Bienvenue notre blog

Bienvenue notre blog

LIVRE DE SADIO CAMARA : CHAPITRES VII : MAI 1968 : VICTOIRE DE LA LIGNE SYNDICALE DE LA CONFERENCE NATIONALE RECTIFICATIVE DE MAI 1967

En direction du mouvement syndical, la ligne du parti, après la conférence de Mai 1967, consistait à unir les forces syndicales dans une centrale unique. Il s'agissait plus précisément d'unir les différentes organisations syndicales dans l'Union Nationale des Travailleurs du Sénégal (U.N.T.S.) arrimée à l'époque, au char de l'Union Progressiste Sénégalais (UPS) l'ancêtre du parti socialiste (PS).

 

Il faut dire que l'unité des syndicats au sein de l'U.N.T.S. n'a pas été facile à faire accepter par les camarades en général mais surtout par les camarades syndicalistes mêmes. Au départ beaucoup d'entre eux étaient sceptiques pour ne pas dire hostiles. Pour la leur faire partager, cela a nécessité beaucoup de débats au sein des structures et des conférences spécialisées du parti, des groupements de camarades syndicalistes et étudiants, débats dirigés par le groupe de dirigeants que nous étions ( Seydou, Babacar, Alphonse). Le puissant mouvement populaire de Mai 68 a été une conséquence de cette nouvelle orientation de la ligne syndicale du parti. Les camarades travailleurs et étudiants y jouèrent un grand rôle et même un rôle décisif. Les camarades Bakhao SECK, Lamine KANE (instituteur) assuraient la liaison du mouvement syndical avec la direction du parti.

 

Petit à petit, la ligne unitaire syndicale finit par être défendue et appliquée par les camarades syndicalistes dans leurs organisations syndicales respectives. Parallèlement, la presse clandestine du parti diffusait les mots d`ordre suivant: « unité des organisations syndicales dans une centrale unique  « unis les travailleurs vaincront », «l`unité fait la force»,  l`indépendance des syndicats de tout parti et de tout gouvernement ».

Une mystique de l`unité des travailleurs régna alors dans le pays.

L`intégration du PRA- Sénégal dans L`U.P.S  vint renforcer ce courant d`opinion.

Ainsi donc, en septembre 1967, cette opinion pour l`unité syndicale se réalisa

 

Alors la direction de l`UNTS se trouva profondément modifiée par la venue d`éléments nouveaux plus clairvoyants, plus conséquents, plus combatifs, plus porteurs des revendications des travailleurs salariés des villes notamment et de certains intérêts nationaux comme entre autres, la nationalisation de la SONES et de la SENELEC.

 

Alors le bureau national de L`UNTS compta en son sein les membres du parti comme suit:

- Secrétaire Général adjoint: Maguette THIAM, professeur de mathématiques à l`Université de Dakar (Secrétaire Général adjoint du syndicat des enseignants – SES);

- Secrétaire National chargé de la Trésorerie : Ibrahima Thiam ingénieur des ponts et chaussées Dakar (Secrétaire Générale du syndicat des ingénieurs et techniciens du Sénégal – SITS)

- Secrétaire National à l`organisation: Mbaba Guisse, professeur CEG Dakar (Secrétaire Administratif du SES)

- Secrétaire Adjoint à l`organisation : Ibrahima Fall (Secrétaire à l`organisation du SES)

- Secrétaire National Adjoint chargé de la jeunesse et des affaires culturelles: Demba SALL (Secrétaire Général du syndicat des travailleurs de la santé);

- Secrétaire Général adjoint à la jeunesse et aux affaires culturelles : Ibnou MBAYE (Secrétaire du syndicat des travailleurs du commerce) ;

- Secrétaire National adjoint chargé de l`éducation ouvrière ; Babacar SANE ( Secrétaire aux affaires économiques et revendicatives du SES )

- Secrétaire National adjoint chargé des contentieux, documentation et affaires juridiques: Bouna GAYE (trésorier national du SUDES) :

 

Précisions que cette unité syndicale avait en toile de fond un malaise social profond sous-tendu par les faits suivants : salaires bloqués, augmentation des prix des denrées de premières nécessités, présence jugée inacceptable de l’assistance technique française, publication lente des statuts particuliers de différents corps de fonctionnaires et de certaines conventions collectives, chômage grandissant, etc. Toutes ces revendications étaient présentées chaque année à l'occasion de la fête du 1er Mai dans les cahiers de doléances déposés par la direction de l'U.N.T.S.

