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Le Septième Congrès de l'Internationale Communiste est-il à l'origine de l'opportunisme qui a miné et détruit le mouvement communiste international ?

SERIE D’ARTICLES SUR LE SEPTIEME CONGRES DE L’I.C.

 

 

Le Septième Congrès de l'Internationale Communiste est-il à l'origine de l'opportunisme qui a miné et détruit le mouvement communiste international ?

 

- ARTICLE I -

 

RENOUER AVEC LA VRAIE STRATEGIE ET TACTIQUE DU VIIème CONGRES DE L'IC POUR REBÂTIR LE PARTI COMMUNISTE

ET VAINCRE LE CAPITALISME IMPERIALISTE !

 

Ce texte ci-dessous date de 1991, l'année de l'explosion et de la restauration du capitalisme en URSS. Seul son titre a été changé pour mettre l'accent sur l'importance majeure du VIIème congrès de l'Internationale Communiste afin de comprendre d'où viennent la contre-révolution et la restauration du capitalisme en URSS. En effet, ce sont les déviations de droite et de gauche de la ligne tactique victorieuse du VIIème congrès de l'Internationale Communiste, qui ont conduit à la faillite entraînant la destruction de l'URSS.

 

Au sabordage volontaire et conscient du camp socialiste, décidé en commun accord entre les renégats Gorbatchéviens/Yeltsiniens et les impérialistes, n'ont pu échapper que les rescapés que sont la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba.

 

Ainsi, le 21 décembre 1991, la « glasnost » et  la « perestroïka » débouchaient sur la mise à mort de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, précédée du démantèlement du camp socialiste à l'est du sous-continent européen.      

 

Pour la contre-révolution bourgeoise interne à chaque république soutenue par les impérialistes des USA et d'Europe occidentale, le viol du maintien de l'URSS voté par 76% des populations de l'Etat fédéral multinational au référendum du 17 mars 1991, donc 9 mois plus tôt, était une affaire de vie ou de mort, une condition sine qua non du lancement de la privatisation-accaparement de l'économie socialiste.

 

Tel est le résultat concret auquel a abouti la ligne révisionniste opportuniste de la conciliation dans la lutte des classes entre le camp capitaliste et le camp socialiste au nom de la 'coexistence pacifique', donc l'abandon de la lutte des classes à l'échelle internationale qui a triomphé au XXème congrès du PCUS avec Khrouchtchev et ses successeurs.

 

En Occident impérialiste, le pendant révisionniste opportuniste a été l'eurocommunisme, c'est-à-dire la théorie fondée sur 'l'exceptionnalisme chauvin européen' de l'alliance-soumission à la social-démocratie qui a marginalisé progressivement la classe ouvrière et mis sous le boisseau la lutte des classes au nom de la 'paix des classes' dans le cadre de la 'société post-industrielle de consommation à crédit'.

 

Dans les pays opprimés par l'impérialisme, ce fut l'apologie des théories d'alliance stratégique avec les bourgeoisies nationales en niant la différenciation entre mouvements national révolutionnaire et national réformiste qui ont conduit à l'unité-subordination aux bourgeoisies néocoloniales.

 

Sans jamais l'avouer ouvertement, l'opportunisme de droite dans le mouvement communiste international a ainsi dévoyé, déformé, travesti la ligne tactique du VIIème congrès de l'IC.

 

En réaction, l'opportunisme de gauche s'y est opposé en rejetant 'le bébé et l'eau du bain' pour prôner que 'l'ennemi principal' est, non l'impérialisme, mais le 'social-impérialisme soviétique' et refuser systématiquement toute tactique de front unique et de front populaire au nom de la prétendue 'pureté de la lutte des classes'.

 

Ainsi le mouvement communiste international a été dominé par la déviation de droite qui érige le front unique et le front populaire en unique stratégie en tous temps et tous lieux, ce qui dégoûte les masses de la collaboration de classe et la déviation de gauche qui érige en unique stratégie le rejet de tout front unique et front populaire en tous temps et tous lieux, ce qui isole les communistes révolutionnaires des masses.

