LIVRE DE SADIO CAMARA : CHAPITRE VIII : DIRECTIVE GENERALE RELATIVE AUX TACHES LIEES A L’ORGANISATION DES STRUCTURES DE BASE DU P.I.T.–SENEGAL ET AUX PREPARATIFS DE SON CONGRES CONSTITUTIF
Voici le dernier jet de la publication du militant révolutionnaire Sadio Camara sur l'histoire du Parti Africain de l'Indépendance (PAI) et son évolution. La dernière partie est constituée d'annexes sur lesquelles nous reviendrons.
Camarades comme vous le savez, à l’issu de sa XVIIIème session plénière du 31 Mai 1981, le Comité Central du Parti Africain de l'Indépendance (PAI SENEGAL) a, après une analyse approfondie de la situation nationale et internationale, décidé la constitution du «Parti de l’Indépendance et du Travail» (P.I.T.- Sénégal).
En s’élevant de la façon la plus énergique contre la confiscation par voie législative du sigle de notre parti au profit de Majmout DIOP, le comité Central de notre parti entend mettre à profit le recul important imposé au régime néocolonial par les forces démocratiques et patriotiques, pour assurer au parti de la classe ouvrière un rôle de premier plan dans la vie politique nationale.
En dotant la classe ouvrière d’un instrument efficace de combat, notre parti mettra tout en œuvre pour apporter l’éclairage politique et idéologique aux masses afin qu’elles ne perdent pas de vue la nécessité de la poursuite du combat contre le régime néo colonial.
Le bureau politique a conscience de l’ampleur, de la complexité et du caractère inédit sous certains rapports des tâches du parti dans la conjoncture actuelle. Il est tout aussi confiant dans les capacités de mobilisation et la détermination des militants de notre parti pour porter encore plus haut le drapeau de la lutte pour la libération nationale et sociale du peuple sénégalais.
Pour assurer dans de bonnes conditions le démarrage des activités du P.I.T SENEGAL, le Bureau Politique du PAI-SENEGAL édicte la présente directive, strictement circonscrite aux questions relatives à la mise sur pied des structures de base du P.I.T-SENEGAL d’une part et de l’autre celles relatives aux préparatifs du congrès constitutif, convoqué dans la deuxième quinzaine du mois de juillet 1981 à Dakar.
Il en découla les tâches suivantes :
1°) – les Secrétariats Exécutifs Régionaux et les Sections Extérieures du Parti Africain de l'Indépendance sont instamment invités à assurer avant le 10 juillet 1981, délai de rigueur, l’organisation de l’ensemble des militants du P.A.I. - SENEGAL.
C’est dire du coup que l’ambiguïté de la double structure relevant de la période de la semi-légalité doit être irrémédiablement dépassée, les militants du P.I.T – SENEGAL ne connaissant qu’un seul et unique statut valable pour tous et sans exception, il ne saurait subsister de structures parallèles.
2°) – afin de créer de meilleures conditions de travail, les Secrétariats Exécutifs Régionaux et les Sections du Parti doivent d’ores et déjà engager la recherche de locaux devant abriter le siège, régional, départemental et d’arrondissement du P.I.T. SENEGAL.
3°) – les Secrétariats Exécutifs Régionaux et les Sections Extérieures du parti sont invités à procéder à la désignation de leurs délégués au congrès et à déposer auprès du Bureau Politique, au plus tard le 7 juillet 1981, la liste complète de leurs délégations, indiquant : les noms et prénoms, âge, profession, sexe et origine sociale.
4°)- les Secrétariats Exécutifs Régionaux et les Sections du parti doivent faire parvenir au plus tard le 10 juillet 1981 au Bureau Politique les copies des textes de leurs interventions – Seules les interventions écrites seront lues devant le Congrès.