 

En plus l'inquiétude des travailleurs salariés était aggravée par la forte conviction qu'ils avaient de ne pas être défendus par leur centrale trop inféodée au parti du pouvoir, c'est-à-dire à l'UPS.

 

La pression des travailleurs était si forte que l'U.N.T.S. ne pouvait rester longtemps sans réagir pour éviter d'être désavouée et abandonnée par les travailleurs. Ceci apparaît évident d'autant que la direction de la centrale U.N.T.S. se trouvait étoffée, suite à l'unification, par des éléments plus conscients et plus combattifs. Il convenait donc qu'elle marquât son indépendance par rapport à l'U.P.S et à son gouvernement.

 

En outre, mentionnons qu'au sein de l'U.N.T.S, certains éléments de la direction étaient très discrédités à cause de leur « immobilisme ». Alors le sentiment prévalait que les travaux de la commission chargée d'étudier les revendications à présenter à l'occasion de la fête du 1er Mai 1968 allait traîner en longueur et ne déboucheraient sur rien de concret.

 

Ce fut dans ces conditions que le 12 Avril 1968, lors d'une réunion de l'Union Régionale du Cap-Vert, la centrale U.N.T.S prit la décision de donner à la journée du 1er Mai 1968, un caractère nouveau, un caractère purement revendicatif, sans discours ni cérémonie officielles. Cette manifestation de désengagement vis-à-vis de l'UPS et de son gouvernement fut très bien accueillie dans le monde du travail. Ce fut là une crise sociale latente dont les étudiants seront, quelques jours plus tard les détonateurs pour accoucher « mai 68 ».

 

Alors, un mouvement revendicatif s'amorça pour exiger l'augmentation du nombre de bourses d'enseignement. Dans le même temps, des étudiants de Dakar envoyèrent une motion de soutien à leurs camarades de Paris alors attelés à dresser des barricades sur le boulevard Saint-Michel.

 

Le 27 mai 1968, les étudiants de l'Université de Dakar décidèrent une grève générale. Partout dans les lycées et collèges et même dans des écoles primaires, des comités de grève se créèrent pour faire cesser les cours. L'enseignement fut arrêté en  peu de temps sur toute l'étendue du pays. Les étudiants occupèrent les bâtiments de l'Université de Dakar. Les étudiants, U.P.S minoritaires, se volatilisèrent face au mouvement massif estudiantin.

 

Le 29 mai 1968, le gouvernement fit intervenir les forces de police pour dégager le campus et investir l'Université. Les affrontements furent violents. On dénombra officiellement un mort et plusieurs dizaines de blessés. Mille quatre cents étrangers furent renvoyés dans leurs pays respectifs. L'Université fut fermée. L'émotion fut grande dans le monde syndical suite à la répression brutale et sauvage des étudiants par la police. Immédiatement l'agitation gagna le terrain du mouvement ouvrier. Des syndicalistes, dont le camarade Bakhao SECK, venu de mission de renseignement à l'Université, trouvèrent leurs camarades à la bourse du travail à la Rue Vincens et les informèrent des brutalités policières sur les étudiants. Alors sous le coup du choc, immédiatement, l’U.N.T.S du Cap-Vert appela à la grève générale illimitée pour protester contre les brutalités policières et contre le refus des autorités d'engager des discussions sur les revendications estudiantines. Ce fut là une manière de marquer le caractère nouveau de l'UNTS, son indépendance a l'égard de l'UPS et de son gouvernement. Ce fut en même temps le reflet de l'avancée du mot d'ordre du parti sur «  l'indépendance du syndicat vis-à-vis de tout parti politique et de tout gouvernement ». La ligne syndicale du PAI triomphait.

 

Les camarades qui jusqu'alors étaient sceptiques se rendirent compte de sa justesse. Mais, en même temps, les syndicalistes mirent à profit ces circonstances pour faire aboutir leurs propres revendications.

