BP, la marée noire, la démocratie bourgeoise et l’écologie politique
Depuis le 20 avril dernier le pétrole se répand dans le golfe du Mexique. L’écosystème des marécages de Louisiane (sud) est un lieu de reproduction pour les poissons, crabes et crevettes qui représentent 2,4 milliards de dollars par an pour l'industrie de la pêche et du tourisme.
Du milieu des années 1990 au milieu des années 2000 BP s’est rebaptisée Beyond Petroleum (« Au-delà du pétrole ») après la fusion avec Amoco en 1998 en proclamant vouloir faire de l'exploitation des hydrocarbures une « industrie propre ». BP collabore ainsi avec la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et des organisations non gouvernementales, comme Amnesty International, pour mettre en œuvre « l'oléoduc le plus vert possible ». Puis pour être plus « compétitif » que ses concurrents BP a réalisé le forage le plus profond de l'histoire pétrolière, à plus de 10 000 mètres de fonds et a fait pression sur ses salariés pour accélérer les travaux parce que chaque journée de retard dans l’exploitation lui coûtait un million de dollars (820.000 euros). Telles sont les circonstances qui ont précédé l'explosion qui a fait onze morts et provoqué ce que d’aucun appelle déjà la plus grande marée de l’histoire des USA.
Trois leçons sur le fonctionnement du capitalisme peuvent en être déduites :
1 – «La concurrence et la compétitivité» sont les moyens pour obtenir le maximum de profit ce qui conduit inévitablement les monopoles capitalistes à la destruction de l’environnement, de l’écosystème. Le capitalisme porte en son sein la destruction de la nature comme la nuée porte l’orage.
2 - La filiale de BP USA est, comme toutes ses consœurs pétrolières, un lobbyiste actif qui achète le vote des élus Républicains et Démocrates. En 2009, elle a dépensé 16 millions de dollars en « arrosages » pour obtenir le droit de se lancer dans l’aventure sans garantie de sécurité de l’exploitation du pétrole à 10.000 mètres de profondeur sous marines. La démocratie bourgeoise, c’est la liberté de la toute puissance du pouvoir de l’argent.
3 – Les monopoles capitalistes soutiennent et financent les campagnes idéologiques des associations et organisations écologistes tendant à culpabiliser le citoyen consommateur ainsi rendu responsable de la pollution. L’objectif est d’éviter la prise de conscience que c’est la propriété privée des banques et des entreprises qui est la source véritable du profit à tout prix y compris au prix de la destruction de la force productive humaine (exploitation) et de la nature.
22 mai 2010
Fodé Roland Diagne