 

La dialectique matérialiste scientifique du VIIème congrès de l'IC et de l'expérience de la Révolution d'Octobre, qui combine et intègre la tactique du front unique et du front populaire dans la stratégie du renversement du capitalisme et de l'impérialisme, a été enfouie et ignorée comme le démontre l'étude scientifique ci-dessous du VIIème congrès de l'IC…  

 

Une confusion totale donc s'est emparée du mouvement communiste international qui s'est trouvé piégé par les deux déviations à droite et à gauche de la ligne tactique du VIIème congrès de l'IC sans jamais pouvoir séparer l'ivraie de la bonne graine et saisir dans son essence la justesse de la ligne tactique qui a permis de vaincre le fascisme.

 

L'impérialisme, apeuré et affaibli au sortir de la Seconde guerre mondiale antifasciste, a très vite compris la confusion idéologique dans laquelle le mouvement ouvrier communiste s'est trouvé embourbé, et en a profité pour combattre ou appuyer alternativement, sur le principe 'diviser pour mieux régner', les porteurs des deux déviations dans le mouvement communiste jusqu'à la victoire de la contre-révolution dans le camp socialiste.

 

Il est arrivé parfois, comme c'est le cas de Cuba sous la direction de Fidel Castro, de Che Guevara et du Parti Communiste de Cuba, que des efforts aient été faits pour unifier le mouvement communiste et le camp socialiste contre l'impérialisme, mais ces efforts louables n'ont pas permis finalement d'endiguer les déviations de droite et de gauche dominantes.                 

 

Tout le monde peut constater que depuis cette défaite temporaire, l'humanité dans son ensemble est empêtrée dans la re-mondialisation impérialiste mortifère fondée sur l'offensive libérale, qui détruit toutes les conquêtes sociales et démocratiques des générations précédentes du mouvement ouvrier communiste, dévaste les indépendances nationales conquises par les peuples, Etats, nations victimes du nouveau cycle des guerres impérialistes et ravage par sa 'mondialisation' prédatrice l'écosystème planétaire.

 

Le monde 'unipolaire' issu de la contre-révolution temporairement victorieuse des années 89-91 a été de courte durée, mais a causé des dégâts énormes, dont les métastases perdurent encore : la destruction des Etats-Nations comme l'Irak, la Yougoslavie, la Libye, l'Ukraine, le Soudan, etc…, et le démantèlement en cours des conquis sociaux et démocratiques dans les pays impérialistes, où la pauvreté, le chômage, le racisme et la dictature politique redeviennent la réalité du quotidien.

 

Le monde 'multipolaire' qui s'installe peu à peu accroît le danger de guerres, voire de guerre mondiale de la triade impérialiste (USA, UE, Japon), véritable camp de la guerre, contre le camp de plus en plus activement défensif de la paix (Russie, Chine, pays de l'Alliance Bolivarienne, etc…).

 

La loi du développement inégal pousse les Etats impérialistes, qui ont dominé l'humanité depuis au moins l'année 1500 sur la base du régime capitaliste, au déclin et à la décadence, ce qui les conduit en politique intérieure par les politiques libérales à supprimer les concessions sociales et démocratiques faites hier face aux luttes sociales, et en politique extérieure à renouer avec les 'politiques de la canonnière' pour s'emparer des sources de matières premières stratégiques.

 

Baisser les salaires pour rendre 'compétitive' l'économie productive intérieure des pays impérialistes et faire les guerres extérieures pour contrôler les matières premières, y compris en ramenant des pays à 'l'âge de pierre' et en détruisant les Etats-Nations, c'est tenter en vain de freiner le développement économique des pays 'émergents'.

 

Sont ainsi visés tous les pays, tous les Etats, toutes les Nations qui cherchent à préserver leurs indépendances et leurs souverainetés nationales. D'où les tensions de plus en plus grandes avec la Russie en Syrie et en Ukraine. Parmi ces pays 'émergents', il faut citer la place particulière des pays rescapés du camp socialiste vaincu en 89-91 : Chine, Corée du Nord, Vietnam, Cuba que l'impérialisme rêve de mater à la première occasion.

 

La crise générale de l'impérialisme, crise systémique de surproduction et de sur-accumulation, est à la base de l'offensive libérale de la bourgeoise contre les conquêtes sociales et démocratiques partout dans le monde et du nouveau cycle des guerres impérialistes.

 

Si l'hégémonie impérialiste semblait totale dans les années 89-91, la résistance s'est exprimée ouvertement vers 2000 avec les expériences de victoires électorales des forces progressistes anti-libérales et patriotiques dans les pays de l'Alliance Bolivarienne (ALBA), expériences qui se réfère à la formidable résistance historique de Cuba, rescapé du camp socialiste.