 

Le 30 mai 1968, le Président de la République, Secrétaire Général de l’U.P.S. Léopold Sédar Senghor, proclama l'Etat d'Urgence. Des fonctionnaires furent réquisitionnés. Malgré tout, le gouvernement UPS de Senghor finit par accepter de négocier. Malgré cette acceptation, l'Union Régionale de l'UNTS du Cap-Vert maintint son mot d'ordre de grève générale illimitée. L'arrêt du travail fut total à Dakar où se trouvait concentrés plus de 80% des travailleurs salariés du pays. L'U.P.S, le parti au pouvoir, fut en désarroi. Ses militants soit participèrent aux manifestations, soit abandonnèrent la rue aux manifestants...jusqu'au 3 Juin 1968. Les incidents se multipliaient en différents quartiers de Dakar: pillage de magasins (notamment de magasins SONADIS), incendies de voitures, attaques de maisons de responsables U.P.S.

 

Alors l'U.P.S passa dans la clandestinité, Senghor se barricada avec ses ministres au Palais de la République, fit garder à vue des responsables U.P.S et syndicalistes jusqu'après le passage du cyclone anti-UPS.

 

Par contre, à l'intérieur du pays où le mouvement de grève était peu suivi, les responsables UPS jouaient le rôle de briseurs de grève en incitant les dirigeants de l'Union Régionale UNTS à se désolidariser du Bureau National...

 

Enfin de compte, une réunion tripartite réunissant gouvernement, employeurs et syndicats se tint  pour aboutir aux résultats suivants: augmentation du S.M.I.G de 15%, suppression des zones de salaires, réduction de 50% des salaires des députés, promesse de réduire le prix du riz. Ces accords permirent de détendre le climat social.

 

L'Union Régionale U.N.TS leva son mot d'ordre de grève. La reprise du travail fut générale, la paix revint, l'UPS et son gouvernement sortirent de leur torpeur.

 

Une fois cette bataille gagnée, l'U.N.TS  précisa alors ses rapports avec l'U.PS et son gouvernement. Elle rejeta définitivement tous liens organiques, mais accepta de collaborer avec le gouvernement afin de participer au développement économique et social du pays. Cette collaboration prit alors l'appellation de << participation responsable >>.

 

Pour la première fois, depuis la grande grève historique de janvier 1959, le mouvement ouvrier sénégalais s'imposa au gouvernement du parti unique. Il traita avec les employeurs et les ministres concernés obtenant la satisfaction substantielles  des revendications. Dès lors, aucun lien, de subordination et d'aliénation ou organique, ne subsista avec le parti unique que fut l'U.P.S de Senghor. Depuis, toutes les occasions étaient bonnes pour réaffirmer le double principe de «l'indépendance du syndicat» et sa participation responsable au développement du pays.

 

Les brutalités policières à l'Université de Dakar n'avaient pas seulement indigné et soulevé  le monde syndical, mais aussi les élèves des lycées et collèges du Sénégal et même des étrangers qui vivaient parmi nous comme les professeurs français.

 

Au cours des événements, indépendamment de toute autre organisation, les élèves des lycées et collèges du Sénégal mirent  sur pied un «Comite Exécutif National».

 La coordination était incapable. Dans la déclaration dudit comité exécutif, nous pouvons lire ce qui suit:

 

«Le mercredi 29-5-68, les forces de l'ordre envahissent l'Université de Dakar. Sans discernement, tous ceux qui s'y trouvaient furent brutalisés et quelques fois même tués. Pour parachever leur œuvre de destruction, les autorités expulsèrent sans ménagement tous les étudiants africains non sénégalais, et les sénégalais furent séquestrés dans les camps militaires. Le peuple sénégalais, unanimement indigné, manifeste son mécontentement par une grève générale illimitée observée dés le jeudi 30 Mai à partir de minuit. Les élèves de l'enseignement secondaire imprégnés des problèmes de la grève d'avertissement du 18 mai [il s'agit de la grève d'avertissement des étudiants] firent une analyse assez profonde à leur niveau et comprennent que les revendications posées par les étudiants, à savoir :

- octroi de bourses entières à tous les étudiants

- Paiement des 12 mensualités au lieu de 10, les concernaient directement parce qu'appelés dans un avenir plus ou moins proche, à être étudiants.

 

Dès lors, ils firent leurs les revendications des étudiants et décidèrent une grève illimitée de solidarité avec les étudiants. (souligné par nous)

 

De son coté, un groupe de professeurs exerçant au Sénégal produisait la déclaration suivante:

«Sans vouloir s'immiscer dans les affaires intérieures sénégalaises, mais conscients de leurs responsabilités morales à l'égard de leurs élèves et de leurs collègues professeurs français en service au Sénégal s'indignent de la violence injustifiable dont ont fait preuve les forces armées dans l'évacuation de la cite universitaire et de la détention arbitraire et massive d'étudiants et de lycéens  ;

 Ils s'associent à la protestation de leurs collègues de l'enseignement supérieur et demandent avec eux que les examens soient organisés pour tous selon des modalités qui donnent à tous des chances égales».

