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LIVRE DE SADIO CAMARA : CHAPITRE VIII : LA LUTTE POUR L’INSTAURATION DES LIBERTES DEMOCRATIQUES ET LE RETOUR DU PARTI A LA VIE PUBLIQUE : 1972- 1981

LA MALADIE DU CAMARADE SEYDOU CISSOKHO ET SA SORTIE DU PAYS POUR DES SOINS A L’ETRANGER

 

Bien avant la tenue de 2éme congrès, certains d’entre nous savaient que Seydou CISSOKHO était atteint de tuberculose.

 

En effet, sur notre insistance, il s’était fait consulter par un de ses amis, le Docteur Moustapha DIALLO, Médecin en service à la clinique de la Caisse de Sécurité Sociale. Ce dernier l’envoya auprès d’un de ses collègues de la Polyclinique de Tilène, Spécialiste des maladies pulmonaires. Celui-ci s’acquitta volontiers de la tâche. Il le consulta consciencieusement et lui fit faire la radio de ses poumons. Les résultats confirmèrent les soupçons du Docteur Moustapha DIALLO, à savoir que Seydou avait la tuberculose.

 

Ensuite, Seydou nous informera lui-même de sa maladie et nous montrera le cliché avec les points sombres, signes évidents du degré avancé de la maladie.

 

Personnellement, je n’étais pas surpris. Je soupçonnais fortement que le camarade avait cette maladie. Quand il venait à Dakar, je passais le plus grand temps avec lui (par rapport aux autres responsables). En effet Seydou et moi, nous partagions la même chambre, cela depuis 1967, à Dakar. Au cours de notre cohabitation, j’avais remarqué que le camarade Seydou ne pouvait pas dormir dans une salle fermée, il toussait atrocement et nous étions obligés d’ouvrir les fenêtres. Alors sa toux se calmait et il dormait. En outre, sa toux était accompagnée de fortes fièvres. Pour moi, c’était là des signes probables de la tuberculose.

 

La recommandation du Médecin traitant était d’opérer Seydou dans la mesure du possible. Il s’exprimait ainsi parce qu’il reconnaissait Seydou et savait qu’il était recherché par les services de sécurité du régime.

Seydou lui-même le reconnaissait également. Mais tous les deux faisaient comme s’ils ne se connaissaient pas. Et Seydou nous disait, tout en se marrant : «nous nous sommes bien reconnus, mais nous faisions comme si nous ne nous connaissions pas».

 

Mais en attendant cette opération suggérée, le docteur Pape KANE lui avait donné des médicaments, prescrit d’autres et lui avait fixé un calendrier de contrôle dans son cabinet.

 

Nous avions donc examiné la possibilité de faire opérer le camarade Seydou. A cet effet, nous avions mené des recherches dans deux directions : dans un hôpital de Dakar ou de Bamako. A l’époque, nous ne pouvions pas nous adresser à un parti frère.

 

Au début de l’année 1973, la possibilité se présentait à nous d’envoyer le camarade Seydou à Moscou. Nous avions choisi cette possibilité parce qu’elle nous offrait plus d’assurance au plan de la sécurité et au plan de la qualité de l’opération et des soins. Il avait fallu batailler six mois durant avec Seydou pour le décider à partir. Sans l’exprimer, il se souciait plus de ce que deviendrait le parti sans lui. Il n’avait pas suffisamment confiance en nous qui restions, dans notre capacité de diriger le parti en son absence.

 

En famille (photo prise en 1974) Au dernier plan, debout : Mariama DIANKIN (notre nièce) -

Au second plan, assis, Mr et Mme CAMARA -

les enfants, de gauche à droite : Tikhida, Kany et Sambou (sur les genoux de sa mère)

 

Sadio CAMARA et Seydou CISSOKHO en 1976 à Moscou

 

 

Seydou avec les enfants de Sadio CAMARA en 1984 :

devant, de gauche à droite : Sambou et Sara. A droite de Seydou : Tikhida, à sa gauche Kany

 

 

C’était là un défaut commun aux chefs africains. Ils se croient indispensables tout en oubliant ou en ignorant deux choses élémentaires :

- Nul n’a jamais toujours existé, ce qui n’a pas arrêté la marche de l’humanité :

- Nul n’est éternel et sa disparition ne ferait pas arrêter pour autant la marche du monde

 

En fin de compte, le Camarade Seydou CISSOKHO, d’un commun accord, quittera le Sénégal en juillet 1974 pour Moscou, via Bamako.

Le camarade Mady DANFAKHA l’accompagnera jusqu’à Kidira, village frontalier avec le Mali.

 

Deux jours avant son départ, le camarade Seydou CISSOKHO vint passer deux jours et deux nuits chez moi, à Pikine, dans ma famille.