 

Et de plus en plus d'Etats bourgeois ainsi que ceux issus du camp socialiste comme la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam constituent progressivement sous la pression guerrière et les menaces agressives de l'impérialisme US, UE, OTAN le camp défensif de la paix pour le respect du droit international, l'indépendance et la souveraineté des peuples.   

 

Tel est le contexte évolutif dans lequel nous devons œuvrer à reconstruire les forces éparpillées et affaiblies du mouvement ouvrier et communiste dans chaque pays et à l'échelle internationale.

 

Or à y regarder de plus près, il apparaît que les mêmes déviations de droite et de gauche constituent encore et toujours les freins idéologiques, politiques, stratégiques et tactiques à la reconstruction par le rassemblement de nos forces éparpillées et disséminées.

 

On peut voir cela dans la déviation de droite qui consiste à présenter les expériences anti-libérales  comme une 'troisième voie' alors que ce sont des étapes démocratiques populaires qui aboutiront par leur chemin propre à la nécessité du passage révolutionnaire au socialisme-communisme. Les communistes doivent participer à ces expériences tout en préservant leur indépendance idéologique, politique et organisationnelle.

 

Et bien entendu la déviation de gauche se caractérise ici par le nihilisme et le sectarisme vis à vis de ces expériences progressistes et populaires, voie de passage obligée en raison du recul et de la défaite des forces communistes. Les communistes doivent combattre ce nihilisme et sectarisme pour éviter d'être coupés des masses qui, par l'expérience et le dur travail d'agitation et propagande, finiront par se rendre compte que l'antilibéralisme ne suffit pas pour en finir avec le capitalisme et l'impérialisme.       

 

Il faut donc mettre un terme à la confusion idéologique et politique délibérément entretenue sur le VIIème congrès  de l'IC par la bourgeoisie et la petite bourgeoisie, notamment par le trotskisme et l'anarcho-syndicalisme. C'est le but de cette republication.

 

Disons-le clairement : c'est la raison pour laquelle dans la tâche de réarmement du mouvement communiste, il est fondamental de réétudier le VIIème congrès de l'IC pour le débarrasser des scories déformantes, des déviations de droite et de gauche qui nous ont conduits à la défaite et faire en sorte que la reprise en cours de la lutte des classes et des peuples opprimés soit à nouveau guidée par le matérialisme dialectique scientifique vers la victoire du prolétariat et des peuples opprimés.

Avril 2017

Diagne Fodé Roland

(A SUIVRE)

 

 

SERIE D’ARTICLES SUR LE SEPTIEME CONGRES DE L’I.C.

 

- ARTICLE II -

 

LE VIIème CONGRES DE L'INTERNATIONALE COMMUNISTE ET LA DEFAITE DU FASCISME

 

Nous commémorons aujourd'hui, avec un mois de retard, le 74ème anniversaire de la REVOLUTION D'OCTOBRE 1917. Cette célébration est aussi celle du 46ème anniversaire de l'écrasement  de la bête fasciste qui fut symbolisé par le drapeau rouge flottant sur le parlement nazi en 1945. Nous avons voulu délibérément mettre à l'ordre du jour cette année l'étude du VIIème Congrès de l'Internationale Communiste ( I.C- le Comintern ou la IIIème Internationale).

 

C'est donc aussi dans ce sens la célébration du 56éme anniversaire du dernier Congrès de la IIIème Internationale.

 

Réfléchir, analyser et débattre en Marxiste-Léniniste comme méthode pour répondre à la question de savoir comment le Mouvement Communiste International en est-il arrivé à la défaite. Mais aussi, comme base de notre lutte communiste aujourd'hui, tel est notre objectif. Pour y arriver nous devons jeter un regard sur l'expérience historique et théorique des générations de communistes qui nous ont précédés et qui ont marqué des points importants et décisifs dans le bras de fer historique entre le socialisme et le capitalisme, notamment à la fin de la Deuxième guerre mondiale.