 

Dakar, le 5 juin 1968

 

AMIC, BEAUGEY, FERTE, GUILLANEUF, MATHE, PANDOLFO, PASSEGAND, PORTET, TONNELLIER, VERNY.

 

Tous les enseignants qui désirent s'associer à cette déclaration sont invités à se faire connaître auprès des premiers signataires.

 

Quelques mois après, le gouvernement procéda a une nouvelle augmentation des prix du riz, de l'impôt sur le revenu et à l'obligation de souscrire à un emprunt national. Ainsi la hausse des salaires survenue auparavant se trouva compensée et même dépassée. Ce que le gouvernement UPS donna de la main droite sous la pression des travailleurs salariés, il le retira de la main gauche, et même plus qu'il n'en avait donné auparavant.

 

S'ajoutait à cette provocation le fait que beaucoup de revendications posées en 1968 restaient en suspens et ne semblaient pas être pris en compte avant longtemps. Il en était ainsi des demandes syndicales de nationalisation des sociétés de distribution de l'eau, de l'électricité, des compagnies d'assurances ainsi que la création d'une pharmacie d'Etat.

 

Pour les raisons que voila, une nouvelle poussée de la base de l'UNTS se produisit, ceci dans le courant du mois de février 1969.

Alors, dans le courant de ce mois, deux grèves se succédèrent hors de toute initiative de la direction de l'UNTS.

 

Celle-ci se vit rapidement contrainte d'abandonner le slogan de la << participation responsable>>, ceci grâce, rappelons-le, à la présence d'éléments nouveaux non-UPS à la direction de l'UNTS. Depuis, les mouvements de grève se succédèrent comme suit:

 

- Le 13 mai 1969: grève d'avertissement de 48 heures aux P.T.T ;

- Le 31Mai 1969: grève de 72 heures à l'office national de coopération et d'aide au développement (ONCAD) puis des entreprises pétrolières ;

- Le 2 juin 1969: grève des employés des banques.

 

Dans le même temps, suite à des événements intervenus à l'Ecole des Cadres Ruraux de Bambey, les autorités la fermèrent provisoirement et exclurent dix huit (18) élèves fonctionnaires. Alors, de nouveau, les facultés, et collèges entrèrent en ébullition: Etablissements universitaires et secondaires furent désertés. Mais, le mouvement estudiantin cette fois-ci n'avait pas pu faire jonction avec le mouvement ouvrier.

 

Les grèves tournantes continuaient à se multiplier. Le syndicat des industries alimentaires annonça la sienne et le nombre de fédérations étaient disposées à apporter leur soutien aux employés de Banques.

Le gouvernement décida alors de prendre des mesures de dissuasion à savoir : privation des travailleurs de l`ONCAD de leurs salaires de 48 heures de grève, allocution de menace radiodiffusée du ministre du travail et de la fonction publique de l`époque.

 

En outre, le gouvernement, par l`association professionnelle des Banques, engagea l`épreuve de force en décidant de remplacer tout le personnel en grève. Ce qui provoqua un mouvement d`indignation dans les milieux syndicalistes. Alors, le 4 juin 1969, l`Union Régionale du Cap-Vert publia une déclaration dans laquelle on peut lire:

 

«L`augmentation du prix de riz, l`instauration, d`impôts nouveaux réduisent à néant le relèvement de 15% du S.M.I.G».

 

En même  temps, l`union régionale du Cap-Vert signalait que la lutte des travailleurs des Banques avait valeur de symbole « pour la raison évidente que sa victoire assurera aux autres corporations la garantie d`une convention collective à contenu progressiste » En outre, elle précisait que les avantages obtenus pendant la conférence tripartite n’étaient pas des faveurs accordées par le gouvernement, mais qu`ils étaient arrachés de haute lutte à la suite des glorieuses journées de mai-juin 1968.

 

Ainsi donc les événements se développèrent. Le 8 juin 1969, le bureau national de l`U.N.T.S affirmait prendre en charge les revendications de la fédération des travailleurs des banques.