Dakar, le 19 juin 1981
LA TENUE DU CONGRES CONSTITUTIF
Le Congrès Constitutif du PIT – Sénégal se tint donc, comme prévu les 8 et 9 août 1981. il adopta une résolution générale dont voici quelques extraits.
«Sur décision de la 18e session plénière du comité central de l’ex- PAI – Sénégal et conformément aux conclusions de cette instance adoptées à l’unanimité de ses membres et par les organisations de base du parti, le congrès constitutif du parti de l'indépendance et du travail du Sénégal (PIT-SENEGAL) s’est tenu à Dakar les 8 et 9 août au cinéma El Mansour.
Prenant acte de la confiscation par le pouvoir de notre sigle PAI au profit du renégat Majmout DIOP et soucieux, par ailleurs, de mettre à profit les possibilités offertes par la situation actuelle pour faire avancer la lutte du peuple sénégalais pour l’indépendance nationale véritable, la consolidation et l’extension des acquis démocratiques pour le socialisme et la paix, le congrès s’est assigné les objectifs suivants :
A°) – Proclamer solennellement la naissance du PIT – Sénégal et prendre toute décision nécessaire à la consolidation de ses bases organisationnelles, à leur extension, au large déploiement public du parti, à la diffusion de son programme de lutte au service de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre, des intellectuels révolutionnaires et de toutes les autres couches populaires de notre pays.
B°) – Dégager les axes essentiels de travail du PIT- Sénégal dans la période qui nous sépare du congrès ordinaire de 1982 auquel il reviendra de définir les orientations du parti.
La tenue du congrès constitutif du PIT- Sénégal représente un moment historique dans la lutte des forces démocratiques de notre pays.
Regroupant 500 délégués de toutes les régions du pays et de toutes les couches laborieuses de notre peuple (ouvriers, paysans, éleveurs, pêcheurs, employés, etc.) Il constitue un témoignage vivant de la réalité de notre parti, de son dynamisme, de son implantation nationale. Les interventions remarquables, enregistrées au congrès, de délégués ouvriers, paysans, éleveurs, de femmes provenant de nos campagnes les plus reculées, attestant de la conformité de la politique du parti avec les préoccupations nationales et sociales essentielles des couches populaires les plus larges de notre peuple. Elles témoignent de l’écho profond que suscite dans les localités les plus éloignées du pays, notre politique au service des masses laborieuses.
Le mouvement démocratique national connaît une impulsion nouvelle et accroît son influence politique sur les masses, malgré toutes les tentatives de bâillonnement dont il a été fait l’objet ces dernières années de la part du pouvoir néo colonial.
C’est à la lumière de ces données qu’il faut comprendre les changements intervenus dans l’appareil d'Etat et dans la conduite des affaires du néocolonialisme au Sénégal.
C’est pour jouer avec plus d’efficacité son rôle dans cette bataille démocratique et conserver les acquis dont nous avons été parmi les artisans les plus constants que notre parti a décidé de se réorganiser et de continuer la lutte sous le sigle P.I.T. – Sénégal.
Considérant la situation internationale, africaine et nationale telle que nous venons de l’esquisser ;
Considérant en particulier le contexte politique actuel de notre pays et les changements intervenus en son sein grâce à la lutte tenace des forces patriotiques et démocratiques conséquentes ;
Considérant la part décisive de l’internationalisme prolétarien et la solidarité sans faille pour son retour à la légalité, le congrès du PIT- SENEGAL :
- proclame la naissance du PIT Sénégal, parti de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre, des intellectuels révolutionnaires et de toutes les couches populaires intéressées à la lutte pour l’indépendance nationale véritable, la démocratie, le socialisme et la paix ;
- reconduit la ligne de politique nationale et internationale de l’ex PAI Sénégal. Dans ce cadre, le congrès :
- réaffirme l’engagement de ses militants de demeurer fidèles aux idéaux du communisme scientifique, au marxisme-léninisme, à l’internationalisme prolétarien et d’assumer pleinement leurs responsabilités dans la lutte commune du mouvement communiste et ouvrier international dont le PIT. Constitue le détachement sénégalais ;
Concernant plus particulièrement la situation nationale actuelle, le congrès :
- prend à son compte tous les acquis de la politique unitaire de l’ex PAI – Sénégal et engage le Comité Central du PIT – Sénégal à les consolider et à les approfondir pour hâter l’unité, la convergence de toutes les forces patriotiques et démocratiques sur la base d’un programme de lutte pour l’indépendance nationale véritable pour la démocratie, pour une amélioration substantielle des conditions de vie et de travail des masses laborieuses.