 

Connaître et comprendre notre passé pour bien cerner notre présent et agir pour notre futur : telle est notre devise. Toutefois, nous n'avons pas la prétention d'épuiser le sujet aujourd'hui. Nous essayons de poser des jalons par cette contribution dans l'incontournable travail de réappropriation des acquis théoriques et pratiques de la IIIème Internationale. Un prochain travail sur le VIIème Congrès et la question nationale et coloniale est en préparation.

 

CONTEXTE HISTORIQUE

 

Par comparaison au VIème Congrès, au moment du VIIème, l'IC avait sensiblement grandi. La Pravda du 21 août 1935 nous apprend que « depuis le VIème Congrès du Komintern, le nombre d'adhérents du parti communiste international est passé de 1.676.000 à 3.148.000 et en dépit de la répression et de la terreur sanglante, le nombre de membres dans les pays capitalistes est passé de 445.000 à 758.000 ». Et ceci malgré la décapitation du Parti Communiste allemand, le plus gros parti d'alors, par Hitler. « Le nombre  des partis membres du Comintern depuis le dernier Congrès est passé de 65 à 76. Le nombre total de membres du Parti communiste de l'Union Soviétique et la Ligue des jeunesses communistes était de 3.835.000 au VIème Congrès et de 6.800.000 au VIIème Congrès ».

 

La propagande bourgeoise dit que l'IC et ses sections n'étaient qu'une panoplie d'agents du KGB obéissant à Staline, le responsable du premier État ouvrier et paysan du monde. Le VIIème Congrès est présenté dans la propagande anti-communiste comme le produit de « la volonté de Staline de soumettre l'IC à la politique  étrangère de l'URSS » et d'utiliser ses membres comme des « agents des services secrets ». Ce sont là des calomnies que répand la bourgeoisie pour tordre le cou à la réalité en ce qui concerne les changements de tactiques introduits par  le VIIème congrès.

 

Il y a, à ce propos, trois conceptions dont deux prédominent aujourd'hui au plan mondial. La première est celle du révisionnisme moderne qui, depuis l’avènement de Nikita Khrouchtchev en 1956, présente le VIIème Congrès comme un changement dans la ligne stratégique de l'IC applicable en tous lieux et en tous temps quelles que soient les circonstances. Ainsi, on lutte toujours et partout pour le front unique et le front populaire débouchant « par la voie d'une transition pacifique » sur des « gouvernements à participation communiste » souvent sur la base d'un « programme commun ».

 

En réaction à cette ligne révisionniste de droite, « les gauchistes infantiles », les semi-trotskistes attaquent cette déviation de droite franchement opportuniste pour conclure que celle-ci trouve sa source dans le VIIème congrès. C'est le type même de raisonnement courant chez des militants qui s'opposent au réformisme dominant dans les Partis Communistes aujourd'hui qui les poussent dans les bras des calomnies bourgeoises et trotskistes contre le VIIème congrès selon lesquelles, c'est de ce congrès que date la « subordination du prolétariat aux intérêts nationaux de l'URSS ». C'est de là que vient d'ailleurs la thèse de « l’impérialisme rouge » des bourgeois et de « social-impérialisme soviétique » des trotskistes et semi – trotskistes.

 

Nous disons qu'il y a un autre point de vue sur le VIIème congrès qui est, en réalité, celui du VIIème congrès de l'IC lui-même.

 

Ce n'est pas Staline qui, en juillet-août 1935, aurait décidé de convoquer le VIIème congrès pour soumettre l'IC à sa politique étrangère. Le VIIème congrès, et le changement de ligne tactique qu'il initia, fut le résultat direct du développement de la crise générale de l'impérialisme ouverte par la première guerre  mondiale 14-18 et de l'arrivée du nazisme au pouvoir en Allemagne. Dans cette guerre impérialiste, le mouvement ouvrier se trouva divisé. Les réformistes appelant les ouvriers à se tirer les uns sur les autres et les révolutionnaires les appelant à transformer la guerre impérialiste en guerre civile contre « sa » propre bourgeoisie. C'est parmi ces forces avec les Bolcheviks qui avaient dirigé la Révolution d'Octobre que s'est formé le Comintern.

 

Cette période vit la victoire des Bolcheviks, mais aussi la défaite des forces révolutionnaires dans les autres pays, surtout en Allemagne, défaite à mettre principalement au compte de la social-démocratie, capitulant devant la bourgeoisie et entrant au gouvernement et au parlement pour assassiner les révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg. Le prolétariat fut scindé par la politique de collaboration  de la IIème Internationale social-démocrate dont la faillite fut proclamée par les fondateurs de la IIIème Internationale dont Lénine.

