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LA GAUCHE : S’UNIR OU CONTINUER DE DEPERIR

 

Présentation du camarade Alla Kane à l’occasion de la Commémoration du Cinquantenaire du Manifeste du PAI (15 Septembre 1957–15 Septembre 2007), organisée par le Comité National Préparatoire lors du colloque International sur le thème : «réalité du Manifeste du PAI au XXIème siècle».

 

Nous voici enfin réunis, ce samedi 8 Août 2009, en cet endroit qu’est le siège de la Ligue démocratique (LD) pour entamer les travaux de la réunion préparatoire de la tenue de la conférence nationale de la gauche projetée pour mettre en œuvre les voies et moyens pouvant lui permettre d’unifier ses rangs par la construction d’une grande organisation capable de conduire victorieusement les luttes de notre peuple contre ses exploiteurs de tout bord. Dans la droite ligne des rencontres de la gauche historique pilotées en son temps par le MAG et d’autres initiatives ayant suivi ou en cours.

 

Autour de cette table se trouvent réunis (citer les partis politiques et les individualités présents). Donc des partis et des militants se réclamant tous de la gauche.

Cette gauche historique qu’on peut définir comme un ensemble de partis et d’individualités dont les uns sont issus, directement ou indirectement, du PAI historique et les autres, venus plus tard sur le terrain politique, mais ayant choisi d’inscrire leur action politique dans le sillage de ce dernier.

 

La gauche est malade. Doit-on la laisser mourir ? Ou doit-on la guérir pour sauver notre peuple ?

Nous vous avons réuni en un collectif de médecins autour de ce  malade dans l’objectif de lui trouver un remède efficace capable d’éradiquer définitivement sa maladie.

 

La question de l’état de santé de la gauche nous interpelle vivement. Et l’histoire nous fait obligation de lui trouver une réponse adéquate.

 

A ce tournant, la célèbre question de Lénine s’impose à nous : Que faire ? Question par laquelle il concluait un traité politique publié en Février 1902 –quinze ans avant la révolution bolchévique de 1917- dans lequel il fustigeait l’économisme et le spontanéisme, l’activisme terroriste, le travail artisanal et la dispersion  des forces de la classe ouvrière pour la construction méthodique d’une organisation révolutionnaire capable de créer les conditions du renversement de la bourgeoisie.

Alors que faire pour changer radicalement la situation calamiteuse qui voue la gauche sénégalaise au sort de Sisyphe ?

 

Lénine avait les mêmes préoccupations quand il posait cette question et il est arrivé à lui trouver une réponse juste qui lui a permis de bâtir l’organisation qui a conduit les luttes jusqu’à la victoire d’Octobre 1917.

 

Il est de la plus haute importance de rappeler l’analyse qu’il avait faite pour aboutir à cette question, pour nous en inspirer.

 

Il fit cette analyse : «l’histoire de la social-démocratie russe se divise en 3 périodes. La première embrasse une dizaine d’années, à peu près de 1884 à 1894. Période de naissance et de consolidation de la théorie et du programme de la social-démocratie. La social-démocratie existait sans le mouvement ouvrier, elle traversait une période de gestation comme parti politique. La deuxième période embrasse 3 ou 4 ans (1894 à 1898). La social-démocratie vient au monde comme mouvement social, comme essor des masses populaires, comme parti politique, c’est la période d’enfance et d’adolescence. Le mouvement fait des progrès immenses. La troisième période s’annonce, comme on l’a vu en 1897 et remplace définitivement la 2e période en 1898 ; c’est la période de dispersion, de désagrégation, de flottement. Mais seuls les dirigeants erraient chacun de son côté et reculaient ; le mouvement, lui, continuait à s’étendre, d’avancer à pas de géant. Nous ignorons quand finira la 3e période et commencera la 4e période. Alors que faire ? Liquider la 3e période».