Le congrès constitutif du PIT- Sénégal lance un appel aux partis politiques sénégalais soucieux du devenir de la nation, à toutes les organisations sociales, à toutes les bonnes volontés parmi les sénégalaises et les sénégalais pour la constitution sans retard d’un front de sauvegarde et de renouveau de la patrie.
Le PIT – Sénégal est prêt à explorer toutes les voies et à entreprendre toutes les initiatives pouvant mener l’action commune et à la constitution de ce front.
- Félicite le comité central de l’ex-PAI Sénégal pour la manière intelligente et clairvoyante dont il a dirigé le parti, le reconduit en entier à la direction du PIT- Sénégal et le charge de préparer le congrès ordinaire de 1982. (Souligner par nous).
- Salue, à l’unanimité des délégués, le retour au Sénégal du camarade Seydou CISSOKHO, Secrétaire Général du PAI et lui exprime son affectueuse reconnaissance pour sa contribution déterminante à la lutte de notre parti et à sa préservation contre le pouvoir néocolonial et les nombreuses tentatives de liquidation qui ont jalonné la vie de l’ex- PAI Sénégal.
Ce retour est la victoire de tout notre parti, de chacun de ses militants, des patriotes lucides de tout notre peuple qui ont contribué au changement des conditions politiques dans notre pays. La place faite à Seydou CISSOKHO au congrès du parti est une preuve éclatante de l’unité directionnelle léniniste de notre parti.
Le congrès constitutif adresse au comité central du PCUS, au peuple soviétique, aux travailleurs, savants, et à tout le personnel médical soviétique ses chaleureux remerciements et leur exprime sa profonde gratitude pour l’attention et la compétence avec lesquelles ils ont sauvé et soigné notre camarade Seydou CISSOKHO.
Le congrès considère que le PIT doit être un parti de lutte et d’initiatives capable de prendre en main toutes les causes des masses laborieuses et de réagir instinctivement contre toutes les injustices qu’elles peuvent subir de la part de l’administration, du pouvoir et du patronat.
Le congrès appelle tous les militants du PIT – Sénégal, tous les patriotes sincères à réfléchir sur la distorsion actuelle entre les libertés politiques générales d’une part et les libertés syndicales de l’état d’organisation des masses d’autres part pour y trouver une solution susceptible d’élever le niveau d’organisation des masses et leurs capacités de lutte contre les agressions permanentes du pouvoir, pour leurs droits à une vie décente, à l’instruction, à la santé, au travail, à un habitat convenable.
Le congrès demande à tous les militants de se mobiliser activement et de faire preuve d’initiatives opportunes pour renforcer et étendre les bases du parti en assurant son implantation dans toutes les entreprises, les établissements, les quartiers et les villages, pour diffuser largement ses idées et son programme politique parmi les masses. Il leur demande également de participer activement à l’organisation et l’impulsion des luttes populaires autour des intérêts des masses, de se débarrasser de tout sectarisme pour chercher à chaque fois les conditions de la plus large action unitaire possible, de faire preuve de dévouement, d’abnégation et de détermination.
Demande à toutes les organisations de base d’intensifier le recrutement en milieux ouvrier et paysan. Dans ce cadre, le congrès engage le Comité Central à convoquer dans les meilleurs délais la conférence Nationale des cadres ouvriers et la conférence Nationale des cadres paysans pour faire le bilan du travail réalisé dans ces deux secteurs en vue d’en tirer des leçons susceptibles d’accroître, conformément à la nature spécifique de notre parti, leur poids dans ses rangs.
