Bienvenue notre blog

Bienvenue notre blog

HISTOIRE POLITIQUE DU SENEGAL : CHAPITRE III LE SENEGAL INDEPENDANT DU 04 AVRIL 1960 A NOS JOURS  

Réalités socio-éconiques et socio-politiques du Sénégal, visitées par le militant
révolutionnaire anti-impérialiste Alla Kane : formation idéologique et politique des militants.

 

 

Le 04 Avril 1960 est la date de signature des accords relatifs au transfert de compétences pour l’accession de la Fédération du Mali à la souveraineté internationale, accords qui concluaient les négociations qu’avait annoncées le général de Gaulle, alors président de la Communauté franco-africaine dans un discours prononcé à Saint- Louis. A cette date la Fédération du Mali était composée de deux Etats : le Sénégal et le Soudan. L’indépendance de la Fédération fut proclamée le 20 Juin 1960, ce qui entraina, de juré comme de facto, l’indépendance des deux Etats.

 

Deux mois plus tard, le 20 Août 1960, la Fédération éclata et les deux états prirent individuellement leur indépendance ; le Soudan maintient le nom Mali  et devient la République du Mali. Le Sénégal conserva son nom, entra dans l’histoire sous l’appellation de République du Sénégal et décida de faire de la date du 04 Avril, la date de commémoration de son accession à l’indépendance.

 

Le 5 Septembre 1960, l’Assemblée législative élit Léopold Sédar SENGHOR, premier président de la République du Sénégal. Le Sénégal devient «indépendant».

 

Sur le champ politique, n’évoluaient que trois partis :

  • le Parti Africain de l’Indépendance (PAI) créé le 17 Septembre 1957
  • l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) née de la fusion, en avril 1958, du BPS et du PSAS (Parti Sénégalais d’Action Sociale)
  • le PRA/Sénégal constitué à la suite du départ de l’aile petite bourgeoisie de l’UPS le 20 Septembre 1958.

 

Au plan des organisations de masses, on comptait :

  • l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN)
  • l’Union culturelle musulmane (UCM)
  • l’Union Générale des Etudiants de l’Afrique de l’Ouest (UGEAO)
  • la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF)

 

A l’arrivée, c’est l’UPS - ce parti du camp du Oui au referendum de Septembre 1958 - qui s’est retrouvée aux commandes de la République du Sénégal à la suite de la proclamation de son indépendance.

 

Toutes les forces qui ont eu à lutter de 1946 - date de création du Rassemblement démocratique africain (RDA) - à 1960, date de la proclamation de l’Indépendance, et qui ont pu déjouer toutes les manœuvres dilatoires de la puissance colonisatrice comme la Loi-cadre de 1956 et la Communauté franco africaine de 1958, toutes, ont été mises à l’écart. Elles vont d’ailleurs constituer  les premières cibles à abattre pour permettre une installation solide des bases de l’Etat  néocolonial pour la continuité de l’exploitation de notre pays. Moins de trois ans après la proclamation de l’indépendance intervinrent décisions et événements qui ont contribué à un nettoyage complet du terrain sur lequel devait être édifié l’Etat néocolonial murement réfléchi et méthodiquement mis en place.

 

Ces décisions et événements furent :

  • la dissolution du PAI intervenue le 1er Aout 1960
  • l’éclatement de la Fédération du Mali le 20 Aout 1960
  • la dissolution de l’UGTAN le 1er Décembre 1960
  • l’Arrestation de Mamadou DIA et de ses compagnons, le 17 Décembre 1962
  • l’adoption par voie de referendum de la Constitution de SENGHOR instituant un régime présidentiel néocolonial le 03 Mars 1963
  • enfin, les élections présidentiels et législatives du 1er Décembre 1963

 

SENGHOR était devenu le seul maître à bord. Choix ne pouvait être plus judicieux pour qui connait la place qu’occupait la France dans le cœur de ce monsieur.

Depuis cette date et l’installation définitive de cet agent préparé de longue date, le Sénégal est devenu néocolonial et SENGHOR s’est employé à bâtir méthodiquement le nouvel état néocolonial, bien assisté et conseillé par ses maîtres. Il s’est employé à nettoyer l’espace politique de toute opposition quelle qu’elle soit.

 

Les premières années furent mises à profit pour nettoyer très proprement le terrain politique par la mise en œuvre de l’arme  de la répression aveugle, des emprisonnements, des tortures, des licenciements, et dissolutions d’organisations démocratiques et patriotiques et autres procès politiques.

