SAMM LI NU BOKK / ALTERNATIVE SOLIDAIRE : DECLARATION SUR LA SITUATION AU SENEGAL ET EN AFRIQUE
SAMM LI NU BOKK / ALTERNATIVE SOLIDAIRE
(Pastef-RND-Taxaw Temm-Yoonu Askan Wi)
La coalition SAMM LI NU BOKK (SLB/AS), réunie le dimanche 26 novembre 2017 à la Permanence nationale Mamadou dit Jean DIEYE Kër Askan Wi, a saisi l’occasion pour se prononcer sur certains points de l’actualité nationale et africaine.
- A propos du dialogue et de la gouvernance politique :
SLB/AS réitère son attachement à l’impérieuse nécessité d’un dialogue permanent et constructif à tous les niveaux, entre pouvoir et opposition, pouvoir et acteurs politiques et sociaux, pouvoir et citoyens mais aussi entre acteurs politiques eux- mêmes et entre citoyens. Cependant, elle confirme la justesse de la position de refus de la parodie de dialogue décidée unilatéralement par le Ministre de l’Intérieur, ce au moins pour les raisons suivantes :
- Caractère discriminatoire de l’invitation, certains partis et mouvements légalement constitués et notoirement connus des services dudit ministère n’ayant pas étés conviés pour on ne sait quelle raison ;
- Définition unilatérale par le ministre de l’objet et du format de la rencontre ;
-Absence de sincérité et manque de confiance devant une opération de «charme» politique et de communication spécieuse pour amuser la galerie, tromper l’opinion publique nationale et internationale.
En effet, au regard des précédentes esquisses de dialogue initiées par le pouvoir du Président Macky Sall (par exemple le 28 mai décrété ‘’journée du dialogue national’’), qui se révèlent n’être que de grands shows médiatiques agrémentés d’engagements jamais respectés parce que constituant de simples effets d’annonce, aucun acteur sérieux ne peut accorder un quelconque crédit à la parole présidentielle faite de multiples reculades et autres wax waxeet habituels. Qu’est il advenu des Conclusions des Assises Nationales, des recommandations d la CNRI (commission nationale de réforme des institutions), de la Concertation nationale sur l'avenir de l'Enseignement supérieur ou des Assises nationales sur l’Education et la Formation et tout récemment de la Commission Nationale de Réforme Foncière- les deux dernières commanditées pourtant par le Président Macky Sall lui-même ? L’obsession du second mandat vaut bien pour Sall et les siens toutes les turpitudes possibles et imaginables.
SLB/AS ne saurait servir de caution à une mascarade de dialogue politicien, destinée à faire passer en pertes et profits les fraudes scandaleuses ayant entaché le déroulement des législatives de juillet dernier. Sorti de ces élections malgré tout minoritaire dans le pays, Macky Sall a du mal à masquer l’échec de sa politique économique et sociale face aux difficultés auxquelles les sénégalais sont confrontées au quotidien, dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle nationale.
La Constitution ainsi que les lois et règlements qui garantissent les libertés individuelles et collectives sont ouvertement et cyniquement foulées aux pieds par le pouvoir en place, y compris à travers l’instrumentalisation éhontée de la justice contre les adversaires politiques jusque dans l’enceinte de l’Assemblée nationale aux ordres du Prince, censée pourtant incarner la volonté et la souveraineté du peuple. Or notre pays, on peut le constater aisément, compte à son actif des expériences de dialogue et de concertation parmi les plus avancées en Afrique : les Assises nationales conduites selon une démarche participative et inclusive sont parvenues à des Conclusions fécondes dont viennent s’inspirer plusieurs pays africains. Le Code électoral consensuel de 1992 a été le fruit d’une large concertation entre les acteurs, pilotée par un magistrat digne de confiance et sanctionnée par une loi votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Vingt cinq ans après, aujourd’hui plus que jamais, la mise en place d’une Autorité autonome chargée de l’organisation des élections, l’audit indépendant et la révision du fichier électoral, la confection et la distribution des cartes nationales d’identité et des cartes d’électeurs à tous les citoyens, particulièrement aux jeunes nouvellement inscrits, la suppression du mode de scrutin inique dit du raw gàddu, le plafonnement et le contrôle des dépenses de campagne, le financement public des partis politiques régi par une loi à cet effet, l’adoption du bulletin unique sont, entre autres, des exigences incontournables pour des élections transparentes, libres et démocratiques, acceptées de tous, dans l’intérêt supérieur de la nation.