 

On peut aussi dire sans risque de se tromper que l’histoire de la gauche historique sénégalaise se divise en 3 périodes. La première s’étend sur onze ans allant de 1946 à 1957, période qui a correspondu à la fin de la 2e guerre mondiale et au début des luttes des mouvements de libération nationale. Ce fut la période du Rassemblement démocratique africain (RDA), celle du rassemblement et de la formation des forces en vue des batailles à venir, celle aussi de la confusion et des hésitations liées à la jeunesse du mouvement et à son manque d’expérience. La deuxième période s’est déroulée sur 3 années de 1957 à 1960. C’est la période de l’existence légale du Parti Africain de l’indépendance (PAI). Période au cours de laquelle le PAI a mobilisé tous les patriotes du pays, hommes, femmes, jeunes, étudiants, travailleurs manuels et intellectuels autour de son programme de lutte pour l’indépendance et le socialisme. Ce fut la période de l’unité d’action, de l’éveil de la conscience nationale et des premières victoires remportées par le peuple dans son combat pour l’indépendance immédiate sous la conduite de la gauche. La troisième période commence le 1er Août 1960, date de la dissolution du PAI et se poursuit jusqu’à nos jours. Elle est caractérisée aujourd’hui par une constellation de partis de gauche qui se télescopent sur le champ politique, plus prompts à s’allier à l’ennemi commun, qu’à s’aménager des espaces de rencontre et d’unité pour renforcer leur capacité d’intervention pouvant permettre d’enregistrer des victoires sur le chemin du pouvoir politique.

 

Dans les faits, ces partis reculent d’année en année et au résultat la gauche dans son ensemble. Il faut liquider au plus vite cette période pour ne pas voir la gauche définitivement liquidée.

 

Toute la gauche est interpelée. Toutes les femmes et tous les hommes de gauche, tous les jeunes, tous les étudiants et tous les travailleurs manuels et intellectuels qui se réclament de la gauche et qui sont prêts à relever le défi doivent absolument faire preuve de dépassement pour redonner à la gauche la force et la vitalité qui lui ont permis de marquer de façon indélébile ces cinquante dernières années de l’histoire de notre pays.

 

Cette 3e période de l’histoire de la gauche, qu’il faut liquider au plus vite, le Mouvement des Assises de la Gauche (MAG) la caractérisait en ces termes dans le document final des rencontres de la gauche historique :

  • «La gauche sénégalaise est divisée et émiettée
  • Elle est fragilisée par ses querelles intestines
  • Elle a été souvent aveuglée par son inféodation aux divers courants du Mouvement communiste international et par son manque de maîtrise des réalités nationales
  • Elle est handicapée par sa rigidité et son sectarisme
  • Elle est sans ancrage solide et profond dans les masses populaires du pays»

 

En en tirant la conséquence, il ajoutait : «ces nombreux goulots d’étranglement l’ont conduite fatalement à jouer le rôle d’«éternel faiseur de roi». Elle soutient et propulse au pouvoir ses ennemis de classe qui par le passé ont toujours empêché son déploiement et qui n’hésitent pas une fois aux commandes de lui opposer la répression ou l’ostracisme les plus féroces pour gêner sa marche en avant».

 

Face à cette situation qui perdure, deux attitudes sont possibles : observer, laisser faire et aider ainsi à la persistance du statu quo, ou s’engager, se mobiliser, œuvrer et agir pour l’éradication totale du mal. La première attitude est une solution de droite à la crise que traverse la gauche, la seconde est une solution de gauche qui permettra d’éradiquer complètement et définitivement le mal dont souffre la gauche.

 

Et c’est à cette seconde solution que nous convions tous ceux qui se préoccupent de la recherche d’une solution réelle aux problèmes non moins réels qui minent dangereusement les forces de la gauche.

 

L’origine de ces problèmes réside dans un ensemble de facteurs qu’il est bon  de convoquer ici pour rappeler des faits d’histoire qui permettront à nos débats d’aller à l’essentiel. Ces facteurs sont de deux ordres. D’une part, il y a des facteurs internes et, d’autre part, des facteurs externes.

