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VERS L'ORGANISATION : COMPRENDRE POUR ALLER DE L'AVANT !  

Ce texte fut élaboré dans le courant du mois d'Août 1994, comme un premier bilan politique  de l'activité d'organisation autour de la Déclaration d'intention du Comité National des sympathisants de Ferñent.

1983-1993: dix ans d'expériences de travail autour de Ferñent amène aujourd'hui notre  courant politique à poser la nécessité « d'assumer entièrement nos responsabilités historiques» pour l'accomplissement de la tâche «d'édifier une force face à ce monstre qu'est l'impérialisme devenu plus arrogant que jamais du fait de la destruction du camp du progrès, du socialisme et du triomphe des forces de la raison dans le monde, et devant la démission des forces qui prétendaient le combattre» (Déclaration d'intention).

 

Pour mener à bien cette tâche, il nous faut cerner les conditions historiques et les difficultés auxquelles nous sommes confrontés afin d'y remédier le plus  efficacement possible.

 

L'offensive semi-coloniale contre le peuple

 

A partir de 1979, notre pays a inauguré en Afrique, les politiques anti-populaires et anti-nationales des institutions de Bretton Woods avec quatre plans successifs d'ajustement structurel jusqu'en 1992. Le nouveau credo libéral, « moins d'état, mieux d'état », fut mis au devant dans le but de faire payer au peuple les dettes de l’État PS. Le désengagement de l’État des secteurs vitaux , notamment de la santé et de l'éducation, puis  les méthodes de prélèvements indirects avec les hausses continuelles des prix, les suppressions des subventions d'état, les taxes diverses et autres politiques fiscales vont servir à piller le peuple.

 

Pendant ce temps, les privilèges indus des hommes au pouvoir seront préserver et même accrus et les remboursements exigés par le FMI et la Banque Mondiale, entre 1985 et 1992, vont osciller entre 50% et 35 % des recettes publiques, et cela suite à neufs rééchelonnements des échéances accordées par le Club de Paris. Mais en août 1993, cette fiscalité indirecte pour faire rendre gorge au peuple va être remplacée par le « plan d'urgence » qui ponctionne les salaires des travailleurs du public de 15% et du privé de 4%.

 

Toutefois, les deux prédateurs qui n'ont cessé de creuser le trou sans fond du trésor public sénégalais que sont les créanciers usuriers impérialistes et les gouvernants semi-coloniaux repus vont, six mois après le tristement célèbre « plan Sakho-Loum », imposer aux régimes serviles de la zone Franc une  dévaluation de 50% du franc CFA. D'autres dévaluation sont en vues.

 

Capitulation face à l'impérialisme et consensus politique contre le peuple

 

La réaction du peuple ne devait pas tarder. En 1988, les élections truquées furent  le détonateur qui embrasa le pays et un bras de fer quasi-permanent l'oppose depuis lors au pouvoir esclavagiste d'A. Diouf.

 

Mais en avril 1989, le régime utilise les tragiques événements raciaux en Mauritanie et au Sénégal pour mousser un chauvinisme basé sur une soi-disant « menace extérieure » et proposer le « consensus national », le PDS, parti bourgeois libéral pro-impérialiste enclin par nature de classe aux compromissions, s'y engouffre et troque sa capitulation contre trois portefeuilles ministériel. Les révisionnistes du PIT en feront de même, avec 1 portefeuille ministériel; puis après les élections, tout aussi truquées de 1993, c'est au tour de la LD/MPT.

 

Ces ralliements successifs surviennent à un moment où jamais dans l'histoire politique de notre pays, le régime semi-colonial PS n'a connu un discrédit aussi grand. Plus personne au Sénégal, ne s’illusionne sur la nature apatride, corrompue, népotiste, gabegique et tricheuse du pouvoir PS.

 

Mais, l'opposition libérale  en particulier constitue encore  une « force tampon » entre le pouvoir et les masses, créant toujours des illusions qui maintiennent dans ses rangs des éléments combatifs. Les révisionnistes maintiennent dans certains secteurs de la classe ouvrière une certaine influence, qui constitue elle aussi un obstacle au ralliement des éléments ouvriers d'avant-garde.

 

D'autre part, si la frontière du «  consensus » s’arrête pour l'instant  à ces partis, il faut  signaler que même si certains s'acquittent encore de la tâche de résistance à la politique FMiste du pouvoir, une dangereuse dérive droitière gagne des composantes de gauche de l'opposition actuelle. Ainsi la nécessaire rupture avec l'impérialisme, hier position largement partagée au sein de diverses organisation de gauche, est aujourd'hui remise en cause sous prétexte que le « FMI et la Banque Mondiale sont incontournables ».

 

De même, le déferlement des images de bombardement de l'Irak, l'arrogance grandissante de l'impérialisme qui régente le monde, tendent à incruster dans l'esprit des masses l'idée de «  l'invincibilité » de l'impérialisme. Et c'est terrible de voir une relative  combativité de certaines formations de l'opposition tournées vers l'objectif d'une «conférence ou d'une concertation nationale» y compris avec le PS au lieu d'une lutte sans merci pour le renversement de ce régime décrié.

 

Provocation et répression : méthodes de gouvernement

 

En plus de la politique du «consensus», c'est de plus en plus le recours du pouvoir à  la répression pour s 'imposer au peuple. La propagande impérialiste s'est  évertuée jusqu'ici à présenter le Sénégal comme le modèle réussi de la «  démocratie » en Afrique et cette  illusion  persistante au sein de l'intelligentsia petite-bourgeoise était confortée par la comparaison avec les dictatures fascistes sévissant en Afrique.

 

La légende chauvine façonnée par le colonisateur selon  laquelle le « Sénégalais est le plus civilisé le plus humaniste et le plus évolué » tendait aussi à conforter ce complexe idiot de « supériorité » que l'on  rencontre chez certains par rapport  aux autres frères  africains. C'est une des bases du «diviser pour mieux régner» de l'impérialisme.

 

Mais ce mythe colonial prend un coup terrible ces temps derniers avec l'option répressive ouverte du régime aux abois PS de A. Diouf. Les masses ouvrières et paysannes font l’expérience d'une répression d'Etat qui, au fur  et à mesure, prend un caractère barbare. Elles sont  entrain de faire l'expérience, avec une   forme plus  adoucie pour l'instant,  de ce que le peuple de Casamance  subit depuis 1982 avec  la brutale et macabre occupation militaire de leur pays. Rien que dans la dernière période, on peut citer les arrestations de dirigeants de l'opposition, les arrestations massives de manifestants et les pratiques dégradantes et sauvages de tortures jusqu'à mort d'hommes (Lamine Samb), les interdictions des manifestations de l'opposition et des syndicats, les ratonnades de gendarmes haineux contre les enseignants et étudiants, la brutale expulsion du campus des étudiants, etc.

 

Le pouvoir n'hésite même pas à organiser des provocations  meurtrières pour ensuite incriminer l'opposition. L'assassinat politique qui,  au sein du PS plonge ses racines historiques dans la période coloniale, est aujourd'hui utilisé comme méthode de sauvetage du pouvoir semi-colonial,  comme «technique» permettant de «légitimer» la répression policière, militaire et judiciaire contre les sections du peuple en lutte. L’État bafoue ses propres lois, celle de manifester, du droit de grève.

 

Le gouvernement PS-PIT-LDMPT ne souffre aucune contestation parce qu’il se sait assis sur une véritable poudrière dont les ingrédients sont les effets dévastateurs de sa soumission esclavagiste au diktat du FMI et de la Banque Mondiale. Un tel  pouvoir est capable d'une  aventure  extérieure pour se sauver de l'impasse explosive dans laquelle il est enfermé. L'exemple du différent avec la Mauritanie en 1989 l'atteste.

 

Face à ces politiques répressives dont sont victimes les masses, l'opposition apparaît comme impuissante; des manifestants croupissent en prison, pendant que les forces d'opposition en sont encore à définir et redéfinir des projets divers, y compris des projets d'entente avec le pouvoir. Le reflet inévitable d'une telle situation dans la conscience populaire, y compris dans celle  des  éléments les plus combatifs dans les luttes économiques, est que le pouvoir semi-colonial en place est, jusqu'à un certain point, «  invincible ».

 

Défaite temporaire du socialisme-communisme

 

C'est là une donnée importante et décisive à tenir en compte dans l'accomplissement de la phase organisationnelle que nous entamons. En effet, un peu partout à travers le monde, l'abattement, le découragement, le défaitisme se sont emparés de la majorité des forces et des  éléments qui aspirent à en finir avec le capitalisme et l'impérialisme.

 

Pire, la capitulation, les compromissions, les reniements et la trahison sont à la mode chez les charlatans qui, hier encore, quand formellement les pays socialistes étaient debout, hurlaient à qui voulaient les écouter leur  prétendue conviction communiste. Ces renégats « théorisent » même leurs forfaitures et déroutent ainsi les éléments sincères qui ont eu le malheur de croire en eux. Ils disent, comme le PIT et la LD/MPT, que  leur ralliement au PS est du au fait qu'avec la défaite du socialisme le «monde a changé de base». En fait, ce sont eux qui en ont profité pour «changer».