 

Au cours des années 20, lors de la deuxième période de relative stabilisation du capitalisme sortant de la vague déferlante de la révolution, Lénine formula au IIIème congrès de l'IC les premières tactiques de front uni autour des besoins immédiats de la classe ouvrière. L'IC mena au même moment sa campagne de « bolchévisation de ses sections nationales ». L'objectif de ces politiques était de lutter contre la division de la classe ouvrière et de gagner ainsi à la lutte révolutionnaire la majorité de celle-ci.

 

Contrairement à plein d'idées répandues, le Léninisme et l’expérience de la révolution d'Octobre enseignent que gagner la majorité de la classe ouvrière est une condition indispensable de la révolution.

 

Au cours de cette période, et malgré le travail accompli, cet objectif  ne fut pas atteint. C'est ainsi que la troisième période, qui vit la stabilisation relative du capitalisme de la période antécédente ébranlée par l'approfondissement de la crise générale, devait se caractériser par une incapacité de passer à l'offensive. J.V. Staline a fourni une analyse  pertinente de cette situation en 1934 au XVIIème congrès du Parti Communiste d'Union soviétique (PCBUS) et cette analyse fut citée au VIIème congrès de l'IC comme une base fondamentale de l'élaboration de la nouvelle ligne tactique : « Mais alors que la bourgeoisie a choisi la voie de la guerre, la classe ouvrière des pays  capitalistes, poussée au désespoir par quatre années de crise et de chômage, commence à prendre la  voie de la révolution. Ceci signifie que la crise révolutionnaire mûrit et continuera de mûrir. Et plus la bourgeoisie s’empêtrera dans ses plans guerriers, plus elle fera appel aux méthodes de luttes ouvertes contre la classe ouvrière et la paysannerie, avec comme conséquence le développement de plus en plus rapide de la crise révolutionnaire... Certains camarades pensent que, dès l'instant où il y a la crise  révolutionnaire, la bourgeoisie doit se trouver inévitablement dans une situation sans issue, que sa fin est prédéterminée, que la révolution est, par cela même, assurée, et qu'il ne leur reste donc qu'à attendre la chute de la bourgeoisie et à rédiger des résolutions triomphales. C'est là une grave erreur: la victoire de la révolution ne vient jamais d'elle-même. Il faut la préparer et la conquérir. Or seul peut la préparer et la conquérir un fort parti prolétarien révolutionnaire. Il est des moments où la situation est révolutionnaire, où le pouvoir de la bourgeoisie est ébranlé jusque dans ses fondements, mais où pourtant la victoire de la révolution n'arrive pas parce qu'il n'y a pas de parti révolutionnaire du prolétariat, de parti ayant assez de force et d'autorité pour entraîner à sa suite les masses, et prendre le pouvoir. Il serait  déraisonnable de croire que des ''cas'' pareils ne puissent se produire» ( Les Questions du Léninisme ).

 

Devenir le parti ayant assez de force et d'autorité pour entraîner les masses et prendre le pouvoir, c'était cela le sens de la « bolchévisation », des tactiques de front uni ou de « classe contre classe » selon la situation auquel travaillait le Comintern.

 

Mais les préjugés social-démocrates et anarchistes des éléments qui avaient rallié les sections de l'IC, le manque de tradition marxiste-léniniste au sein des forces fraîchement gagnées au communisme dans les pays impérialistes et dans les colonies et semi- colonies, les multiples luttes fractionnistes dont Trotski lui-même n'est qu'un exemple et surtout l'opposition ouverte de la sociale–démocratie au front unique contre la montée  du fascisme furent les principaux handicaps dans le travail colossal de l'IC.