Parmi les facteurs internes on peut noter :

- l’option marxiste léniniste comme fondement de l’action du PAI, qui allait le désigner comme la principale force à abattre et, ainsi, ne lui accorder aucun répit et lui réserver tout le poids de la répression

- le double contenu qu’il avait donné à son programme, à savoir, l’indépendance et le socialisme, source de séparation et de déchirements, d’essoufflement et de départs de militants et de cadres dont l’horizon ne dépassait guère l’indépendance

- la nature petite bourgeoise de ses dirigeants et responsables qui appartenaient dans leur quasi majorité à la petite bourgeoisie intellectuelle essentiellement caractérisée, dans son action politique, par les hésitations, les fluctuations, les tergiversations, la tendance prononcée aux compromis, surtout au moment du recul du mouvement révolutionnaire

- la décision de participer aux élections municipales du 31 Juillet 1960, pour un parti qui n’avait pas encore bouclé trois années d’existence n’était-elle pas une erreur fatale née de l’expression de notre empressement petit bourgeois, notamment au regard des conditions d’impréparation générale de cette participation

- la dissolution intervenue le 1er Août 1960 et ses conséquences catastrophiques qui se sont traduites par l’entrée dans la clandestinité, le départ pour l’exil de son premier responsable, Majhmout Diop et la territorialisation entraînant la dislocation des liens fédéraux de direction ; conséquences qui stoppèrent l’élan du parti et ouvrirent la période des crises qui allaient entraîner les divergences, les scissions et les ruptures qui ont fait du parti ce qu’il est devenu par la suite. La réaction du pouvoir, qui suivit le décret de dissolution fut brutale. Une opération de police sans précèdent s’abattit sur ses rangs. Rafles et arrestations s’opérèrent sur l’ensemble du territoire national sous le prétexte de «reconstitution de ligue dissoute, préparation à la subversion et aux troubles publics».

Le prix payé par le parti dans la période 1957/1960 Abdoulaye Ly l’a bien apprécié dans ce qu’il y a appelé la saga du PAI en ces termes : «les arrestations, les détentions et condamnations allaient se succéder, dénoncées par de multiples tracts (ronéo) et Momsarev. La vague déferlante culmine aux arrestations du 31 Juillet 1960, dont celle de Majhmout Diop, lors des incidents de Saint-Louis, où l’on compte de nombreux blessés (dont un gendarme qui décéda)».

- la désastreuse mise en application de la décision prise par la direction du parti de préparer et d’engager la lutte armée qui a entraîné une véritable chasse aux sorcières contre le parti à travers tout le territoire national. Le camarade Sadio Camara le décrit en ces termes : «dans cette période des centaines de militants et sympathisants ainsi que de simples compatriotes sans aucune liaison avec la politique, furent arrêtés , torturés à l’électricité et condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, comme entre autres, feu Bara Goudiaby, Charles Gueye, Saydou Ndongo etc.». Cette situation entraina la rupture totale entre Majhmout Diop, en exil et le reste de la direction à l’intérieur jusqu’en 1967 où lors d’une conférence nationale rectificative Majhmout Diop et l’ensemble des membres du comité central furent suspendus de leurs fonctions. Majhmout Diop premier secrétaire fut remplacé par Seydou Cissokho.

 

Ces différentes épreuves subies par le parti ne l’ont pas laissé intact au plan organisationnel. La différence d’appréciation de cette réalité sur le terrain ainsi que les répercussions des scissions intervenues sur le plan international ont eu pour résultat l’éclatement de ses rangs et l’apparition, sur la scène de l’action politique, de nouvelles organisations mises sur pied par des camarades qui sont entrés en rébellion contre la ligne développée par les dirigeants. Parmi ces organisations on peut citer le Parti communiste sénégalais (PCS), la ligue démocratique, le PAI/Rbs (Rénovation béni de Senghor).

 

A ces partis issus directement du PAI historique il faut ajouter ceux apparus après 1970 dans les milieux étudiants qui avaient opté pour le maoïsme comme XAREBI, Andjëf, MJML (Mouvement des jeunes marxistes léninistes).

 

Ainsi, au plan interne, il apparait clairement que c’est en analysant correctement les péripéties de la vie active du PAI de 1957 à nos jours qu’on peut comprendre la configuration actuelle de la gauche historique telle que nous la vivons présentement et telle qu’elle est reflétée par la composition des différentes délégations réunies aujourd’hui autour de cette table.