En accord avec les nouvelles dispositions constitutionnelles le congrès décide l’abandon du titre de MOMSAREV pour l’organe du parti.
L’ancien titre de l’organe régional du Cap-Vert, le DAAN-DOOLE devient celui de l’organe central du parti.
En novembre 1981 paraissait le nouvel organe central du parti, DAAN- DOOLE comme continuateur de MOMSAREV historique.
Ainsi donc, toutes les conditions étant réunies pour les activités publiques du parti, la vaste page de vingt années de lutte clandestine était tournée, une page glorieuse qui n’était pas donnée à tout le monde de vivre, mais aux hommes animés d’idéaux nobles pour leurs pays et pour leurs peuples.
Car, on peut dire qu’il n’y a pas de grands hommes héros sans idéaux nobles. Ce sont de pareils hommes qui ont toujours fait et feront l’histoire.
Durant cette période de vingt années, comme l’écrivait le président Seydou CISSOKHO, le PAI Sénégal lutta principalement pour sa survie, pour la conservation d’une organisation du parti révolutionnaire clandestin par la force des choses, contre les manœuvres de collaboration de classe dans lesquelles l’impérialisme et les forces néocoloniales tentaient de l’entraîner pour fourvoyer l’ensemble des forces populaires comme le rappelait justement la 18e session plénière de notre Comité Central.
Le parti affronta les liquidateurs de droite dans ses rangs et en dehors qui voulaient supprimer le parti clandestin, dans les conditions de la répression senghorienne où il fallait lutter clandestinement pour le remplacer par une organisation réformiste des plus légales, adaptée au régime U.P.S. De même, il dut agir contre les liquidateurs de gauche qui niaient, avec leurs mots d’ordre de barricades et d’assaut final pour en finir avec le régime de Senghor, la nécessité de profiter des possibilités légales.
Et ce n’était pas tout. Il fallait aussi et surtout élaborer une tactique souple associant judicieusement les formes de luttes légales et illégales et en avoir la maîtrise dans les faits. Ce qui n’est pas venu, peu s’en faut, du premier coup.
Le premier congrès de l’activité publique reconquise marqua un tournant important dans le développement ultérieur du parti.
CONCLUSION GENERALE : GRATITUDE, FIERTE ET HOMMAGE AU PAI
Je ne regrette pas d’avoir milité dans le PAI et d’y avoir consacré la plus grande partie de ma vie, de 1957 à 1980.
J’avais vingt trois ans quand le PAI naissait et j’y avais adhéré la même année, à la parution de son acte de naissance que constituait son MANIFESTE. J’avais trouvé dans son programme, l’INDEPENDANCE NATIONALE, la raison de mon engagement et, à cet effet le PAI m’a servi de cadre de lutte comme ORGANISATION D’UN PARTI REVOLUTIONNAIRE.
Chemin faisant, ce parti m’a fait découvrir le marxisme léninisme que je considère comme une source de lumière intarissable, fécondante et vivifiante, une boussole sûre d’investigation du monde et des sociétés humaines, un guide pour l’action, comme disait l’autre.
Grâce à la théorie du marxisme léninisme, j’ai pu me situer dans le temps et dans l’espace, m’interpréter le monde, m’expliquer l’origine et l’évolution des sociétés humaines, les raisons supplémentaires pour la lutte de libération nationale et sociale, pour la fraternité entre les hommes, entre les peuples, entre les Etats. C’est dire que le PAI a beaucoup contribué à ma formation politique idéologique et culturelle.
J’ai participé, plus de vingt ans durant, sans interruption, à la lutte du PAI, à plusieurs de ses séquences les plus chaudes, sans faiblir. De la sorte, je pense m’être acquitté de mon devoir de militant et avoir mérité les promotions acquises dans ses différentes instances de la base au sommet.