 

Toutefois Wilhelm Pieck parle aussi des erreurs sectaires de « gauche » dans les sections communistes nationales dans son rapport au VIIème congrès : « Les partis communistes, dans les conditions de la crise, avaient à assumer une grande et difficile tâche dans la conduite des masses; les communistes devaient avoir en vue des millions de travailleurs et chercher à entraîner dans un front de luttes toutes les couches. Cette tâche était d'autant plus difficile à accomplir que les partis communistes, dans  la plupart des pays, étaient avant la crise des organisations numériquement faibles, influençant un nombre relativement  limité  d'ouvriers...  Le  changement rapide  de la situation, la croissance impétueuse du mécontentement des masses, l'accentuation du danger fasciste et de la menace de guerre obligeaient les communistes à modifier rapidement leurs appréciations de la situation et les contraignaient à effectuer un formidable travail d'organisation. Dans l'accomplissement de ces tâches, les communistes furent bien souvent exemplaires. Pourtant leurs mots d'ordre retardaient parfois sur l'évolution politique rapide et complexe. Ils n'appréciaient pas toujours d'une façon juste le rapport des forces de classe, ils persistaient parfois sur des mots d'ordre et sur des méthodes de lutte qui, encore juste peu de temps auparavant, se trouvaient déjà  périmés  dans une situation différente. Les Partis Communistes assimilèrent correctement l'essentiel des conclusions du VIème congrès mondial, selon lequel un nouvel essor révolutionnaire est en train de grandir. Mais, bien des fois, ils n'ont pas assez compris que l'essor révolutionnaire n'est pas séparé de la crise révolutionnaire par une muraille de Chine. Ils se sont souvent  fait une idée par trop simpliste de la façon dont les masses ouvrières rompront avec leurs vieux chefs réformistes et se rallieront à la lutte révolutionnaire » (Les éditions sociales - l'IC  et la lutte contre le fascisme).

 

Il est même arrivé parfois que de telles erreurs se soient intensifiées se manifestant, par exemple, dans le fait de confondre les ouvriers social-démocrates avec leurs dirigeants corrompus serviteurs zélés du capital. Parfois, des camarades se sont révélés être de véritables perroquets répétant mécaniquement et dogmatiquement les formules, thèses et résolutions de l'IC, croyant faire ainsi de l'agitation et de la propagande communistes.

 

Mais ces erreurs ne doivent pas nous faire oublier l'énorme travail accompli, parce qu'après tout, en 1932, le Parti Communiste allemand recueillait 6 millions de voix, c'est-à-dire plus du 1/3 de la classe ouvrière et près de 20% des votants. Et la lutte de classe s'étendait impétueusement de la révolution démocratique espagnole ...aux  Soviets chinois.

 

Dans un tel contexte, le capital financier allemand misa sur le parti nazi pour barrer la route au mouvement révolutionnaire et frappa le premier. J.V Staline analysa cela au XVIIème congrès du PCBUS: « Il faut regarder la victoire du fascisme en Allemagne, non seulement comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière et le résultat de la trahison perpétrée contre celle-ci par la social-démocratie qui a frayé la route au fascisme, il faut  la considérer également comme un signe de faiblesse de la bourgeoisie, comme un signe montrant que cette dernière n'est plus en état d'exercer son pouvoir au moyen des anciennes méthodes du parlementarisme bourgeois et de la démocratie bourgeoisie, ce qui l'oblige à recourir, dans sa politique  intérieure, aux méthodes de domination par la terreur, il faut y avoir un signe prouvant qu'elle n'a plus la force de trouver une issue à la situation actuelle sur la base d'une politique extérieure de paix, ce qui l'oblige à recourir à la politique de guerre » (Rapport au XVIIème congrés du PCBUS).

 

C'est sur la base d'une telle analyse que se réalisera l'unité d'action dans la lutte contre le fascisme de l'URSS, des communistes, de certains sociaux-démocrates, du prolétariat international, de la petite bourgeoisie, des peuples colonisés et même de certaines sections de la bourgeoisie impérialiste non fasciste.

(A SUIVRE)

 

 

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- ARTICLE III -

 

DEFINITION DU FASCISME ET NOUVELLE TACTIQUE

 

Le mot fascisme a été  utilisé à toutes les sauces dans la gauche en général durant surtout ces quatre dernières décennies. Toute dictature est tout de suite qualifiée de 'fasciste' afin de  justifier des politiques opportunistes d'alliances contre-révolutionnaires, soi-disant pour barrer la route au fascisme. A la place de la science Marxiste-Léniniste, c'est l'émotion et la sentimentalité qui empêchent l'élaboration de tactiques justes. Mais ceci n'est pas nouveau. Dimitrov disait au VIIème congrès qu'il « existe dans nos rangs une tendance à considérer le fascisme 'en général' sans tenir compte des particularités concrètes des mouvements fascistes dans les différents pays, et en taxant, à tort, de fascisme, toutes les mesures réactionnaires de la bourgeoisie, ou même en qualifiant tout le camp non communiste de camp fasciste. Cette extension du qualificatif 'fasciste', loin  de renforcer  la lutte contre le fascisme, l'a au contraire  affaiblie » (Rapport au VIIème congrès).