L’objectif de ce séjour consistait à m’indiquer les différents documents et les lieux où ils étaient planqués, à me remettre d’autres nécessaires aux activités courantes du parti et quelques effets personnels notamment un petit poste radio dont il se séparait pour la première fois. Il me donna des conseils pratiques, et m’indiqua les modalités de contact avec sa famille, des correspondances avec lui. C’était en quelque sorte, une passation de service.

 

Au petit matin du troisième jour, Seydou me quitta. Il serra la main à chacun de mes enfants, à ma femme et à moi-même. Il prit longuement dans ses bras ma fille Kanny pour qui il avait une grande affection. En général, en de pareilles circonstances, les personnes concernées manifestent des émotions. Ce n’était pas le cas pour nous ce jour là. Ma famille et moi, nous étions heureux de le voir partir enfin pour se soigner en nourrissant le souhait de le revoir guéri parmi nous. Ce devait être le cas pour lui  également : heureux d’aller se soigner et se retrouver parmi nous en bonne santé….

 

En partance pour des soins à l’étranger, Seydou nous avait confié sa famille comprenant son épouse Kadidia CISSOKHO et leurs six enfants à savoir Siga, Mamadou, Maïmouna, Salimata dite Ntama, Moussa et Maréme.

 

La dame habitait, avec ses enfants, chez son père au quartier «Bountou Dépôt» de Thiès.

L’aîné des enfants, Khassé, alors instituteur avait abandonné la famille pour militer dans le parti And-Jèf (AJ) et alla s’établir à la campagne, quelque part au Sénégal, pour sensibiliser et mobiliser les paysans pour la révolution». Sa mère, ses frères et sœurs avaient perdu ses traces et n’avaient plus de ses nouvelles jusqu’en 1981, donc plus de sept ans.

 

Durant toute la période de l’absence de Seydou du territoire national, de 1974 à 1981, le parti s’était bien occupé de sa famille en lui assurant une assistance aux plans matériel, financier et des aides ponctuels à l’occasion des fêtes de tabaski et de la Korité, de l’ouverture des classes et même des ordonnances médicales. Babacar SY et moi-même, Sadio CAMARA, étions chargés de cette tâche et nous nous en acquittions à la grande satisfaction du parti. Boubou CISSOKHO, neveu de Seydou, habitant dans le quartier «Grand Thiès» servait de liaison entre nous et l’épouse de Seydou.

 

Dans nos activités de liaisons avec la famille des camarades et autres pour la remise de sommes d’argent, des vivres, etc.…, Boubou CISSOKHO était l’un des rares qui nous avait laissé une forte impression comme un homme de droiture et d’honnêteté sans faille. Tout ce que nous lui remettions, arrivait intégralement et ou intact à la dame Kadidia. Nous lui exprimons ici nos sincères félicitations et nos remerciements infinis.

 

Siga n’a pas pu aller au-delà de l’école primaire et en est sortie sans obtenir  le diplôme qui sanctionne ce cycle à savoir le Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires (CEPE). A la demande de son père, le parti l’a envoyée dans l’ex-Union Soviétique pour apprendre le métier d’aide infirmière. A son retour au pays, toujours avec l’aide du parti, elle a pu s’insérer dans une structure sanitaire de la commune de Dakar.

 

Quant à Mamadou, il a été renvoyé en cours du cycle secondaire. Admis à l’examen d’entrée en sixième, à ce titre, il fréquentait «le collège château d’eau» de Thiès. Il en a été exclu pour avoir falsifié ses notes du bulletin de fin d’année scolaire. Alors, à l’initiative du parti, il a été envoyé en Union Soviétique pour apprendre un métier. A son retour également, il a pu trouver un emploi avec l’aide des Camarades.

 

Seydou est de retour de ses soins à l’étranger fin Septembre début Août 1981. C’est alors que son fils aîné, Khassé, a fait son apparition dans sa maison avec une femme sénégalaise et deux enfants. A l’époque, il venait d’être révoqué de l’Enseignement pour absentéisme et aussi avait des problèmes avec A.J., son parti. Après moult interventions des parents, Seydou a fini par l’accepter dans sa famille. Ensuite, il demandera au parti de l’aider à lui trouver une bourse d’études dans l’ex-Union Soviétique, cela malgré son âge avancé. Ce qui sera fait. A son retour au pays, il viendra avec une femme soviétique et deux à trois enfants.

 

Tout ceci pour dire combien le PAI-Sénégal s’est bien occupé de l’épouse de Seydou et de ses enfants pendant la période de son absence du pays pour des raisons de santé. Aucune famille d’aucun dirigeant du parti n’a eu à bénéficier d’une telle solidarité. Même avant et après le décès de Seydou, son épouse et ses enfants, majeurs ou non, étaient à la charge du parti. Si je m’appesantis sur cette question d’assistance et d’aide à la famille de Seydou, et cela malgré moi, parce que son fils ainé Khassé a prétendu dans la presse que sa maman aurait été abandonnée par le parti.

 

 

 



03/10/2017
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