J’ai le sentiment de fierté d’avoir servi mon pays et mon peuple là où l’histoire m’en a donné l’opportunité.
En outre, je suis fier du PAI pour avoir été :
- le premier parti politique en Afrique de l'Ouest à formuler le mot d’ordre d’indépendance nationale, à s’organiser pour lutter à cet effet ;
- le parti, au Sénégal, qui s’est le plus battu, de manière permanente, au prix de lourds sacrifices matériels, moraux et humains pour l’indépendance nationale, les libertés démocratiques et la justice sociale ;
Des citoyens de notre génération se souviennent certainement encore les puissantes campagnes de mobilisation impulsées par le PAI pour l’indépendance nationale et l’africanisation des cadres auxquelles participaient activement toutes les organisations syndicales, les mouvements de jeunesse, d’étudiants et de femmes qu’aucune répression ne parvint à briser.
Un autre fait à rappeler à la mémoire collective : la permanence du PAI sur la scène politique sénégalaise durant son existence (1957- 1980), plus de vingt ans durant.
Il supporta seul, comme formation politique, l’essentiel du poids de l’arbitraire et de la répression barbare du pouvoir U.P.S.- P.S sous Mamadou DIA comme sous Léopold Sédar Senghor.
Les faits ci-dessus rapportés sont l’expression de la capacité organisationnelle et conspirative du P.A.I, de l’engagement révolutionnaire de ses militants, de la clairvoyance et du haut degré de patriotisme et de l’esprit de sacrifice de ses dirigeants. Cela fit de ses dirigeants, dans l’imaginaire populaire, des hommes à part, des êtres surhumains. En même temps, il se créa le mythe PAI. Quoi de plus normal ! Car, le mythe a toujours accompagné les hauts faits humains, les grands hommes d’action, les héros !
Pour cette raison, le mythe ici peut se définir comme le mérite inégalé sanctionné par l’imaginaire populaire. Un tel mérite est plus digne d’intérêt que celui sanctionné par un décret d’Etat pour loyaux services rendus.
Pour les raisons que voilà, il est permis d’affirmer que la lutte du PAI est un élément essentiel contemporain du patrimoine historique de la lutte anti colonialiste et anti- néocolonialiste du peuple sénégalais. De notre point de vue, cette lutte est un immense monument dans l’histoire politique du Sénégal. En effet, il serait difficile de parler de la lutte pour l’indépendance nationale sans se référer à l’histoire du PAI, sans mentionner les noms de ses dirigeants historiques comme Majmout DIOP, Tidiane Baïdy LY, Babacar NIANG, Seydou CISSOKHO pour ne citer que ceux-là. C’est dire que l’histoire de la lutte pour l’indépendance nationale est intimement liée à celle du PAI.
C’est pourquoi nous disons que les responsables du PAI sont les héritiers légitimes de nos grandes figures de la résistance anti- colonialiste comme Samory TOURE, El Hadji Omar TALL, Mamadou Lamine DRAME, etc.
Certes, le P.A.I n’a pas pu accéder au pouvoir afin d’imprimer sa propre marque au Sénégal, notre cher pays, c’est-à-dire en faire un pays réellement indépendant et digne dans le concert des nations du monde ; autrement dit, un pays débarrassé de bases militaires étrangères, d’une langue étrangère d’enseignement, un pays maître de sa politique économique et financière, de sa politique culturelle, somme toute, un pays maître de son destin.
Le P.A.I a été empêché d’accéder au pouvoir par la force des baïonnettes à laquelle il n’a pas su créer et opposer une force similaire. Car une force de baïonnettes ne peut être battue que par une force de baïonnettes.
