ACCORDS DE PARTENARIATS ECONOMIQUES (APE) Union EUROPENNE – AFRIQUE DE L’OUEST : DANGER POUR LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE DE L'AFRIQUE
Signés entre l’Union Européenne et la quasi-totalité des pays d’Afrique de l’ouest, les accords de partenariats économiques vont ouvrir les frontières des pays de la CEDEAO à la concurrence des produits européens. Ces accords vont à termes tuer l’agriculture en Afrique de l’ouest.
«Les accords de partenariat économique (APE) n’offrent aucun avantage aux pays d’Afrique de l’ouest. Au contraire, ce sont des accords qui risquent d’avoir des effets plus néfastes que les programmes d’ajustements structurels appliqués dans nos pays à partir de la fin des années 70 », lance Guy Marius Sagna, coordinateur de la coalition nationale « Non aux accords de partenariat économique ». Les APE sont des accords de libre-échange négociés entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union Européenne (UE). Ces accords sont la concrétisation d’une des principales théories de l’Union Européenne qui affirme que : « le commerce est le développement ».
Mais les nouvelles règles de l’organisation mondiale du commerce (OMC) adoptée en 1994, la même année que la dévaluation de la monnaie coloniale CFA prévoient la création des zones de libre-échange, par exemple entre l’UE et l’Afrique de l’ouest, ce qui implique la fin du protectionnisme et donc que l’Afrique de l’Ouest devrait offrir un traitement préférentiel à l’Union Européenne. Les APE sont présentés comme le moyen de se conformer avec les règles de l’OMC. L’Union Européenne fait pression pour que les Exécutifs africains adoptent l’application provisoire des APE.
Pourtant, l’application des APE fragilisera considérablement l’Afrique de l’Ouest. Le manque à gagner consécutif à l’abandon des droits de douanes est colossal. Selon les calculs du Centre Sud25, l’Afrique de l’ouest perdrait plus de 746 millions d’euros (environ 490 milliards cfa) par an de recettes fiscales pour les produits qui seront libéralisés 5 ans après l’entrée en vigueur de l’APE et près d’1,9 milliard d’Euros par an au bout de 20 ans.
L’UE, la grande gagnante des accords pour se donner bonne conscience propose de donner des compensations. Les montants proposés sont loin de satisfaire la société civile africaine. « Dans le cadre de ce qu’ils appellent le programme d’appui pour le développement (PAPED), l’UE promet de donner à l’Afrique 6,5 milliards d’euros sur 5 ans. Déjà cette promesse montre qu’il va y avoir des problèmes car si les APE étaient bénéfiques, il n’y aurait pas besoin de faire des compensations », analyse Guy Marius. « La part du PAPED du Sénégal est évalué à 575 milliards de francs CFA en cinq ans (115 milliards par an), mais ce que le Sénégal va perdre par exemple seulement en terme de recettes douanières du fait de l’application des APE ce sera 75 milliards de francs FCA dès la première année. A partir de la vingtième année ce sera 240 milliards de francs CFA par an. Nous ne pouvons pas comparer ces pertes annuelles avec l’insignifiante somme de compensation », poursuit-il.
L’agriculture aussi sera affectée par les APE. Certaines filières comme l’élevage du bétail et l’aviculture seront menacées et pourraient à terme disparaître. « Le kilogramme de poulet sénégalais revient à 1700F CFA alors que le kilogramme du poulet européen ne coûte que 530F CFA. Les producteurs sénégalais ne résisteront pas à une telle concurrence », constate M. Sagna. Pour le militant, il convient de fédérer les énergies pour refuser les APE qui sont une menace contre la souveraineté alimentaire. « Les APE vont assassiner notre agriculture si nous ne faisons rien. Notre alimentation sera entre les mains des Européens. L’agrobusiness international reviendra accaparer nos terres et transformer nos paysans en ouvriers agricoles sur leurs propres terres et en une nouvelle vague mortelle d'émigration», prévient-il. Les APE prévoient également la libéralisation du droit de propriété intellectuelle. Ce qui pourrait ouvrir la voie au brevetage des semences africaines par des firmes européennes.
Guy Marius Sagna
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