 

Les facteurs externes peuvent être présentés sous deux grandes rubriques : la portée historique du 20e siècle et les métamorphoses du mouvement communiste international.

 

Le 20e siècle est un siècle d’accélération de l’histoire de l’humanité. Il a fait faire à celle-ci des pas de géants dans sa marche vers les sommets du progrès en lui permettant d’enregistrer des acquisitions, dans tous les domaines de l’activité humaine, plus nombreuses et plus décisives que toutes celles qui ont été engrangées lors des dix neuf siècles qui l’ont précédé.

 

L’explication est essentiellement politique. Le 20e siècle a été le siècle de la gauche. Tout ce qu’y a été pensé, conçu, construit et réalisé l’a été en fonction de la gauche. L’essence de la théorie et des idées de gauche qui est le marxisme-léninisme a été l’axe central du 20e siècle.

Tout s’y faisait pour ou contre la gauche, pour ou contre le marxisme-léninisme.

 

Parce que la caractéristique fondamentale de ce siècle réside dans la nature de classe de la révolution victorieuse intervenue en Octobre 1917 en Russie. Ce fut un véritable séisme dont le degré de magnitude sur l’échelle de Richter n’a jamais été atteint. Une révolution de nature inédite intervenue en Europe dont les principales puissances trônaient sur de vastes empires s’étendant sur des continents entiers.

 

Cette révolution fut la révolution bolchévique dont Lénine donnait l’essence en ces termes : «le pouvoir des soviets a renversé les propriétaires fonciers et les capitalistes et il défend fermement le peuple contre leur tentative de restauration» et il ajoutait en précisant «le pouvoir des soviets est pour les travailleurs contre les spéculateurs, les propriétaires fonciers, les capitalistes, les gros agrariens».

 

Dès lors le siècle était parti pour la violence car, au plan mondial, l’ensemble des «spéculateurs, des propriétaires fonciers, des capitalistes et les gros agrariens» allaient se liguer pour tuer dans l’œuf cette révolution qui était une véritable peste  pouvant les emporter tous dans l’abîme. Leur détermination fut renforcée en 1922 avec la création de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Comme la nuée porte l’orage, le 20e siècle était porteur de violence. Il n’était pas question de laisser prospérer l’exemple mais de l’éradiquer par tous les moyens. Toute l’histoire du 20e siècle a été ainsi une histoire de la lutte des classes à l’échelle internationale.

 

Tout le long du siècle la bourgeoisie capitaliste et le prolétariat se sont livrés un combat sans merci. Tout ce qui a été entrepris durant le siècle l’a été dans ce cadre. En matière d’affrontements il y a eu :

- les deux guerres mondiales, la guerre d’Espagne et les guerres de libération nationale

- au plan diplomatique, la Société des Nations (SDN), l’Organisation des Nations Unies (ONU), le conférence de Yalta, la conférence de Bandoeng, le Mouvement des non alignés

- au plan militaire et de la sécurité, l’OTAN, le Pacte de Varsovie, la CIA, le KGB

- au plan économique, l’OCDE, le CAEM (COMECOM), le Plan Marshall, la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC

- au plan scientifique l’invention de la bombe atomique, la conquête de l’espace et la révolution numérique base des nouvelles technologies de l’information et de la communication (INTIC). Et les concepts qui sont le fruit de cette réalité et qui ont noms : guerre froide, rideau de fer, dissuasion nucléaire, nazisme, fascisme etc..

 

La guerre était totale et l’objectif programmé était de détruire les forces de la gauche sur tous les continents et dans tous les pays où existait un embryon d’organisation de cette gauche.

 

Les prisons, les massacres, les répressions leur étaient destinés et aucun pays n’était épargné. Le PAI et les forces de gauche de cette partie de l’Afrique ont eu leur part du lot qu’a été la répression féroce qui s’est abattue sur eux appliquée par les agents du camp des «spéculateurs, des propriétaires fonciers, des capitalistes et des gros agrariens».

 

Le bilan des sacrifices consentis par les militants de gauche à travers le monde, du nombre de vies qu’ils ont perdues dans leur engagement pour la cause des travailleurs reste à faire.

