Wimmer

Publié dans le journal «Unsere Zeit» (UZ), le 21 juillet 2017

Traduit par Alexandra Liebig

 

 



29/07/2017
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