 

Mais durant  trente ans, depuis 1957, ce sont ces révisionnistes qui ont  été identifiés par la majorité des ouvriers comme les « représentants officiels du Marxisme-léninisme ». Certes une  partie des ouvriers d'avant-garde, parmi les plus clairvoyants, affichent un mépris de classe vis-à-vis  les bassesses des opportunistes et carriéristes du PIT et de la LD/MPT. Mais beaucoup sont dans le désarroi à cause de cette trahison qui survient au bout de trente années d'activité au nom du socialisme et du communisme. Il faudra  que par l'expérience, le temps et le développement de la crise du système semi-colonial et de l'impérialisme, qu'ils digèrent la déception qu'ils endurent.

 

Notre travail consiste à les aider aussi vite que possible par l'explication des causes de la défaite du socialisme entre autres et la prise en charge d'une alternative concrète. Mais en attendant  et avec patience nous devons affronter cette difficulté concrète inhérente à la période avec persévérance.

Hésitation, Anarcho-syndicalisme, Economisme et Panafricanisme Petit-Bourgeois

 

Notre travail autour de la Déclaration d'intention a révélé ces difficultés. Ces phénomènes sont accentués dans la période actuelle de la contre-révolution bourgeoise temporairement victorieuse. Ce sont  les péchés répandus suite à la longue période d'hégémonie du révisionnisme, de l'opportunisme ( PAI, PIT, LD/MPT) et des boss du PS de la «participation responsable» sur le mouvement ouvrier. De fait, le courant historique dont Ferñent est issu, le courant maoïste, n'a jamais su et pu pénétrer de manière significative la classe ouvrière et lutter contre l'influence des révisionnistes auprès des ouvriers d'avant-garde.

 

L'indiscipline et le manque d'engagement pratique  que l'on constate résultent des hésitations, de l'anarcho-syndicalisme, de l'économisme dont le reflet est le repli des cadres révolutionnaires potentiels dans les organisations défensives des masses, tels les syndicats. Il y a  une méfiance  vis à vis le politique en raison des déceptions suite aux capitulations et trahisons des partis révisionnistes.

 

En outre, chez nous plus qu'en occident ou dans les ex-pays socialistes, la fusion du socialisme scientifique et du mouvement ouvrier est un processus long et complexe qui passe par des étapes transitoires du fait  même  de l'arriération économique et sociale et de la « virginité » de la grande majorité de la classe ouvrière vis-à-vis du marxisme-léninisme. Au sein de la petite bourgeoisie intellectuelle «marxisme», la propagande impérialiste et bourgeoise selon laquelle le « marxisme-léninisme est étranger à l'Afrique » cause des dégâts incroyables. Il faut croire que le capitalisme «importé» par la colonisation est aujourd'hui un « corps étranger à l'Afrique ». Et les ralliements actuels au pouvoir de la bourgeoisie semi-coloniale parasitaire ne font qu'accentuer le désarroi et l'éloignement du socialisme scientifique.

 

Ainsi depuis des années, la préoccupation dominante est la recherche d'une « troisième voie » inexistante et chimérique sous le prétexte d'une «décolonisation idéologique au profit d'une idéologie authentiquement africaine». Au bout du compte, cette gesticulation débouche toujours sur une des multiples variantes bourgeoises et petites bourgeoise du Panafricanisme. Il nous faut propager le «Panafricanisme» de la classe ouvrière africaine comme seule véritable voie vers «l'union libre des peuples libres d'Afrique» (Thiémoko Garang Kouyaté).

 

Signalons que les révisionnistes (PAI, PIT, LD/MPT, les maoïstes) ont fait preuve d'une si grande incapacité d'user du socialisme scientifique comme d'un « guide pour l'action » (Lénine), d'une si grande impotence dans «l'analyse concrète d'une réalité concrète» (Lénine), que ce mensonge bourgeois et impérialiste présentant le communisme comme «étranger à l'Afrique» a pu  avoir jusqu'à un certain  point  prise sur une partie plus ou moins significative des ouvriers.

 

Il est probable que l'attentisme, le manque de confiance et l'hésitation vont caractériser notre classe ouvrière pendant un temps plus ou moins long. Les éléments les plus politiques ont été directement ou indirectement dans le giron des révisionnistes et des opportunistes traîtres. Le socialisme a été symbolisé par les partis révisionnistes. Et l'hypothétique « voie africaine du panafricanisme » sans contenu de classe est une voie de garage qu'expérimentent certains. Alors, il faudra que les ouvriers avancés digèrent les déconvenues suscitées par la trahison et la faillite complète du réformisme et du révisionnisme avant qu'ils ne puissent, à une vaste échelle, retrouver le chemin  de la lutte pour la constitution de la classe ouvrière en force politique indépendante dans notre pays.