 

Et Dimitrov de nous donner la définition scientifique du fascisme : « C'est la dictature terroriste ouverte des éléments les plus chauvins et les plus impérialistes du capital financier. Ce n'est pas seulement du nationalisme bourgeois, c'est le chauvinisme bestial. C'est un système gouvernemental de banditisme, un système de provocation et de torture pratiqué contre la classe ouvrière et les éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et de l'intelligentsia.  C'est une barbarie médiévale d'une brutalité sans précédent dans l'histoire. C'est une agression sans limite à l'égard des autres nations et des autres pays ». « L'ascension du fascisme au pouvoir n'est pas la simple succession d'un gouvernement bourgeois par un autre. C'est la substitution d'une forme étatique de domination de la bourgeoisie, la démocratie bourgeoisie, par une autre forme, la dictature terroriste » (idem).

 

Au  moment de cette définition, qui s'inspirait  du XIIIème plénum du Comité Exécutif de l'IC et du programme du VIème congrès, plusieurs aspects du fascisme, notamment allemand ne s'étaient pas encore manifestés. Aussi J.V.Staline ajoute plus tard que « le parti d'Hitler est le parti de la réaction médiévale et des pogroms ». « Qui sont nos ennemis, qui sont ces fascistes, demande-t-il ? Qu'est-ce que l’expérience de la guerre nous apprend à leur sujet ?(...) les fascistes allemands ne sont pas des nationalistes mais des impérialistes qui s'emparent d'autres pays pour les saigner afin d'enrichir les banquiers et les ploutocrates allemands 'en introduisant le servage et le système féodal'. « En fait, les fascistes allemands sont des barons féodaux réactionnaires et l'armée allemande est dominée par ces barons féodaux qui saignent les peuples pour enrichir les barons allemands et restaurer le règne des seigneurs féodaux. Voilà ce que nous enseigne l'expérience de la guerre… les fascistes allemands sont les ennemis de la culture européenne et l'armée allemande...a pour objectif de détruire la culture européenne et d'imposer la 'culture' esclavagiste des banquiers et barons allemands... tel est le vrai visage de notre ennemi tel que révélé par la guerre ». Dans sa guerre contre l'URSS, le fascisme « s'assigne pour but de rétablir le pouvoir des grands propriétaires fonciers, de restaurer le tsarisme, d'anéantir la culture et l'indépendance nationale des Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Lituaniens, Lettons, Estoniens, Ouzbeks, Tatars, Moldaves, Géorgiens, Arméniens, Azerbaïdjanais et autres peuples libres d'Union Soviétique; de les germaniser, d'en faire les esclaves des princes et barons allemands ». Le programme mondial de la coalition italo-germanique se résume ainsi : « la haine raciale, la  domination des nations 'élues'; la subordination des autres nations et la prise de possession de leurs territoires; l'esclavage économique des nations dominées et le pillage de leur richesse  nationale; la destruction des libertés démocratiques; l'institution à l’échelle mondiale du régime Hitlérien » (J.V.Staline, la grande guerre patriotique).

 

Devant une telle situation et un tel programme, le choix tactique qui s'imposait au prolétariat mondial et à son avant-garde, l'Internationale Communiste a été formulé, au VIIème congrès, comme suit : « Aujourd'hui, dans nombre de pays capitalistes, les masses travailleuses ont à choisir concrètement, sur l'heure, non pas entre la dictature du prolétariat et la démocratie bourgeoisie, mais entre la démocratie bourgeoise et le fascisme » ( Dimitrov- rapport au VIIème congrès). C'était justement cette perception correcte du réel qui était à la base des changements tactiques réalisés par le VIIème congrès.