 

A titre illustratif pour notre pays les chiffres ci-après révélés par feu Maître Babacar Niang sont éloquents : «du mois de mars 1962 au mois d’octobre 1975, la juridiction d’exception sous Senghor a prononcé plus de trois cents (300) années d’emprisonnement, plus de deux cents (200) années de travaux forcés à temps, plusieurs condamnations à perpétuité, dont deux condamnations à mort exécutées. »

 

Les métamorphoses du mouvement communiste international se manifestent par sa victoire éclatante au début du siècle (Octobre 1917) et sa défaite retentissante à la fin de celui-ci (1991) avec la dislocation de l’URSS. Malheureusement, jusqu’à présent, aucune instance ne s’est saisie de la question pour en faire le bilan, la critique et l’autocritique.

 

Comment expliquer qu’après Octobre 1917, la création de l’URSS en 1922 et l’extension du camp soviétique à la fin de la seconde guerre mondiale avec l’avènement des démocraties populaires, la victoire de la révolution chinoise en 1949, celles du Vietnam et de Cuba, l’impérialisme ait réussi à défaire le bloc soviétique et à porter un rude coup à la gauche en général à travers le monde entier. Chercher à répondre  à cette question est le début de la critique et de l’autocritique de la pratique des dirigeants des pays communistes durant le 20e siècle.

 

Quand le camp ennemi renforçait son unité en reconnaissant le leadership du plus puissant et en se rangeant comme un seul homme derrière lui, le camp soviétique se fissurait et se disloquait au fur et à mesure que le siècle avançait. Ses dirigeants ont privilégié les intérêts nationaux sur ceux de l’internationalisme prolétarien.

 

Leur subjectivisme aidant, le culte de la personnalité s’est installé et l’ensemble du système étatique s’est mis à fonctionner autour du chef au détriment des intérêts de la classe ouvrière et des peuples. La critique n’était plus tolérée et le front théorique de l’action politique était déserté. La maladie des « ismes » s’est emparée du système et a permis à l’ennemi de s’engouffrer dans les fissures pour l’achever. Ce fut la période du stalinisme, du maoïsme, du trotskysme, du castrisme, du gauchisme qui distendait les fils du système et accentuait sa faiblesse face à un ennemi puissant et uni. (Cf le travail théorique abattu par Lénine avant la révolution d’Octobre 1917 et l’absence de critique théorique du système dès son installation.) Le système s’est refermé sur lui-même et les dirigeants chargés de le conduire et de l’animer en ont fait un produit fini bon pour leur propre consommation. Et plus ils en abusaient, plus le système se vidait de sa substance et prêtait ainsi le flanc à l’ennemi qui n’avait d’autre objectif que de l’abattre.

 

Le système s’est plus préoccupé de l’économie que des libertés qui sont pourtant fondamentales pour l’homme quelle que soit son appartenance de classe. Le système s’est investi plus pour la satisfaction des besoins physiologiques que pour celle des besoins psychologiques Ce déficit a été largement exploité par l’ennemi qui en a fait son cheval de bataille.

 

La même remarque peut être faite à l’égard des dirigeants du mouvement de libération nationale qui ont détourné ses victoires de leurs objectifs pour la satisfaction de leurs propres intérêts. Dans les faits ils sont aujourd’hui à la solde de l’impérialisme et du néocolonialisme contre les intérêts de leurs peuples qui continuent de subir l’oppression et l’exploitation néocolonialistes. Il est incompréhensible que le camp des exploiteurs ait remporté le combat pour les libertés contre les communistes.

 

C’est le contraire qui devrait se produire quand on donne tout son sens à l’objectif du communisme qui est le «dépérissement de l’Etat» devant se traduire concrètement par «l’administration des choses à la place de l’administration des hommes». Le fameux mur de Berlin devait aller en sens contraire. C’est du camp occidental que le mouvement devait partir vers le camp des vraies libertés que devait constituer le bloc soviétique.

