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Etat des lieux de la gauche sénégalaise

 

La table ronde qui nous réunit ce matin a pour thème : l’Unification de la Gauche Sénégalaise Pourquoi ? Trois contributions seront présentées à titre  d’introduction aux débats. Je suis chargé d’introduire la contribution intitulée : «L’Etat des Lieux de la Gauche Sénégalaise».

 

Dans le document final synthétisant les conclusions des débats qui ont nourri les différentes rencontres de la gauche historique rendu public par le Mouvement des Assises de la Gauche on peut lire une caractérisation de l’état des lieux de la gauche formulée en ces termes : «la gauche sénégalaise est divisée et émiettée;

Elle est fragilisée par ses querelles intestines ;

Elle a été souvent aveuglée par son inféodation aux divers courants du mouvement communiste international et par son manque de maîtrise des réalités nationales ;

Elle est handicapée par sa rigidité et son sectarisme ;

Elle est sans ancrage solide et profond dans les masses populaires du pays ;

Ces nombreux goulots d’étranglement l’ont conduite fatalement à jouer le rôle d’ « éternel faiseur de roi ». Elle soutient et propulse au pouvoir ses ennemis de classe qui par le passé ont toujours empêché son déploiement et qui n’hésitent pas une fois aux commandes de lui opposer la répression ou l’ostracisme les plus féroces pour gêner sa marche en avant »

 

Cette caractérisation emporte notre adhésion car aussi bien l’état d’organisation de la gauche, ses causes comme les conséquences qui en découlent, tout y est.

 

La gauche sénégalaise est divisée et émiettée. Ce constat est indéniable. La dispersion de ses rangs est le phénomène le plus visible sur la scène politique. Aujourd’hui plus d’une dizaine de partis politiques se réclament de cette gauche. Entre autres on peut citer les suivants : AJ/PADS ; APL/ Dogg buumu gacce ; Ferñent/MTP-S ; la LD ; le MPC ; le MRG, le MSU, le PAI, Le PIT, le RND, le RTA/S ; UDF/Mbooloo-mi ; Yoonu askan wi/MAP. Une constellation de partis de gauche qui se télescopent sur le champ politique, plus prompts à s’allier à l’ennemi commun, qu’à s’aménager des espaces de rencontre et d’unité pour renforcer  leur capacité d’intervention pouvant leur permettre d’enregistrer des victoires décisives sur le chemin de la transformation sociale.

 

Cette dispersion des rangs de la gauche  a des répercussions fâcheuses au plan des luttes  sociales avec la présence sur le terrain syndical de plus de dix huit centrales syndicales.

 

Les causes essentielles de cet état de fait sont recensées par le document en relevant les querelles intestines, l’inféodation aux divers courants du mouvement communiste international, l’absence de maîtrise des réalités nationales ainsi que celle d’un ancrage solide et profond dans les masses populaires.

 

On peut y ajouter la négligence de la formation idéologique et   théorique des militants, le renforcement du révisionnisme et de l’opportunisme dans les rangs et, depuis la chute du mur de Berlin, la dislocation du camp socialiste avec l’installation du néocolonialisme dans les pays anciennement colonisés comme le nôtre.

 

Cet état de fait qui traduit  l’éparpillement des organisations de la gauche les contraint  à intervenir de manière  isolée et parcellaire sur la scène politique. Ce qui correspond à un gaspillage immense des énergies qu’elles déploient régulièrement  avec générosité, engagement, conviction et abnégation sans pour autant en récolter les fruits qui devraient en résulter.

 

La conséquence fatale de cette situation qui perdure est le rôle d’ « éternel faiseur de roi » qui leur est assigné et qui les amène à soutenir et propulser au pouvoir leurs ennemis de classe qui par le passé ont toujours empêché leur déploiement et qui n’hésitent pas une fois aux commandes de leur opposer la répression  ou l’ostracisme les plus  féroces pour gêner leur marche en avant.