 

Nos tâches dans ce contexte

 

Malgré le contexte difficile, de récents événements prouvent que l'impérialisme n'est pas ''invincible''. Ainsi la lutte armée du Front Patriotique Rwandais (FPR) a mis en  déroute les forces  fascistes armées et soutenues par les impérialistes français. L'insurrection populaire armée a triomphé des forces pro-impérialistes, malgré les insuffisances que l'on peut constater dans l'expérience rwandaise. La jonction des luttes paysannes et de l'insurrection  ouvrière : voilà la voie et la stratégie, et la seule, qui puisse venir à bout des forces impérialistes. C'est le message que nous véhiculons depuis dix ans. C'est aussi ce que montre, à bien des égards, la révolution inachevée au Mali qui a mis bas l'autocratie Moussaiste.

 

Il s'agit donc pour nous de mettre à profit les fruits tangibles de notre travail jusqu'ici, qui a forgé un courant politique repérable, reconnu et respecté comme tel et dont l'essence identifiée est son orientation de classe anti-révisionniste, anti-opportuniste, anti-réformiste, anti-impérialiste et internationaliste.

 

Nous  devons mettre l'accent dans la période présente sur notre politique des cadres. Il s'agit de rallier la fraction de l'avant-garde ouvrière susceptible par la théorie de rompre avec l'opportunisme et le défaitisme. Il s'agit de regrouper ceux qui, aujourd'hui éparpillés, cherchent une explication scientifique à ce qui est arrivé. L'étape à laquelle nous sommes est celle du rassemblement dans une organisation rigoureusement centralisée de l'ossature à partir de laquelle nous préparerons la phase ultérieure de conquête de l'ensemble de l'avant-garde ouvrière militante.

 

Nous devons faire partager à ceux qui cherchent une explication la vérité  matérialiste dialectique selon laquelle la défaite du socialisme est le résultat de l'effort conjugué de l'impérialisme et du révisionnisme. Que la désertion du PIT et de la LD/MPT vers le camp de la bourgeoisie compradore semi-coloniale est aussi une manifestation locale de la trahison révisionniste.

 

Mais même ce travail de constitution du noyau directionnel, de l'ossature plus ou moins large bien implantée dans la  classe ouvrière n'est pas une mince affaire, car ceux qui sont susceptibles d'en faire partie ne sont pas exempts des handicaps inhérents à la période de contre- révolution actuelle. Ainsi nos propres cadres ne sont pas exempts de certains préjugés et conceptions petits-bourgeois qui imprègnent jusqu'à un certain point notre classe ouvrière. Une lutte vigoureuse est indispensable, au plan idéologique, contre ces faiblesses qui affectent notre travail   d'organisation. Nous ne devons pas les sous-estimer. Une juste compréhension de la situation est indispensable au succés et à l’efficacité de notre travail d’édification d'une organisation ouvrière et anti-impérialiste.

 

Il nous faut saisir que le respect, l'influence et l'autorité suscités par notre lutte depuis 1978 à  partir de la «Lettre Ouvrière», qui a sans cesse élargi le cercle de nos sympathisants et collaborateurs, ont toutefois été ébranlés jusqu'à un certain point par les effets objectifs de la défaite  du socialisme et le déchaînement de la contre-révolution impérialiste sur le plan subjectif dans les consciences. Notre travail consiste donc aussi à redonner confiance aux éléments nombreux qui sont déroutés et dubitatifs tout en reconnaissant la justesse de notre ligne. Nous devons leur expliquer  pourquoi face à  la tempête nous sommes restés debout au poste de combat pendant que les autres  sont emportés par la contre-révolution. Nous pouvons et devons delà les entraîner peu à peu dans l'activité en les associant au travail.

 

Un des aspects décisifs est la formation idéologique et politique. Mais pour qu'elle ne  consiste pas à botter en touche, il faut  qu'elle lie la théorie aux préoccupations concrètes nées de la lutte de classe. Il faut qu'elle parte des questions concrètes posées par la pratique révolutionnaire. Il doit être dit que cette pratique est la nôtre dans l'ensemble depuis 1983 surtout, mais nous devons  la systématiser et la formaliser.

 

Nous devons pour ce faire bâtir l'organisation avec ceux qui sont  prêts à l'engagement dès à présent et avec les autres qui hésitent maintenir les trois  niveaux du plan de l'Iskra (noyau dirigeant, collaborateurs et sympathisants-diffuseurs). Ferñent/L'étincelle doit  devenir l'organe théorique de l'organisation. Il sera le principal outil de formalisation et de systématisation du programme, des statuts et  textes fondamentaux de la révolution ouvrière et paysanne démocratique et anti-impérialiste.

 

L'ensemble de ce travail doit être dirigé d'un centre unique lequel doit être élargi sur la base d'une division du travail et d'une responsabilisation de chacun dans le cadre de la collégialité des décisions et orientations fondamentales.

 

Août 1994 (tiré de Ferñent/L'étincelle, 12éme année, nouvelle série N°3, août 1995)

 



22/09/2017
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