 

Pour illustrer on peut citer :

  1. la dissolution du PAI le 1er Aout 1960 ;
  2. l’éclatement de la Fédération du Mali le 20 Aout 1960 ;
  3. la dissolution de l’UGTAN le 1er Décembre 1960 ;
  4. l’institution du tribunal spécial par la loi n°61-57 du 27 Septembre 1961 présidé par un membre de la direction de l’UPS ;
  5. l’arrestation de Mamadou DIA et de ses compagnons le 17 Décembre 1962;
  6. la condamnation de Mamadou DIA à la détention perpétuelle. Joseph MBAYE, Valdiodio NDIAYE et Ibrahima SARR à 20 ans de réclusion criminelle et Alioune TALLA à 5 ans ;
  7. le jugement et la condamnation d’Abdoulaye LY, pour incitation à l’émeute

 

En réponse à cette politique de violence organisée pour la consolidation de l’Etat néocolonial nouvellement installé, les patriotes et révolutionnaires prirent la décision de continuer leurs activités en rentrant dans la clandestinité. Ils firent face  avec un engagement, une détermination et un esprit de sacrifice tels que les agents stipendiés de l’ancienne puissance coloniale n’ont pu bénéficier d’aucun répit sur le terrain de l’action politique. Les grandes victoires des luttes populaires, enregistrées depuis, sont le fruit du refus de déposer les armes face à la violence réactionnaire du pouvoir néocolonial, principalement des forces de gauche.

 

Les grands événements ci-après le démontrent éloquemment :

- Evénements de mai 1968 pendant lesquels se déroulèrent :

  • grève des étudiants de Dakar le 27 mai 1968 ;
  • intervention du GMI, avec l’arrestation des étudiants et des responsables le 29 mai 1968
  • grève générale lancée par l’Union régionale UNTS à partir du 30 mai 1968 qui conduisit à un arrêt total du travail dans la région de Dakar ;
  • rencontre tripartite gouvernement, employeurs, syndicats le 12 Juin 1968 ;
  • signature des accords sur les revendications estudiantines le 13 Septembre 1968.

- Grève de la Fédération nationale des banques et organismes de crédit qui eut lieu du 02 au 11 Juin 1969 avec comme conséquence l’Etat d’urgence et le licenciement de 83 employés et responsables de la Fédération.

- Départ de Léopold Sédar SENGHOR de la présidence de la république.

- Evènements de 1988 qui permirent l’adoption du Code électoral dit de consensus de 1992.

- Première alternance intervenue le 19 mars 2000 qui mit fin au règne de 40 ans du Parti socialiste.

- Journée historique du 23 juin 2011 qui a permis de réduire à néant le projet de dévolution monarchique du pouvoir que concoctait Abdoulaye WADE, président de la République.

 

Malgré tout, la nature de classe de l’Etat est restée la même. Si l’emballage change souvent de forme en s’adaptant à l’évolution dans la durée, la marchandise, elle, est restée la même. Le Sénégal est resté une néocolonie de la France et l’Etat sous lequel il est administré demeure un Etat néocolonial.

 

Les quarante ans de règne de la social-démocratie incarné par le PS et les douze ans de pouvoir du libéralisme incarné par le PDS n’y ont rien changé ; de même que celui qui est cours. Ils n’ont fait que renforcer les chaines de la domination de l’impérialisme sur l’économie de notre pays.

 

Le vrai changement attendu sera anti-néocolonialiste, anticapitaliste, anti-impérialiste, nationaliste, populaire, et panafricaniste ou ne sera jamais - Et la seule force politique capable de réaliser ce changement est la gauche dans toutes ses composantes (marxiste léniniste, nationaliste, panafricaniste).

 

Les forces réactionnaires à la solde du capitalisme néolibéral décadent en sont fort conscientes et ne ménagent aucun effort pour créer les conditions d’un affaiblissement permanent de cette gauche.

 

D’où l’obligation historique de cette gauche de resserrer d’avantage ses rangs pour faire face à cette mission que lui assigne l’histoire de notre pays. Il lui incombe de faire le bilan exhaustif de son passé, d’en tirer toutes les leçons instructives et d’extirper de ses rangs tous les facteurs de division qui ne font que prolonger les souffrances de notre peuple.

 

Un premier pas allant dans ce sens vient d’être franchi avec la création de la Confédération des forces de gauche sous l’appellation de «Confédération pour la démocratie et le socialisme» (CDS).