 

Le mal de la gauche sénégalaise est donc connu et bien identifié. Malgré tout, il persiste avec son cortège de malheurs au plus grand dam de notre peuple toujours à la merci de ses exploiteurs.

Face à cette situation catastrophique deux attitudes sont possibles : observer, laisser faire et contribuer ainsi à la persistance du statuquo, ou, s’engager, se mobiliser, œuvrer et agir pour l’éradication du mal. La première attitude contribue à renforcer le pouvoir en place, soit en l’intégrant sous le prétexte d’une alliance stratégique, soit en position d’opposition, mais sans lendemain, parce que dispersée et minoritaire ; dans les deux cas le résultat reste le même : diviser la gauche, renforcer le pouvoir en place et prolonger la misère du peuple. Tandis que la seconde attitude conduit à la rupture en vue de mettre définitivement fin à l’état d’impuissance des forces de gauche caractérisé par l’émiettement de leurs rangs.

 

La raison de notre interrogation : l’Unification de la Gauche Sénégalaise  Pourquoi? Tire sa justification de cette situation. Le mal n’a que trop duré et il urge d’y mettre fin pour donner à la gauche les moyens de pouvoir  remplir avec succès la mission que lui assigne l’histoire. Cette gauche qui a joué un rôle indéniable dans l’évolution progressiste de notre pays. Cette gauche au passé glorieux se doit de retrouver son unité qui lui a permis d’enregistrer des acquis inscrits en lettres d’or sur les pages de l’histoire de notre pays.

 

Cette gauche qui, dès la fin de la seconde guerre mondiale, a organisé et engagé l’action pour le progrès de notre pays et la libération de notre peuple en mobilisant les masses populaires à travers leurs organisations de lutte : CGT, CGTA, UGTAN pour les travailleurs ; FEANF, UGEAO, Conseil de la jeunesse, RJDA pour les jeunes ; UDS et PAI au plan politique.

C’est cette gauche qu’il faut faire revivre.

 

Une gauche de combat, offensive, organisée qui pose les problèmes dans leurs vraies dimensions. Une gauche qui organise, éduque, conscientise et mobilise les masses populaires contre leurs exploiteurs. C’est cette gauche qui est la garantie d’un avenir radieux pour notre pays parce qu’elle est  la seule à pouvoir réaliser le projet de développement réel capable de sortir  notre peuple de la misère, de  la faim, de la maladie et du désœuvrement, de par ses valeurs d’abnégation de don de soi, d’esprit de sacrifice et de partage, de respect religieux, de l’intérêt général, de générosité et d’engagement profond pour la justice, l’égalité, le progrès et la démocratie.

 

C’est cette gauche qu’il faut reconstruire, l’heure n’étant plus au renforcement des partis existants individuellement qui ont objectivement fait le plein et atteint leurs limites . L’heure est à leur unification pour la construction d’une grande organisation unie, populaire, massive, combative et productive, seule capable de réaliser l’alternative de gauche au bénéfice des masses travailleuses.

 

Comment ? Par quelle voie ? Dans quelle direction ? Sous quelle forme ? Selon quelles modalités ? Tous les militants de gauche, hommes, femmes et jeunes, organisés ou non, actifs ou non,  sont interpellés.

 

Cette table ronde et la série de conférences publiques programmées qui vont suivre sont une réponse à cette interpellation. La tenue de la conférence nationale de la gauche à laquelle s’attèlent le Comité national préparatoire et son secrétariat exécutif en est une modalité concrète.

 

Le Secrétariat exécutif lance un appel militant à tous ceux et celles que préoccupe sérieusement l’état de paralysie dans lequel se débat la gauche sénégalaise dû au fait de  l’émiettement de ses rangs et du chauvinisme de clocher qui sous-tend ses interventions sur la scène politique, à se joindre à l’initiative.

Avril 2010

Par Alla Kane pour le SE/CNP/CNG

 



07/08/2017
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