Il appartient alors aux forces de l’opposition démocratique de se hisser à la hauteur des enjeux et défis de l’heure, pour assumer pleinement leurs responsabilités. A cet effet, la mise en place d’un front d’unité d’action et de lutte est parfaitement opportune, afin de mener sur le terrain, dans l’unité de combat la plus large possible et en tirant toutes les bonnes leçons de l’expérience de Mànkoo Wattu Senegaal, les batailles nécessaires capables d’amener Macky Sall à une discussion saine et utile, susceptible de mettre la démocratie sénégalaise sur de bons rails.
- Concernant la gouvernance sociale et la sécurité civile :
Le chômage des jeunes, diplômés ou non, continue d’annihiler en eux tout rêve et tout espoir de vie digne dans leur propre pays, les jetant sur les chemins du désert sahélien, vers ‘’Barsa ou Barsaq, ‘’. L’autosuffisance alimentaire qui nous était promise pour 2017 s’est dégonflée comme un ballon de baudruche, plongeant dans le désarroi des millions de paysans laissés à eux-mêmes face aux incertitudes de la campagne de commercialisation agricole. Nos terres sont bradées au profit des multinationales capitalistes, spoliant les populations rurales de leurs terres comme dans le Ndiael, à Diogo ou à Dodel. L’Assemblée nationale, sous la houlette d’un président uniquement capable de «compter, compter les voix de la majorité mécanique», s’apprête à voter la loi de finances 2018 baptisée par ses concepteurs du nom de «Budget social», mais véritablement budget anti-travailleurs et ouvertement électoraliste.
SLB/AS dénonce vigoureusement la négligence criminelle du régime du Président Macky Sall face à l’insécurité quasi généralisée dans tous les domaines et dans tout le pays, comme en témoignent les catastrophes qui endeuillent le pays de façon récurrente : il en est ainsi des victimes innombrables des accidents de la circulation, des graves incendies comme au daaka de Médina Gounass il n’y a guère, et comme aujourd’hui au «Pàkku Làmbaay» de Pikine, contribuant ainsi , en plus de la furie des flammes, à plonger Dakar et sa banlieue dans l’obscurité totale et les pénuries d’eau. SLB /AS ne peut pas manquer, à ce sujet, de fustiger l’insuffisance criarde de moyens dont souffrent nos forces de sécurité civile (sapeurs pompiers et protection civile), comme en témoigne le temps trop long mis pour intervenir et venir à bout de cet incendie. Il a fallu (oh colonialisme quand tu nous tiens !) faire appel à l’aide des forces françaises basées à Dakar. Telle est la voie du mirage de ‘’l’émergence’’ au pays du Roi du Maquis ! Certes, il faut le souligner avec force, le changement positif des mentalités et des comportements de nos compatriotes est un impératif de salut public et de développement endogène. Mais là aussi, c’est bien connu, la pédagogie par l’exemple et par le haut, accompagnée de la prise de sanctions positives et négatives sans parti pris, sont incontournables pour le nécessaire éveil des consciences.
Le trafic de médicaments frauduleux doublé de l’installation de fausses pharmacies au vu et au su de toutes les autorités, témoigne du peu de souci accordé à la vie et à la santé de nos populations par les dirigeants de notre pays. Rien d’étonnant d’ailleurs, quand on sait que nos gros pontes eux, à la moindre égratignure, prennent l’avion pour aller se faire soigner en France !