Malgré tout, le P.A.I a semé quelques bonnes graines pour le pays et pour les générations présentes et futures à savoir :
- l’instauration des libertés démocratiques ;
- l’affirmation d’une culture de lutte politique faite de dévouement, de sacrifice et de patriotisme qui a influencé positivement l’histoire contemporaine du Sénégal ;
- la naissance et l’affirmation d’une conscience citoyenne.
Pour résumer, le PAI est une œuvre grandiose inégalée dans l’histoire de la lutte pour l’indépendance nationale, la démocratie et le progrès de notre pays, le Sénégal. Comme toute grande œuvre, il n’est pas donné à tout le monde d’y prendre part et de s’y maintenir jusqu’au bout comme le Président Seydou CISSOKHO et le doyen Doudou SOUMARE.
A ce titre, je rends un vibrant hommage à toutes celles et à tous ceux qui ont milité dans le PAI, et plus particulièrement aux victimes de la répression violente et brutale du régime UPS/PS, notamment à deux personnes qui me sont particulièrement chères.
Il s’agit de :
- mon épouse Sanou CAMARA (que j’appelle affectueusement ‘’Natokhoma’’ puisqu’elle est l’homonyme de ma mère), qui a été et qui est toujours pour moi l’indispensable compagne. Sans elle, il ne me serait pas possible de faire ce que j’ai pu faire. Elle m’a soutenu dans les pires moments de la clandestinité en se montrant particulièrement forte moralement et très sobre sur le plan matériel. Elle avait discrètement assuré ma sécurité et en même temps celle du Parti. Elle avait aussi et surtout merveilleusement assuré l’éducation de nos enfants, malgré les conditions très précaires dans lesquelles nous nous trouvions. Sans sa sérénité, sa patience et son abnégation, mon moral serait fortement éprouvé.
- mon neveu Mady CAMARA (fils de ma grande sœur), qui, depuis son jeune âge et malgré les risques encourus s’était toujours tenu à mes côtés. Il avait été un auxiliaire et un soutien moral et matériel précieux dans mes activités politiques du début du PAI à nos jours en passant par le PIT. Avec sérénité, courage et intelligence, il avait assuré ma liaison avec la famille au village, tout en veillant sur ma sécurité.
Je ne saurais terminer cette conclusion générale sans rendre un hommage mérité à mes plus proches compagnons de lutte, avec qui j’ai cheminé longtemps et dans les pires conditions de la clandestinité, à savoir :
Seydou Cissokho héros des héros Babacar alias Baléva,
Militant de la première heure du P.A.I.
* Babacar SY alias Baléva, avec lequel j’ai travaillé de manière rapprochée et permanente depuis les préparatifs du premier congrès en 1961 jusqu’à l’avènement du PIT en 1980 et même après. Pour les besoins du Parti, il a parcouru tout le Sénégal et a effectué plusieurs missions hors des frontières du pays. Il a toujours été présent aux grands moments de la vie du Parti (congrès et crises). Sa capacité d’écoute et de restitution fidèle de comptes-rendus, sa discrétion et son calme olympien avaient fait de lui un militant accompli et responsable.
C’est un camarade qui avait joué un rôle très important dans la gestion des problèmes sociaux au sein du Parti en général et ceux des familles des camarades en particulier. Nous pouvons considérer ce camarade comme un Chevalier du Parti. A travers lui, je rends hommage et manifeste ma gratitude à son épouse Marême SENE qui a été pour nous, une mère, une sœur et une bonne collaboratrice.
* Président Seydou CISSOKHO. En effet, je garde de lui l’image d’un homme totalement engagé, rigoureux et discret, somme toute un intellectuel révolutionnaire d’une capacité de synthèse extraordinaire. De tous les signataires du Manifeste, il fut le Seul resté debout au combat du PAI jusqu’à sa disparition. Comme quoi, Seydou CISSOKHO fut un personnage. hors pair comme il en existe peu dans ce monde. Puisse-t-il servir d’exemple aux générations présentes et futures. Paix à son âme !
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