 

Le 10 juin 1969, le Bureau de l`Union Régionale du Cap-Vert, face aux atermoiements du gouvernement pour le règlement des revendications, projeta de déclencher une grève générale de 48 heures à partir du 12 juin 1969.

 

Comme à l`accoutumée, le Président de la République, Secrétaire Général de l`U.P.S, Léopold Sédar Senghor, déclara ces grèves illégales.

  Le bureau politique de l`U.P.S, à son tour qualifia la grève projetée de « grève politique » et mit en garde ses militants syndiqués dans l`U.N.T.S. Ainsi donc se profila à l`horizon la volonté du gouvernement de casser le mouvement ouvrier unifié en mai 68 parce qu’il devint un obstacle à sa politique.

 

Senghor proclama de nouveau l`Etat d`urgence. Il fit garder les bourses du travail par la police pour priver les syndicats de leurs lieux de réunions, réquisitionna les personnes et fonctionnaires nécessaires pour le fonctionnement du gouvernement et de l`administration, interdit les manifestations publiques et les réunions de même nature. Ceci, pour éviter la répétition de mai 68.

 

Sous la pression des milieux du gouvernement et de l`U.P.S., le Secrétaire  Général de l`U.N.T.S, Mr Doudou NGOM démissionna de la centrale syndicale U.N.T.S. le 11 juin 1969, sous prétexte que celle-ci « devient chaque jour d`avantage un forum que les mécontents et opposants de tous bords transforment en tribune politique »

 

A la suite de quoi la confusion s`installa dans les fédérations.  Dans ce contexte, le second  Secrétaire Général, Aliou CISSE, alors en voyage hors du pays, revint en catastrophe pour demander et obtenir le report de la grève.

Le 12 juin 1969, la grève prit fin.

 

Doudou NGOM, appuyé par l`U.P.S, le gouvernement et d`autres dirigeants de la Centrale, constitua aussi une nouvelle centrale avec la dénomination de « Confédération National des Travailleurs du Sénégal (C.N.T.S) ».

 

Doudou NGOM entra alors dans l`histoire du mouvement ouvrier Sénégalais comme un traître à sa cause. Cette trahison lui vaudra, quelques mois plus tard un poste ministériel dans le gouvernement de Senghor. Après sa sortie du gouvernement, il devint un cadavre syndicaliste, tombé dans l`oubli total. Ainsi a été et sera toujours le sort de tout traître pour les mauvaises causes.

 

Il faut rappeler que l`aide de l`U.P.S et de son gouvernement à la nouvelle Centrale se matérialisa par l`offre gratuite des bourses de travail. Dès lors l`U.P.S  entendait contrôler la C.N.T.S. A cet effet, « des responsables politiques U.P.S participèrent activement à la désignation des responsables syndicaux et pratiquèrent avec eux une sorte de « chasse aux sorcières » destinée à garder la Confédération pure de toute ingérence de l`opposition » (un parti politique africain, L`U.P.S., page 309, paragraphe 3

 

Un peu plus tard, dans toutes les instances de l`U.P.S des représentants de la C.N.T.S furent admis; Union Régionale, Congres, Conseil National, Bureau Politique.  A partir de 1978 des places leur sont accordées également dans les Conseils Municipaux et les Assemblées Régionales  et à l`Assemblée Nationale et même au gouvernement, Ainsi le 26 Février 1970, le sinistre Doudou NGOM faisait son entrée dans le gouvernement comme ministre de l`enseignement technique. Alors,  la C.N.T.S, de nouveau  se trouva bien arrimée à l`U.P.S. Le mouvement ouvrier est revenu à la case départ de 1966

 

Néanmoins le puissant mouvement populaire de mai 1968 ébranla profondément la stabilité du régime senghorien. Le P.A I en état de convalescence, à peine remis des grandes vagues de répression et encore miné par l`activisme petit bourgeois, n`en joua pas moins un rôle appréciable qui n’échappa d`ailleurs pas au pouvoir comme le prouve l`arrestation massive des cadres syndicaux et étudiants P.A.I

 

Ces événements confirmèrent également la nouvelle orientation du parti selon laquelle le développement d`un puissant mouvement de masses organisé et conscient peut infliger des reculs au pouvoir sur le plan des libertés civiles et des revendications de masses laborieuses.

 



29/09/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi