Figures révolutionnaires : Lamine Senghor et Thiémoko Garang Kouyaté
Né le 15 septembre 1889 à Joal (Sénégal) et mort le 25 novembre 1927 à Fréjus (France). Il est envoyé au front pendant la Première Guerre mondiale (14-18). Après la guerre, il resta en France et participa activement aux combats des coloniaux en France, milita au Parti communiste français (PCF). En 1924, Lamine Senghor est militant au sein de l’Union intercoloniale (UIC), organisme créé en 1921 par le PCF. L’UIC dénonce le colonialisme, avec une violence peu commune pour l’époque, dans les colonnes de son journal Le Paria.
En février 1927, Lamine Senghor participa au Congrès constitutif de la "Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale", organisé à Bruxelles par Willi Munzenberg, l'un des responsables de l’Internationale communiste. Il y siégea aux côtés de J. T. Gumede (ANC/Afrique du Sud), Nehru (Congrès Pan-indien), de Song Qingling (veuve du nationaliste chinois Sun Yat Sen), de Hafiz Ramadan Bey (Égypte) et de personnalités telles que Henri Barbusse ou Albert Einstein. Lamine Senghor y prononça un discours fort remarqué2.
«Lamine Senghor intègre l’Union intercoloniale à un moment où l’orientation de l’organisme est en train d’évoluer. Dominé dès le début par des Indochinois, dont Nguyen Ai Quoc, mieux connu plus tard sous son nom de guerre Ho Chi Minh, et ensuite par des Nord-Africains, l’organisme peine à intégrer des militants noirs. L’ascension rapide de Lamine Senghor, intégré dans l’exécutif de l’UIC dès la fin 1924, est donc sans doute liée au besoin ressenti par le PCF de mieux représenter la diversité du monde colonial français.
Dans ses articles pour Le Paria au cours de l’année 1925, Lamine Senghor soutient un front transcolonial pour combattre l’impérialisme européen. Il traite d’une grève qui avait réuni Européens et Africains dans un front commun contre les employeurs ; il dénonce les travaux forcés comme forme « moderne » de l’esclavagisme ; et, thème récurrent dans ses écrits, il évoque la dette du sang envers les tirailleurs sénégalais de la Grande Guerre.
La dernière facette de la solidarité transcoloniale évoquée dans les écrits de Lamine Senghor pour Le Paria, c’est la volonté de soutenir tous les mouvements indépendantistes. En 1925, la guerre du Rif au Maroc et la résistance des soldats d’Abd-el-Krim face aux armées espagnoles et françaises sont les grandes causes sans cesse évoquées par le PCF et l’UIC. Lamine Senghor est un des membres les plus actifs du « Comité d’action contre la guerre du Maroc ». Il participe à de nombreux meetings contre la guerre tout au long de 1925. Ses discours et sa présence même à la tribune constituent pour le PCF une preuve de la fraternité entre tous les peuples colonisés, comme le proclame l’idéologie anti-impérialiste du Komintern. C’est pendant cette période, semble-t-il, que Senghor découvre et développe des dons d’orateur hors du commun, capable d’enflammer les foules avec son ardeur et sa passion».
Né le 27 avril 1902 dans le Soudan français (aujourd'hui le Mali), Kouyaté a fait ses études à l'École normale William Ponty sur l'Île de Gorée au Sénégal. Il est instituteur en Côte d'Ivoire de 1921 à 1923.
Il vient à Aix-en-Provence pour reprendre ses études, mais est expulsé en 1926, accusé de «propagande communiste».
En 1927, il participe à la fondation de la Ligue de défense de la race nègre, d'obédience communiste et collabore à son journal La Race nègre. Quand la Ligue cesse son activité, il collabore à la naissance de l'Union des travailleurs nègres et à son journal Le Cri des Nègres. Il a travaillé pour l'Étoile nord-africaine de Messali Hadj. Kouyaté a collaboré avec des activistes noirs comme Marcus Garvey, W. E. B. Du Bois, et George Padmore.
Il est un des principaux militants anticolonialistes en Afrique-Occidentale française (AOF) dans les années 1930.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il est ajusteur-soudeur à Montluçon. Il est arrêté par les Allemands en 1942 pour n'avoir pas dénoncé les auteurs d'un acte de sabotage, ou pour son passé anticolonialiste. Il est déporté en Autriche au camp de concentration de Mauthausen où il est décédé.
A découvrir aussi
- Film de Patrice Lumumba (HISTOIRE VRAIE) film entier en français
- Discours historique de Thomas Sankara à l'ONU (4 octobre 1984)
- Mandela le film complet en français