 

Mais l'initiative d'un tel changement de tactique vient de l'expérience concrète même de la lutte contre le fascisme, des leçons tirées dans la pratique par les masses opprimées de la défaite du prolétariat allemand en 1932-1933 et de la bataille exceptionnellement militante que livra Dimitrov au procès de Leipzig devant les tribunaux nazis qui préfigure et vit, dans un  certain sens, se former un front uni. Et surtout le 6 Février 1934, après  le XIIIème plénum du Comité Exécutif de l'IC de 1933 et après le XVIIème congrès du PCBUS de Janvier 1934, les fascistes tentèrent un coup d'état en France. Des centaines de milliers d'ouvriers, y compris des ouvriers sociaux-démocrates, répondirent à l'appel à la résistance en refusant d'écouter leurs chefs réformistes. C'est là que débuta de fait le front unique qui aboutit à la grève  générale quelques jours plus tard.

 

Manouilski parle de « ces journées de février qui représentèrent un point tournant dans l'histoire du mouvement de la classe ouvrière en Europe; au cours de ces journées, on assista à la transition entre l'offensive du fascisme et la contre-attaque du prolétariat. (...) elles  marquèrent le passage  des ouvriers socialistes et réformistes sur des positions de lutte de classe (...) l'unité d'action a permis au prolétariat français de repousser la première offensive du fascisme en France, de liquider le gouvernement Doumergue... qui préparait  la dictature fasciste et d'affaiblir l'attaque du capital contre le niveau de vie des masses. La création d'un front uni combattant a permis de stimuler un puissant mouvement en faveur de l'unité d'action syndicale qui a conduit à l'unification… des deux fédérations nationales en une seule fédération unifiée. Ce front unique constituait la base d'un front populaire dans la lutte contre l'offensive du capital, contre la fascisme et la guerre, un front populaire qui deviendra un point de ralliement pour les forces anti-fascistes pour les autres couches et classes de la population. L’expérience du prolétariat français enrichit l’expérience de l'ensemble du mouvement ouvrier mondial, en montrant que la promptitude et la rapidité à organiser la résistance au fascisme (contrairement à ce qui s'est passé en Autriche et en Espagne) a épargné à la classe ouvrière des sacrifices inutiles et l'amertume de la défaite. Finalement le mouvement du front unique en France a mis à l'ordre du jour la question de l'unité de l'ensemble du mouvement ouvrier  international. Aujourd'hui, la social-démocratie ne peut éviter la question du front unique qu'exigent des millions d'ouvriers à travers le monde » ( Manouilski, les résultats du VIIème congrès de l'IC, 17/12/1935).

 

Il est fondamental de bien comprendre que cette contre-attaque du prolétariat français était le produit de l'influence qu'a eue la défaite du prolétariat allemand. Le changement de ligne tactique opéré par le VIIème Congrès résultait des besoins objectifs ressentis par la classe ouvrière des pays Européens et Soviétique dans la résistance au fascisme.

 

Le communisme est, contrairement à pas mal d'idées reçues, enraciné dans les luttes des masses. Le front uni et le front populaire sont les fruits, non des résolutions 'subjectives' du Comintern, mais de la résistance spontanée massive de la classe ouvrière luttant contre la menace du fascisme. De même, les Soviets ne sont  pas une création des Bolcheviks, mais sont des organes d'états spontanés des masses.

 

Les changements survenus dans la tactique ne se limitèrent pas seulement au Comintern. Ils se sont étendus aussi à la politique extérieure de l'URSS. Ce changement est connu sous le nom de politique de 'sécurité collective'. Il s’agissait, en réaction à la victoire des fascistes et à leur programme de conquêtes  territoriales en Europe même et de guerre d'agression contre l'URSS, de réaliser des alliances défensives de 'sécurité collective' avec des États impérialistes non agresseurs qui n'avaient pas, à ce moment, d’intérêt dans une guerre de repartage du monde.

 

L'URSS a utilisé la diplomatie d’État pour lutter en faveur de la paix et pour retarder le déclenchement de la guerre contre elle par les fascistes. La position adoptée par l'URSS était d’œuvrer à vaincre le fascisme avec le soutien du prolétariat  international, des différentes couches de travailleurs et de certains autres pays non fascistes. C'est d'ailleurs cette tactique de front uni et de front populaire qui finalement, malgré la 'trahison-capitulation', en fait la duplicité intéressée des impérialistes Franco-Britanniques, de l'accord de Munich avec Hitler, triompha en 1941 par la constitution du front mondial antifasciste.  

(A SUIVRE)

 

 

 



19/07/2017
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