- Afrique, dominations et résistances
SLB/AS condamne sans réserve les conditions inhumaines imposées aux citoyens africains en Libye avec le retour de l’esclavage et le foisonnement des négriers opérant dans cette zone. Mais il n’est pas inutile de rappeler la responsabilité de la coalition occidentale, sous la houlette de l’impérialisme français et avec un mandat de l’ONU, dans l’actuel chaos en Libye depuis l’assassinat programmé du Colonel Khadafi, après celui de Sadam Hussein en Irak perpétré par les USA, entrainant des déplacements de population sans précédent mais aussi l’émergence d’organisations extrémistes, le tout dans une confusion volontairement entretenue entre «Daesh Etat islamique » et religion de l’Islam. Cette situation intolérable se déroule sous nos yeux, hier comme aujourd’hui, dans le silence coupable des pays africains et de l’UA, mais aussi dans l’indifférence et l’inaction de l’ONU et de l’UE. Faut-il rappeler en passant que l’UE a signé des accords avec les milices libyennes pour la gestion des migrants africains ?
Malheureusement, à l’heure actuelle, les dérives autoritaires à tendance monarchique et patrimoniale ayant cours dans nombre de pays africains, ne militent pas en faveur d’une telle perspective, au vu de ces potentats qui s’accrochent péniblement au pouvoir comme au Gabon, au Congo, au Tchad, en Guinée Equatoriale, entre autres. Au Zimbabwe, une grande vigilance s’impose à l’égard des forces impérialistes, en embuscade depuis toujours pour prendre leur revanche sur le peuple zimbabwéen et opérer un retour en force de l’ordre colonial.
Sous ce rapport, il convient de saluer le rôle historique joué par Robert Mugabe dans la lutte pour la libération de son pays, la souveraineté et l’émancipation de son peuple, quelles que soient par ailleurs les limites, insuffisances ou erreurs de ce dirigeant patriote.
Au Togo, malgré les complots et menaces de mort ourdis contre sa personne, Tikpi Salifou Atchadam à la tête de sa formation politique le Parti National Panafricain, conduit depuis plusieurs mois aux côtés des autres forces d’opposition, Il importe de rappeler que ce n’est qu’en 1984 que l’esclavage a été officiellement aboli en Mauritanie toute proche, ce qui n’empêche pas pour autant que cette pratique se perpétue de façon insidieuse, sans parler de la répression systématique et féroce contre les opposants et défenseurs des droits des négro-mauritaniens.
De façon générale, la situation des migrants africains dont le seul tort est de fuir la misère, le chômage, la précarité, l’insécurité et la persécution qui constituent leur lot quotidien dans leurs propres pays, expose ces compatriotes sénégalais et africains à être la proie facile des extrémismes de tout bord. Ceci témoigne aussi de la faillite des Etats africains et particulièrement de leurs dirigeants. Il faut donc se convaincre que la solution durable ne réside point dans le rapatriement de migrants prompts à repartir à chaque fois à l’aventure, mais plutôt dans la mise en place en Afrique de véritables républiques démocratiques, avec des Etats de droit réellement indépendants, impulsant de vraies politiques de développement endogène au service des peuples africains d’abord. SLB/AS appelle dans ce cadre les peuples africains et dirigeants patriotes à « abroger tous les traités, conventions et autres accords inégaux, tant bilatéraux que multilatéraux, dans les domaines politique et sécuritaire, économique et financier, culturel et scientifique, avant d’envisager leur renégociation éventuelle sur une base souveraine et égalitaire (Franc CFA, APE, bases militaires étrangères, etc.)», en vue, concernant en particulier la sous région ouest africaine, «de la création d’une monnaie sous-régionale, commune et souveraine, conformément à l’accord conclu depuis longtemps au sein de la CDEAO» (Contrat de législature de la Coalition Ndawi Askan Wi).
Pour finir, à quelques jours du tristement célèbre anniversaire du massacre des Tirailleurs africains à Thiaroye le 1er décembre 1944, rappelons les mots de ce tirailleur révolutionnaire intrépide nommé Lamine Senghor (1889-1927), exhortant ses frères et camarades de combat à s’unir et à s’organiser afin de « détruire le mal universel qui n'est autre que l'impérialisme mondial. Camarades, il faut le détruire et le remplacer par l'union des peuples libres. Plus d'esclaves ! »
Fait à Dakar, le 26 Novembre 2017
La Conférence des leaders dela coalition Sàmm Li Nu Bokk :
Pour Pastef - Rassemblement National Démocratique -RND - Taxaw Temm- Yoonu Askan Wi)
Ousmane SONKO Dialo DIOP Babacar DIOP Buuba Madieye MBODJ
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