 

C’est le résultat catastrophique des politiques fondées sur le culte de la personnalité qui explique cette malheureuse situation et l’échec total intervenu en 1991 entraînant le recul des forces de gauche et l’irruption triomphante du libéralisme à l’aube du 21e siècle. Le résultat concret est qu’en  ce début du 21e siècle trônent sur la planète deux internationales. L’Internationale libérale et l’Internationale socialiste qui est la droite de la gauche et qui, dans l’exercice du pouvoir, se comporte en auxiliaire attitré du libéralisme. D’où la nécessité de travailler à l’avènement d’une internationale politique des peuples. Internationale politique pour marquer la différence avec le mouvement des altermondialistes qui pêche beaucoup par amateurisme, individualisme, spontanéisme et actions d’éclat qui ne se traduisent pas par des victoires pouvant entraîner l’avancée de la prise de conscience des peuples. Donc une Internationale des peuples constituée de partis politiques nationaux capables de prendre en charge la conduite organisée de la lutte des peuples à la victoire.

 

La gauche a perdu une bataille mais elle n’a pas perdu la guerre. Certes, les pertes qu’elle a subies ont été lourdes, mais les perspectives lui restent favorables. Car l’ensemble des peuples de la planète souffre et continue d’être marginalisé et de subir l’exploitation et l’oppression des impérialistes et des néocolonialistes.

 

Sa mission historique est de rassembler ses forces, d’unir ses rangs et de reprendre la lutte dans les conditions concrètes de ce début du 21e siècle pour qu’en sens inverse, sa faiblesse constatée au début du siècle se transforme en une grande, totale et définitive victoire à sa fin en intégrant toujours dans l’action les deux caractéristiques fondamentales qui accompagnent le siècle : la mondialisation et le règne absolu de l’information.

 

La gauche sénégalaise, qui en est un détachement, doit jouer sa partition dans ce grand concert international.

 

C’est l’objet de la conférence nationale à laquelle nous convions tous les militants de gauche de notre pays pour trouver les voies et moyens pouvant permettre de mettre définitivement fin à l’émiettement de nos rangs par la création d’un grand parti qui prendra en charge le projet de société de la gauche et la direction de la conduite des luttes du peuple sénégalais jusqu’à la victoire sur ses ennemis.

 

Les voies de l’unité sont ouvertes et les formes diverses. Lesquelles ou laquelle faudrait-il retenir en fin de compte ?

 

L’alliance, l’union, la fédération, la confédération, le front, l’unité d’action, le pool, le rassemblement, ou un grand parti ?

 

Le choix final appartient aux organisations et militants de gauche qui vont se retrouver en conférence nationale souveraine dont la préparation est l’objet de notre rencontre d’aujourd’hui.

Le minimum qui devrait sortir de cette conférence est la mise sur pied d’une forme de coordination de toutes les forces de gauche pouvant mettre fin à leur éparpillement dans les différentes coalitions (Front siggil senegaal, ICR/Bennoo, Benno Siggil Senegaal, etc.). Cela est bien possible si l’on tire les leçons des expériences du passé. Le Comité national de pilotage qui sera installé à la fin de nos travaux aura la mission de tout mettre en œuvre pour la tenue de cette conférence.

 

Camarades, l’histoire de notre pays et les conditions de vie dégradées de notre peuple nous interpellent tous. Le passé de la gauche historique tel que nous venons de le rappeler et les crises multiples qui se manifestent sur le plan international avec leurs répercussions néfastes sur le plan national nous interpellent  également et surtout notre jeunesse.

 

Pour cette fois-ci nous n’avons pas le droit de décevoir.

 

Débarrassons-nous de tout ce qui divise pour ne nous en tenir qu’à l’essentiel, l’unification de la gauche historique.

 

Merci camarades.

 

 

Alla Kane

membre du Comité National Préparatoire (CNP)

 

Commémoration du Cinquantenaire du Manifeste du PAI

(15 Septembre 1957–15 Septembre 2007)

Colloque International sur le thème : «réalité du Manifeste du PAI au XXIème siècle.»

Comité National Préparatoire (CNP)

BP : 1600 Dakar RP - Tél / Fax : 0022133860 25 43

E-mail cinquantenairemanifestepai@yahoo.fr

 



11/10/2017
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