 

Unir toutes les forces de la gauche pour arracher le pouvoir des mains des agents stipendiés du néocolonialisme au profit du peuple demeure la seule attitude qui sied face à la puissance coloniale qui, elle, continue de s’adapter à l’évolution de la situation au plan national et international afin de continuer à sauvegarder ses intérêts. Comme ledit si justement Boubacar Boris DIOP, écrivain, en ces termes dans un entretien grand format accordé au journal Le Populaire du lundi 16 mars 2015 (PP4-5) je cite : «c’est une erreur de mesurer notre état de dépendance, notamment vis-à-vis de Paris, en ne pensant qu’aux Chefs d’Etat. La France a repensé les conditions de son hégémonie sur le pré-carré en prenant en compte une nouvelle donne, le jeu multi-partisan. Avant, il suffisait de serrer de prés le Président esseulé et tout puissant dans son palais. Aujourd’hui on sait gérer ses rivaux et on exerce un contrôle très strict.

Le maillage est impitoyable. A l’Ambassade de France on sait qui compte dans ce pays et sur quelle ONG de droits de l’homme, sur quel mouvement de protestation, soit disant spontané, ou groupe de presse on peut miser. Ce sont les secteurs qui orientent l’opinion, font bouger la société, et la mainmise de Paris sur ces leviers est à la fois extrêmement raffinée et efficace. Ça permet  d’ailleurs de tenir encore plus surement le Président lui-même, car il sait bien que du jour au lendemain ces forces peuvent être fâchées contre lui. »

 

A ces propos, il faut ajouter ceux tenus par Aliko DANGOTE, hommes d’affaires nigérian, pour découvrir la véritable nature du pouvoir chargé de conduire les destinées du Sénégal depuis son accession à la souveraineté internationale il y a de cela cinquante cinq ans. A la page 7 du journal Enquête du mardi 17 Février 2015 on peut lire ces propos de Aliko DANGOTE je le cite : «les anciennes colonies en Afrique ne contrôlent pas leurs économies. Elles sont trop sous influence française. Les pays francophones du continent doivent sortir du contrôle français et prendre leur destin en main comme les pays anglophones. La différence entre les pays francophones et le Nigeria est que nous avons pris notre destin en main. Nous contrôlons l’économie de notre pays. Ce qui n’est pas le cas de la plupart des pays francophones où les nationaux n’ont encore aucune emprise sur leur économie. Ces économies sont contrôlées par des étrangers qui parfois même dictent leurs termes et conditions aux gouvernants et autres.»

 

La conclusion est que, les faits, qui sont toujours tétus, donnent raison à ceux qui disent que le Sénégal de 2015 a besoin d’un plan Sénégal Indépendant (PSI)  avant de pouvoir réaliser les conditions d’un plan Sénégal émergent ( PSE).

 

EXPLOITATION

 

  1. Quels sont les changements majeurs intervenus dans le Sénégal indépendant ?
  2. Quel est le camp qui a été installé au pouvoir pour conduire les destinées du pays ?
  3. Comment expliquer le fait que les forces qui ont réellement mené la lutte pour l’indépendance nationale ne sont pas parvenues à prendre et à exercer le pouvoir post colonial ?
  4. Quelle est la contradiction principale qui joue le rôle moteur de l’évolution de la société sénégalaise indépendante ?
  5. Quel est le mode de production du Sénégal indépendant ? quelle est sa base économique ? quelles en sont ses superstructures idéologiques qui agissent et réagissent sur la base économique ? quelles sont les classes fondamentales qui structurent le Sénégal indépendant ? quelles sont celles qui jouent le rôle d’avant-garde dans les luttes du peuple sénégalais contre les forces obscurantistes, réactionnaires, d’exploitations et d’oppression ?
  6. Quelles sont les bases réelles de l’avènement des deux alternances intervenues en 2000 et 2012 ? Pourquoi elles n’ont été qu’un changement dans la continuité ?
  7. Quelle est la base de classe et les fondements idéologiques de l’alliance des chefs religieux avec les différents pouvoirs néocoloniaux qui se sont succédé depuis l’indépendance, quelle différence faire entre chefs religieux et religion ?
  8. Les alliances observées sur le terrain de l’action politique : genèse, développement, critique et autocritique, composition.

 

Dakar le 19 Août 2015

Alla KANE

 



20/10/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi