Le Septième Congrès de l'Internationale Communiste est-il à l'origine de l'opportunisme qui a miné et détruit le mouvement communiste international ?
SERIE D’ARTICLES SUR LE SEPTIEME CONGRES DE L’I.C.
- ARTICLE IV -
LUTTE POUR LA PAIX OU 'GUERRE REVOLUTIONNAIRE' ET LE SOCIALISME
Lénine a ainsi polémiqué en son temps contre « les communistes de gauche », dont Trotski, qui prétendaient qu'il « faut dans l’intérêt de la révolution internationale consentir à la perte du pouvoir des Soviets... Pourquoi les intérêts de la révolution internationale interdisent toute paix, quelle qu'elle soit, avec les impérialistes ? (…) Il est évident que cette opinion conduit à nier l'utilité des pourparlers de Brest-Litovsk, à refuser la paix, 'même' si la Pologne, la Lettonie et la Courlande devaient nous être restituées. Il saute aux yeux que ce genre de vues (...) sont erronées. Si l'on adoptait ce point de vue, une république socialiste ne pourrait conclure aucun accord économique et ne pourrait pas exister à moins de s'envoler dans la lune » (Chose étrange et monstrueuse).
Les Bolcheviks ont pris le pouvoir sur la base d'une plate – forme pour la paix. Leur mot d'ordre était : « Paix, terre et pain ». Mais il y avait dans le parti ceux qui refusaient toute lutte pour préserver le pouvoir Soviétique au nom de la poursuite de la guerre afin de 'révolutionner toute l'Europe'. Les attaques trotskistes des années 30 et 40 sont, en règle générale, les mêmes attaques des « communistes de gauche » contre Lénine lui-même en 1918. Les origines de la politique extérieure de l'URSS avant, pendant et à la fin de la guerre mondiale antifasciste sont à chercher dans cette période-là.
Les trotskistes, les 'gauchistes infantiles', comme les nommait Lénine, dénoncent le VIIème congrès de l'IC et la politique extérieure de l'URSS des années 35-40 et 45 comme du 'nationalisme'. En fait, toute politique ayant pour but de préserver l’État socialiste est du 'nationalisme bourgeois'. Et cela parce que supposément la préservation du socialisme est une 'trahison de leur guerre révolutionnaire'. Voilà la position absurde, antiscientifique des critiques gauchistes de tous temps et de tous lieux.
Mais Lénine a été le premier défenseur de la préservation de l’État Soviétique quand il déclarait que « lorsque j'ai dit dans une réunion du parti que la phrase révolutionnaire sur la guerre révolutionnaire pourrait causer la perte de notre révolution, on m'a reproché de me montrer acerbe dans la polémique. Mais il est des moments qui obligent de poser les questions de front et d'appeler les choses par leur nom sous peine de causer un préjudice irréparable au parti et à la révolution ». « La phrase révolutionnaire est le plus souvent un mal dont souffrent les partis révolutionnaires dans les moments où ceux-ci réalisent de près ou de loin la liaison, la réunion, l'interpénétration d'éléments prolétariens et petits bourgeois et où le cours des événements révolutionnaires connaît de brusques et importants revirements. La phrase révolutionnaire, c'est la répétition de mots d'ordres révolutionnaires sans égards aux circonstances, au changement marqué par les derniers événements en date, à la situation du moment. Des mots d'ordre excellents qui entraînent et enivrent, mais sont dépourvus de base solide, telle est l'essence de la phrase révolutionnaire » ( Sur la phrase révolutionnaire, contre le dogmatisme et le sectarisme, éditions sociales).
Lénine répondait aux 'gauchistes' que « quiconque voudra réfléchir un peu, ou tout au moins, se remémorer l'histoire du mouvement révolutionnaire en Russie, verra aisément que seule une résistance RATIONNELLE à la réaction peut servir la révolution. Nous connaissons, par l'expérience d'un demi-siècle de mouvement révolutionnaire en Russie, une foule d'exemples d'une résistance inopportune à la réaction. Nous, Marxistes, avons toujours été fiers de savoir déterminer, en tenant un compte rigoureux des forces des masses et des rapports entre les classes, si telle ou telle forme de lutte était opportune ou non. Nous avons dit : l'insurrection n'est pas toujours opportune, faute de certaines prémisses à réaliser parmi les masses, elle tourne à l'aventure. Nous avons très souvent condamné comme inopportunes et nuisibles, du point de vue de la révolution, les formes les plus héroïques de résistance individuelle. Instruits par une amère expérience, nous avons rejeté en 1907 comme inopportune le refus de participer à la IIIème Douma etc... » (idem).
En 1918, la bourgeoisie russe voulait continuer la guerre tenant en cela les engagements impérialistes du Tsar renversé. Les 'communistes de gauche' voulaient eux aussi continuer la guerre même si eux, bien sûr, l'affublaient du mot 'révolutionnaire'.
En 1935-40, les impérialistes non fascistes voulaient diriger l'agression nazie contre l'URSS, ce qui les amena à saboter tous les efforts du gouvernement Soviétique pour constituer un front d' Etats anti-fascistes et pour la paix. Un des moments symboles de ce torpillage systématique a été le fameux 'accord de Munich' en septembre 1938 entre Hitler, Chamberlain, Mussolini et Daladier qui, non seulement, sacrifia la Tchécoslovaquie aux ambitions sans fin d'Hitler, mais était conçu comme un marchandage ouvrant la voie à une agression militaire Hitlérienne contre l'URSS.
J.V. Staline, le 10 mars 1939, a démasqué cette tactique des impérialistes ainsi : « Les États agresseurs font la guerre en lésant de toutes les façons les intérêts des États non agresseurs et en premier lieu, ceux de l'Angleterre, de la France, des États-Unis, qui eux, reculent et se replient en faisant aux agresseurs concessions sur concessions. Ainsi nous assistons à un partage déclaré du monde et des zones d'influence aux dépens des intérêts des États non agresseurs, sans aucune tentative de résistance, et même avec une certaine complaisance de leur part. Cela est incroyable, mais c'est un fait. (…) Comment ait-il pu se faire que des États non agresseurs disposant d'immenses possibilités, aient renoncé avec cette facilité et sans résistance à leurs positions et à leurs engagements pour plaire aux agresseurs ? ( …) Le principal motif, c'est que la majorité des pays non agresseurs, et en premier lieu l'Angleterre et la France, ont renoncé à la politique de sécurité collective, à la politique de résistance collective aux agresseurs... sont passés sur les positions de la non intervention, de la 'neutralité'. (…) La politique de non intervention trahit la volonté, le désir de ne pas gêner les agresseurs dans leur noire besogne, de ne pas empêcher, par exemple, le Japon de s’empêtrer dans une guerre avec la Chine et mieux encore avec l'Union Soviétique; de ne pas empêcher, par exemple l'Allemagne de s'enliser dans les affaires européennes, de s’empêtrer dans une guerre avec l'Union Soviétique; de laisser les pays belligérants s'enliser profondément dans le bourbier de la guerre; de les encourager sous-main; de les laisser s'affaiblir et s'épuiser mutuellement, et puis quand ils seront suffisamment affaiblis, d'entrer en scène avec des forces fraîches, d'intervenir naturellement 'dans les intérêts de la paix', et de dicter ses conditions aux pays belligérants affaiblis » (J.V. Staline, Œuvres tome XIV, rapport au XVIIème congrès).
C'était cela, le sens véritable de la politique 'd'apaisement' des États impérialistes non agresseurs. C'est partant de cette analyse du double jeu des Etats impérialistes non fascistes que l'URSS fut obligée de conclure le 'pacte de non-agression' tant décrié par les historiens et médias bourgeois.
J.V.Staline a ainsi mis à nu la duplicité perfide et immorale des impérialistes non agresseurs d'alors : « Fait encore plus caractéristique : certains politiques et représentants de la presse d'Europe et des États–Unis ayant perdu toute patience à attendre la 'campagne contre l'Ukraine Soviétique' commencent eux-mêmes à dévoiler les dessous véritables de la politique de non intervention. Ils parlent ouvertement et écrivent noir sur blanc que les Allemands les ont cruellement 'déçus'; car, au lieu de pousser plus loin vers l'Est, contre l'Union Soviétique; ils se sont tournés, voyez-vous, vers l'Ouest et réclament des colonies. On pourrait penser qu'on a livré aux Allemands les régions de la Tchécoslovaquie pour les payer de l'engagement qu'ils avaient pris de commencer la guerre contre l'Union Soviétique; que les Allemands refusent maintenant de payer la traite, et envoient promener les souscripteurs. Je suis loin de vouloir moraliser sur la politique de non-intervention, de parler de trahison, de félonie etc... Il serait puéril de faire la morale à des gens qui ne reconnaissent pas la morale humaine » (Rapport au XVIIIème congrès).
Les impérialistes ont crié et vociféré contre le 'pacte de non-agression' parce que justement cela contrecarrait leurs plans d'une guerre allemande contre l'URSS et eux, attendraient 'tranquillement' le moment d'entrer en scène pour imposer leur diktat.
Les impérialistes Franco-Britannique et US ont tout fait pour pousser Hitler dans cette voie. Les Trotskistes et les 'ultra- gauches' eux-aussi crient, en écho, à la 'trahison du pacte Ribbentrop-Molotov'. Certains vont même jusqu'à dénoncer l'URSS de n'avoir pas déclenché contre les nazis et la coalition fasciste mondiale 'leur guerre révolutionnaire'. C'était justement cela le but et le rêve des impérialistes.
Pour avoir lutté et évité de tomber dans ce piège-là, l'URSS est qualifiée de 'nationaliste', de 'social-patriote' et autre sobriquet bourgeois. Selon cette conception petite bourgeoise, apparemment la révolution mondiale exclut le droit à un État socialiste de défendre sa patrie, de lutter pour se préserver d'une attaque militaire des impérialistes, de lutter pour la paix ! Est-il besoin de se demander quelle classe tire profit d'une telle ligne ? « Car, comme le dit Lénine, jusqu'à ce qu'éclate la révolution socialiste mondiale, jusqu'à ce qu'elle embrase plusieurs pays et qu'elle soit suffisamment puissante pour vaincre l'impérialisme international, il est du DEVOIR des (communistes) qui se sont emparés du pouvoir dans un seul pays (particulièrement dans un pays arriéré) de ne pas accepter l'affrontement, d'attendre que les conflits entre les impérialistes les affaiblissent encore davantage et rapprochent l'heure de la révolution dans les autres pays. Il est de notre DEVOIR d'évaluer le rapport de forces et ne pas venir en aide aux impérialistes en leur rendant plus facile la lutte contre le socialisme, alors que le socialisme est encore faible, et que les chances de victoire ne sont manifestement pas du côté du socialisme » (Lettre aux ouvriers américains).
Ce n'est pas la direction de l'URSS et de l'IC qui discutent ici de tactiques à appliquer dans les années 35-40 et en 45. Mais bel et bien Lénine lui-même, car telle a été la politique Soviétique et de l'IC dans ces années de lutte à mort contre le fascisme mondial en promouvant et en défendant les différents pactes tant de 'sécurité collective' avec les Etats non fascistes dès 1935 et de 'non-agression' avec l'Allemagne et le Japon fascistes. L'URSS et l'IC suivaient en cela les enseignements du matérialisme dialectique léniniste.
C'est toujours Lénine qui apprenait à ses disciples et élèves bolcheviks que « les rapaces de l'impérialisme anglo-français et américain nous 'accusent d'entente' avec l'impérialisme allemand. O hypocrites ! O gredins qui calomnient le gouvernement ouvrier tout en tremblant devant la sympathie que les ouvriers de 'leurs' pays manifestent pour nous!(...) Ils font mine de ne pas comprendre la différence qui existe entre une entente des 'communistes' avec la bourgeoisie (nationale ou étrangère) contre la bourgeoisie d'une autre couleur nationale, POUR LA SAUVEGARDE des ouvriers qui ont triomphé de leur bourgeoisie, afin de permettre au prolétariat de tirer parti de l'antagonisme qui divise les différents groupements de la bourgeoisie. Et les requins de l'impérialisme anglo-français et américain auront beau écumer de rage, nous calomnier, dépenser des millions pour soudoyer les journaux social-patriotes … je n'hésiterai pas un instant à conclure une 'entente' de ce genre avec les rapaces de l'impérialisme allemand si une attaque des troupes anglo-françaises contre la Russie nous y oblige. Et je sais parfaitement qu'une telle tactique recevra l'approbation du prolétariat conscient de Russie, d'Allemagne, de France, de Grande Bretagne, d'Amérique... De telles tactiques faciliteront les tâches de la révolution socialiste, affaibliront la bourgeoisie internationale, et renforceront la position de la classe ouvrière qui triomphe de la bourgeoisie » ( Lettre aux ouvriers américains).
Qui peut nier que ces tactiques auront, à la veille de la guerre, déjoué la tactique impérialiste de canalisation de l'agression nazie vers l'Est, vers l'URSS ? Qui peut nier que l'obsession maladive du mensonge bourgeois identifiant comme 'totalitarisme' les soi-disant 'jumeaux Hitler = Staline ou nazisme = communisme' ne sont que l'expression de la haine de classe contre les succès et la victoire du communisme contre ce produit inhérent au capitalisme qu'est le fascisme ?
(A SUIVRE)
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- ARTICLE V -
LE SOCIALISME DANS UN SEUL PAYS OU LE PROLETARIAT A UNE PATRIE
Les accusations de 'nationalisme' à l'égard de l'URSS et du parti Bolchevik et de 'trahison de la révolution mondiale' par les bourgeois, les petits bourgeois, les anarchistes et les trotskistes n'ont pas été proférées pour la première fois dans les années du bras de fer avec les fascistes.
C'est une méthode trotskiste et de ses émules droitiers et 'gauchistes' de condamner l'essence d'une politique tout en camouflant les origines véritables de celle-ci. Par exemple Trotski a prétendu n'avoir jamais entendu parler du 'socialisme dans un seul pays' avant 1925 après la mort de Lénine. Alors que Trotski dans son opposition au traité de Brest-Litovsk au nom de sa 'guerre révolutionnaire pour la révolution mondiale' taxait déjà Lénine et les Bolcheviks de 'nationalistes'.
Ainsi les 'ultra-gauches', les semi-trotskistes ont toujours, devant les différentes situations qui ont jalonné les luttes de la classe ouvrière et des peuples opprimés, vociféré que l'URSS devait 'stimuler' et 'étendre' la révolution. Certains tentent même d'expliquer la contre-révolution en cours actuellement en URSS par une opposition insurmontable entre le 'rattrapage' du capitalisme par le socialisme et 'l'extension' du socialisme de la périphérie vers le centre du capitalisme. En fait, fondamentalement, il n'y a rien de vraiment nouveau dans cette opposition entre 'rattrapage' et 'extension'. C'est une reformulation consciente ou inconsciente de la 'vieille' opposition entre le 'socialisme dans un seul ou groupe de pays' et sa prétendue 'impossibilité' de surcroît dans un pays ou des pays arriérés, donc à la périphérie du centre du capitalisme.
En 1915, Trotski disait contre Lénine que « la seule argumentation historique plus en moins concrète mise de l'avant contre le slogan des Etats-Unis d'Europe fut formulée dans le social-démocrate Suisse dans la phrase suivante : 'L'inégalité du développement économique et politique est une loi absolue du capitalisme'. De cela, le social–démocrate a tiré la conclusion que la victoire du socialisme est possible dans un seul pays, et que par conséquent, il n'était pas nécessaire de créer les États-Unis d'Europe et d'en faire la condition de la dictature du prolétariat dans chaque pays pris séparément. (…) cette inégalité est elle-même inégale (...) sans attendre les autres, on commence et continue notre lutte sur notre sol national tout en étant assuré que notre initiative va donner un élan aux luttes dans les autres pays; mais si cela ne se produit pas, il serait insensé(…) de croire que la Russie révolutionnaire tiendra le coup devant l'Europe conservatrice ou que l'Allemagne socialiste pourra rester isolée du monde capitaliste. Admettre cette perspective d'une révolution sociale à l'intérieur des frontières nationales, c'est tomber dans le nationalisme étroit qui constitue l'essence du social-patriotisme » (cité par Staline).
C’était là, la réponse de Trotski à Lénine qui avait dit que « comme mot d'ordre indépendant, celui des États-Unis du monde ne serait guère juste, d'abord parce qu'il se confond avec le socialisme; en second lieu, parce qu’il pourrait conduire à des conclusions erronées sur l'impossibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays et sur l'attitude du pays en question envers les autres. L'inégalité du développement économique et politique est une loi absolue du capitalisme. Il s'ensuit que la victoire du socialisme est possible au début dans un petit nombre de pays capitalistes ou même dans un seul pays capitaliste pris à part » (cité par Staline).
La question qu'il faut soulever ici, c'est l'opposition que voient les 'ultra-gauches' entre les tâches 'nationales' et les tâches internationales parce que, selon eux, l'on ne peut en aucune façon réaliser le 'socialisme dans un seul pays'. Cela les conduit à donner un écho de 'gauche' à la propagande anti-communiste et anti-soviétique de la bourgeoisie internationale.
C'est la question que soulevait J.V. Staline quand il répondait aux trotskistes : « Le parti soutient que les tâches 'nationales' et internationales du prolétariat de l'URSS se fusionnent en une seule tâche générale, celle de l'émancipation des prolétaires de tous les pays du capitalisme, que les intérêts de l'édification du socialisme dans notre pays se fusionnent complètement avec les intérêts du mouvement révolutionnaire de tous les pays en un seul intérêt général, celui de la victoire de la révolution socialiste dans tous les pays ». « Qu'adviendrait-il si les prolétaires de tous les pays n’apportaient pas leur soutien à la république des Soviets ? Les puissances impérialistes interviendraient et la république des Soviets serait écrasée. Qu'adviendra-t-il, si le capital parvenait à écraser la république des Soviets? On verrait s'installer une ère de la plus noire réaction dans tous les pays capitalistes et coloniaux, la classe ouvrière et les peuples opprimés seraient saisis à la gorge, les positions du communisme international seraient perdues. Qu'adviendra-t-il, si s’accroît et s'intensifie le soutien dont bénéficie la république des Soviets auprès des prolétaires de tous les pays? Cela facilitera grandement l'édification du socialisme en URSS. Qu'adviendra-il si les réalisations de l'édification du socialisme en URSS vont en s’accroissant ? Cela améliorera grandement la position révolutionnaire des prolétaires de tous les pays dans leur lutte contre le capital, minera la position du capital international dans sa lutte contre le prolétariat et améliorera grandement les chances de victoire du prolétariat mondial. Il s'ensuit donc que les intérêts et les tâches du prolétariat de l'URSS sont indissolublement liés aux intérêts et aux tâches du mouvement révolutionnaire de tous les pays et, inversement, que les intérêts et les tâches des prolétaires révolutionnaires de tous les pays sont indissolublement liés aux tâches et aux accomplissements des prolétaires de l'URSS dans le domaine de l'édification socialiste. Il s'ensuit que c'est une profonde erreur politique que d'opposer les tâches 'nationales' des prolétaires d'un pays aux tâches internationales. Il s'ensuit que ceux qui, comme nos ‘oppositionnistes’ le font parfois, qualifient de signe 'd'isolationnisme national' ou 'd'esprit national étroit' le zèle et la ferveur déployés par les prolétaires de l'URSS dans la lutte sur le front de la construction socialiste, ont perdu la tête ou sont retombés en enfance. Il s'ensuit que l'affirmation de l'unité et de l'indivisibilité des intérêts et des tâches des prolétaires de tous les pays est la voie la plus sûre vers la victoire du mouvement révolutionnaire des prolétaires de tous les pays. C'est précisément pour cette raison que la victoire de la révolution prolétarienne dans un pays n'est pas une fin en soi, mais un moyen et un soutien pour le développement et la victoire de la révolution dans tous les pays. Il s'ensuit que l'édification du socialisme en URSS entraîne le développement de la cause commune des prolétaires de tous les pays, qu'elle signifie le développement de la victoire sur le capital non seulement en URSS, mais dans tous les pays capitalistes parce que la révolution en URSS est partie intégrante de la révolution mondiale. Elle est son début et la base de son développement » ( J.V. Staline-Sur l'opposition).
L'essence de la déviation trotskiste se trouve dans cette opposition qu'elle croit voir entre la lutte pour préserver le pouvoir et l'Etat socialiste et la lutte 'internationale' du prolétariat. Pour les trotskistes, la préservation d'une révolution prolétarienne victorieuse dans un seul pays conduit, pour ainsi dire fatalement, à la dégénérescence 'bureaucratique nationaliste' dont une des manifestations est tout 'naturellement la subordination de la révolution mondiale à l'existence de cet État socialiste'. Voilà l'essence défaitiste et petite bourgeoise de toutes les attaques trotskistes contre l'URSS et l'IC dans les années 30-40 et en 45.
En fait, ce n'est qu'une version de 'gauche' de la thèse impérialiste de droite selon laquelle la défaite actuelle du socialisme de l'ancien camp socialiste et de l’URSS résulte d'une dégénérescence 'bureaucratique' liée prétendument à la nature 'totalitaire et impérialiste' du 'socialisme réel'.
Au lieu d’être une force de destruction du capitalisme, comme nous avons, nous, la faiblesse de le croire, le socialisme comporte ainsi dans sa propre nature intrinsèque 'son propre fossoyeur'. C'est ainsi que l'on fabrique toutes sortes d'explications les plus fantaisistes autour du mot 'échec' du socialisme.
Il n'est pas rare de voir les gens qui propagent une des multiples versions des thèses trotskistes s'enticher de la phrase de Karl Marx : 'Les ouvriers n'ont pas de patrie' pour condamner toute lutte pour la préservation de la patrie de la classe ouvrière. Ces gens devraient tout d'abord citer intégralement Karl Marx dont la formulation ne peut en aucune manière servir la déviation de 'gauche'. Ce que dit Karl Marx est justement : « Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par-là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot » ( Manifeste du Parti Communiste).
Qu'a donc fait le prolétariat Soviétique dirigeant et allié à la paysannerie en Octobre 1917 ? Si ce n'est « s'ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation ». Ne fallait-il pas lutter pour préserver cet Etat socialiste encore « national quoique nullement au sens bourgeois du mot » ?
Le processus de dégénérescence du raisonnement semi-trotskiste atteint des proportions énormes quand l'appel au sens patriotique, à la fierté nationale et à la mobilisation nationale des peuples Soviétiques pour faire barrage au 'blitzkrieg' nazi est pointé du doigt et dénoncé comme du 'nationalisme bourgeois' par opposition à l’internationalisme.
En 1918, Lénine disait : « Pourquoi les très lourdes défaites militaires subies dans la lutte contre les colosses de l'impérialisme moderne ne pourraient-elles pas, en Russie également, tremper le caractère du peuple... La Russie marche vers une nouvelle et véritable guerre nationale, vers une guerre pour la sauvegarde et la consolidation du pouvoir des Soviets. Il se peut qu'une autre époque comme il y eut l'époque des guerres napoléoniennes soit celle des guerres libératrices (des guerres, et non d'une seule) imposées par les envahisseurs à la Russie des Soviets. Cela est possible »(Chose étrange et monstrueuse). Ces propos ne sont pas de J.V. Staline en 1941 au moment du déferlement des troupes fascistes, mais de Lénine lui-même au plus fort de la montée révolutionnaire en 1918.
Lénine prévoyait déjà l'éventualité d'une guerre du type de la deuxième guerre mondiale antifasciste. Et même avant la conquête du pouvoir par la classe ouvrière Soviétique, Lénine enseignait : « le sentiment de fierté nationale nous est-il étranger, à nous prolétaires grands-russes conscients? Bien sûr que non ! Nous aimons notre langue et notre patrie; ce à quoi nous travaillons le plus, c'est à élever les masses laborieuses à une vie consciente de démocrates et de communistes. Le plus douloureux pour nous, c'est de voir et de sentir les violences, l'oppression et les vexations que les bourreaux Tsaristes, les nobles et les capitalistes font subir à notre belle patrie. Nous sommes pénétrés d'un sentiment de fierté nationale, car la nation grand-russe a créé, elle-aussi, une classe révolutionnaire; elle aussi a prouvé qu'elle est capable de fournir à l'humanité des grands exemples de lutte pour la liberté et pour le socialisme, et pas seulement de grands pogroms, des rangées de potences, des cachots, des grandes famines et une grande servilité à l'égard des popes, des Tsars, des grands propriétaires fonciers et des capitalistes ».
Comment ne pas opposer cette légitime fierté nationale des peuples d'URSS au programme de conquête esclavagiste nazi qu'Hitler a décrit comme suit : « …Nous autres, nationaux-socialistes, nous mettons sciemment le point final à l'orientation de notre politique extérieure d'avant-guerre. Nous commençons là où nous nous sommes arrêtés, il y a six siècles. Nous abandonnons le perpétuel désir d'expansion vers le sud et l'ouest de l'Europe, et tournons nos regards vers les terres de l'est. Nous rompons enfin la politique coloniale et commerciale d'avant- guerre et passons à la politique territoriale de l’avenir. Mais lorsque nous parlons aujourd’hui en Europe de terres nouvelles, nous ne pouvons songer en premier lieu qu'à la Russie et aux États limitrophes qui lui sont subordonnés. Il semble que le sort lui-même nous montre le chemin » (Mein Kampf).
L'histoire se chargera de démontrer la justesse et l’efficacité de l'appel en 1941 de J.V. Staline au patriotisme et à la fierté nationale des peuples d'URSS, notamment Russe, contre la barbarie chauvine et impérialiste des fascistes déchaînés qui se croyaient invincibles. Au procès de Leipzig, G. Dimitrov avait lui-aussi mis l'accent sur la fierté nationale des ouvriers et paysans Bulgares contre la furie sauvage des fascistes de son pays et de leurs congénères Hitlériens.
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Dans un certain sens, dialectique, c'est cette fierté nationale des peuples d'URSS et du monde entier luttant pour leur liberté et contre l'esclavage qui a vaincu les fascistes mondialement coalisés.
(A SUIVRE)
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- ARTICLE VI -
LE VIIème CONGRES ET LA LUTTE CONTRE LES DEVIATIONS DE DROITE ET DE GAUCHE
Les théories bourgeoises et trotskistes sur le VIIème congrès et sur le Comintern, sont celles mises de l'avant par la propagande bourgeoise mondiale que ce soit sous la forme d'une attaque de 'gauche' anarchisante ou trotskiste, ou d'une attaque de droite par la presse bourgeoise, social-démocrate ou les intellectuels universitaires.
Il existe cependant une autre lecture du VIIème congrès, celle mise de l'avant par les révisionnistes de Khrouchtchev à Gorbatchev en URSS depuis les années 56-60 et par les directions opportunistes des partis communistes officiels à travers le monde, principalement les tenants chauvins de l'eurocommunisme. Cette déviation de droite par rapport à la ligne de l'IC est utilisée par les critiques de 'gauche' pour incriminer le VIIème congrès lui-même.
Pourtant Dimitrov a clairement insisté au VIIème congrès sur le fait que l'IC procédait à un changement de la tactique et non à un changement de la stratégie. Mais les révisionnistes juchés à la tête des partis communistes ont camouflé la lutte au VIIème congrès contre l'opportunisme de droite aujourd'hui dominant dans la plupart des Partis Communistes, y compris le PCUS.
Les révisionnistes, notamment les eurocommunistes, ont proclamé que la tactique de front unique et puis de front populaire est applicable en tous temps et en tous lieux, quelles que soient les circonstances.
La tactique juste du VIIème congrès dans un contexte général de lutte antifasciste est ainsi devenue la stratégie opportuniste de droite de la 'transition pacifique au socialisme par des alliances électorales sur la base du programme commun avec la social-démocratie' dans les pays impérialistes et 'd'alliance-soumission à la bourgeoisie nationale' dans les pays du Tiers Monde.
Ceux, celles qui pensent qu'une telle ligne est celle mise de l'avant par le VIIème congrès doivent méditer sérieusement ces mots de G. Dimitrov : « Le VIIème congrès a développé la politique des partis communistes sur le parlementarisme dans les conditions de la LUTTE DEMOCRATIQUE EN GENERAL. Le développement d'une politique de front populaire et plus particulièrement la question d'un gouvernement de Front Populaire en tant que forme de transition possible à la dictature du prolétariat, constituait un développement des enseignements de Lénine sur les voies de la révolution socialiste, sur la façon de combiner la lutte pour la démocratie avec la lutte pour le socialisme, et sur l'alliance de la classe ouvrière avec d'autres couches du peuple travailleur. L'effort collectif de plusieurs partis communistes a permis d'en arriver à d'importantes conclusions doctrinales sur ces questions. Les développements de l'enseignement de Lénine sur l'interdépendance entre la lutte pour la démocratie et la lutte pour le socialisme prenaient en considération le fait que le processus révolutionnaire dans les pays capitalistes ne dépasserait pas, DANS L'IMMEDIAT, l'étape de la lutte démocratique antifasciste. Cette voie ne signifiait d'aucune façon que les objectifs socialistes étaient mis à l'écart. Au contraire, le front unique des ouvriers et le front populaire entraînaient les larges masses dans la lutte contre le fascisme et pour la victoire de la nouvelle démocratie, préparant ainsi les pré-conditions pour la révolution socialiste. Telle est L'ESSENCE ET LA SUBSTANCE de la politique du front populaire. La nouvelle orientation ouvre de nouvelles perspectives au mouvement vers la révolution socialiste » (L'offensive du fascisme et les tâches de l'IC).
C'est donc clairement d'une nouvelle ligne tactique dont il s'agit ici, et non d'un changement de ligne stratégique ou des buts et objectifs de renversement révolutionnaire du capitalisme et d'instauration du socialisme.
Pour ceux, celles qui sont encore sceptiques, Dimitrov précise : « Je ne parle pas ici du gouvernement qui peut être formé après la victoire de la révolution prolétarienne. Évidemment, la possibilité n'est pas exclue que dans un pays, aussitôt après le renversement révolutionnaire de la bourgeoisie, un gouvernement Soviétique puisse être formé sur la base d'un bloc gouvernemental composé du parti communiste et de tel autre parti (ou de son aile gauche) qui participe à la révolution. On sait qu’après la révolution d'Octobre, le parti vainqueur des bolcheviks Russes a fait entrer dans le gouvernement Soviétique les représentants des socialistes révolutionnaires de gauche. C'est là un trait particulier du premier gouvernement Soviétique qui suivit la révolution d'Octobre. Ce n'est pas lui que j'ai en vue, mais la formation possible d'un gouvernement de front unique à la veille et avant la victoire de la révolution Soviétique. Qu'est-ce que ce gouvernement? Et dans quelle situation peut-il en être question? C'est avant tout un gouvernement de lutte contre le fascisme et la réaction. Ce doit être un gouvernement formé à l'issue du mouvement de front unique et ne limitant, en aucune manière, l'activité du parti communiste et des organisations de masses de la classe ouvrière, mais au contraire, prenant des dispositions énergiques dirigées contre les magnats contre-révolutionnaires, contre la finance et leurs agents fascistes » ( Rapport au VIIème congrès).
Puis Dimitrov a combattu les déviations à droite et à gauche de la ligne tactique du VIIème congrès qui prédominent aujourd'hui dans le mouvement communiste : « Le fait que nous mettons aujourd'hui cette question à l'étude est évidemment lié à notre appréciation de la situation et des possibilités IMMEDIATES de développement, ainsi qu'à l'essor REEL du mouvement du front unique dans plusieurs pays ces DERNIERS TEMPS. Pendant plus de dix années, la situation dans les pays capitalistes était telle que l'Internationale Communiste n'avait pas à examiner des problèmes de ce genre. Vous vous rappelez camarades, qu'à notre IVème congrès tenue en 1922, puis au Vème congrès, en 1924, nous avons étudié le mot d'ordre du gouvernement ouvrier ou ouvrier-paysan. Et il s'agissait au début, quant au fond d'une question presque analogue à celle que nous posons aujourd'hui. Les débats qui s’engagèrent alors dans l'Internationale Communiste autour de cette question et, surtout, les fautes politiques commises dans ce domaine ont MAINTENANT ENCORE de l'importance : elles nous encouragent à RENFORCER NOTRE VIGILLANCE CONTRE LE DANGER DE DEVIATION à droite ou à 'gauche' de la ligne bolchevique dans cette question (...) La première série de fautes était conditionnée précisément par le fait que la question du gouvernement ouvrier n'était pas reliée clairement et solidement à l'existence d'une crise politique. Grâce à cette circonstance, les opportunistes de droite pouvaient interpréter les choses de façon à faire croire qu'il convient de viser à la formation d'un gouvernement ouvrier, soutenu par le parti communiste, DANS N'IMPORTE QUELLE SITUATION, dite 'normale'. Les ultra-gauches, au contraire, ne reconnaissaient que le gouvernement ouvrier issu d'une insurrection armée, qui ait renversé la bourgeoisie. L'un et l'autre points de vue étaient faux et c'est pourquoi, afin d'éviter la répétition de pareilles erreurs, nous mettons aujourd'hui si fortement l'accent sur la nécessité de tenir compte avec grand soin des conditions concrètes particulières de la crise politique et de l'essor du mouvement de masses, où la création d'un gouvernement de front unique peut s'avérer possible et politiquement indispensable. La deuxième série de fautes était conditionnée par le fait que la question du gouvernement ouvrier n'était pas liée au développement d'un vaste mouvement combatif du front unique prolétarien. C'est pourquoi les opportunistes de droite avaient la possibilité de DEFORMER la question, en LA RAMENANT A LA TACTIQUE SANS PRINCIPE DE BLOC AVEC LES PARTIS SOCIAL-DEMOCRATES SUR LA BASE DE COMBINAISONS PUREMENT PARLEMENTAIRES. Les ultra-gauches, au contraire clamaient 'aucune coalition avec la social–démocratie contre-révolutionnaire', considérant, dans le fond, tous les social-démocrates comme des contre-révolutionnaires. Les doctrinaires de 'gauche' ont toujours évité cette indication de Lénine; propagandistes bornés, ils ne parlaient que du 'but', sans jamais se préoccuper des 'formes de transition'. Quant aux opportunistes de droite, ils tentaient d'établir un 'STADE INTERMEDIAIRE DEMOCRATIQUE' particulier entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat, dans le but de répandre parmi les ouvriers l'illusion d'une PAISIBLE PROMENADE PARLEMENTAIRE d'une dictature à l'autre. Ce 'stade intermédiaire' fictif, ils l'intitulaient aussi 'forme transitoire' et se référaient même à Lénine ! Mais il n'était pas difficile de dévoiler cette filouterie; car Lénine parlait d'UNE FORME POUR PASSER A LA REVOLUTION PROLETARIENNE et l'aborder, c'est-à-dire pour passer au renversement de la dictature bourgeoise et non pas d'on ne sait quelle forme transitoire entre la dictature bourgeoise et la dictature prolétarienne » ( Rapport au VIIème congrès).
Dimitrov marque encore très nettement sa différence de ligne au nom du VIIème congrès de l'IC quand il conditionne ainsi le gouvernement de coalition : « Premièrement, l'appareil d'Etat de la bourgeoisie est suffisamment désorganisé et paralysé pour que la bourgeoisie ne puisse empêcher la création d'un gouvernement de lutte contre la réaction et le fascisme; deuxièmement, la grande masse des travailleurs, et particulièrement des syndicats, se dressent énergiquement contre le fascisme et la réaction, mais ne sont pas encore prêts à se soulever, afin de lutter, sous la direction du parti communiste, pour la conquête du pouvoir Soviétique; troisièmement, la différenciation et l'évolution à gauche dans les rangs de la social-démocratie et des autres parties membres du front unique ont déjà abouti à ce résultat qu'une partie considérable, d'entre eux, exige des mesures implacables contre les fascistes et les autres réactionnaires, lutte en commun avec les communistes contre le fascisme et intervient ouvertement contre la fraction réactionnaire, hostile au communisme, de son propre parti » (Rapport au VIIème congrès).
Toutefois, malgré cette lutte opiniâtre, l'histoire montre que la déformation de la ligne tactique du VIIème congrès devait triompher à une vaste échelle dans la plupart des partis communistes. Une des formes abouties de la déformation de droite de la ligne tactique du VIIème congrès de l'IC a été l'eurocommunisme.
(A SUIVRE)
SERIE D’ARTICLES SUR LE SEPTIEME CONGRES DE L’I.C.
- ARTICLE VII -
LE VIIème CONGRES A PERMIS LA DEFAITE DU CAPITALISME FASCISTE ET LA VICTOIRE DU SOCIALISME
La Lutte contre les deux déviations et notamment l'opportunisme de droite fut menée durant toute la période et même après la guerre. Dans son rapport au XVIIème congrès du PCBUS en 1939, Manouilski disait : « Dans certains partis communistes, l'application des tactiques de front uni ou front unique de la classe ouvrière, du front populaire antifasciste a revêtu UN CARACTERE OPPORTUNISTE DE DROITE. On a vu une tendance à minimiser l'importance de la lutte contre les capitulards pour idéaliser le rôle des soi-disant États démocratiques et minimiser leur caractère impérialiste. L'application de telles théories, même embryonnaires, montre la nécessité d’INTENSIFIER LA LUTTE CONTRE L'OPPORTUNISME. Bien qu'il y ait, sans l'ombre d'un doute, une amélioration générale du travail des communistes dans les syndicats et quelques réalisations remarquables dans ce domaine, la majorité des partis communistes n'ont pas été en mesure de prendre fermement pied dans les syndicats, de former un regroupement actif de militants syndicaux et de détruire l'influence d'éléments réactionnaires dans le mouvement syndical. Les communistes des pays capitalistes ne sont pas suffisamment préparés à faire face à des tournants abrupts des événements et n'ont pas encore maîtrisé les formes de luttes dictées par une situation internationale très tendue ».
Il ressort ainsi très nettement qu'à l'époque l'IC combattait toutes manifestations de l'opportunisme quelle que soit sa forme. Ainsi, comme le dit Manouilski dans le même rapport, « il doit être noté aussi que dans la maîtrise de ces formes de lutte, les partis communistes ont accompli de grandes choses. Le peuple Espagnol n'oubliera jamais l'aide apportée par le mouvement communiste mondial avec la formation des Brigades Internationales. Les Brigades Internationales ne comprenaient pas que des communistes dans leurs rangs, mais c'est sous leur initiative qu'elles ont été formées et organisées. Le Parti communiste français a assigné à cette tâche ses meilleurs ouvriers, ses organisateurs les plus compétents. Ce n’était pas une tâche facile de transporter des dizaines de milliers d'hommes à travers des frontières fermées, par-delà les mers et même par-delà l'océan atlantique. La bourgeoisie s'est acharnée contre ces volontaires, les a persécutés, poursuivis, mais ces hommes ont défié tous les obstacles, trouvé leur chemin à travers des sentiers montagneux, la nuit, marchant dans la neige jusqu'à la ceinture et dans les cours d'eau au risque de se noyer. Dans les rangs des volontaires, on retrouvait des prolétaires français – les descendants des Communards de 1871 - des réfugiés Italiens, des antifascistes allemands, des bûcherons canadiens, qui se sont montrés d'excellents francs-tireurs, et des ouvriers polonais dont le bataillon Dombrowsky fut le premier à affronter les forces ennemies lors de l'offensive de l'Ebro, ayant traversé la rivière à la nage sans attendre la construction de ponts. Les partis communistes de 53 pays étaient représentés dans les Brigades Internationales, ayant envoyé, en plus de ceux qui étaient impatients de s'y joindre, un bon nombre des membres de leur comité Central et des dirigeants ouvriers du parti. Parmi eux, il y avait des gens comme Hans Beimler, un membre du Comité Central du parti communiste allemand, qui avait été blessé dans un camp de concentration allemand et qui est tombé à Palasete en criant 'Rot Front'. Il y avait des hommes comme le communiste hongrois, le vétéran Hevesi, qui a dirigé le bataillon Rakosi lors d'une attaque contre les fortifications ennemies à Huesca, les a conquises, mais mourut de façon héroïque. Il y avait aussi de simples militants, comme John, ce camionneur anglais qui, sous un feu nourri apporta de l'eau à des hommes tourmentés par la soif; mortellement atteint, il déclara : 'Si le camarade Staline avait été présent, il m'aurait serré la main en disant : bien John, tu es un valeureux camarade, John !'. Qui sont ces gens ? Ce sont les hommes et les femmes de l’ère Stalinienne, ou l’héroïsme est devenue une caractéristique inaliénable des bolcheviks du parti et des sans parti. Ce sont les hommes et les femmes de la même ère Stalinienne qui sont montés à l'attaque au lac Khasan aux cris de : 'Pour la patrie, le Communisme et Staline' » (Rapport au XVIIème congrès du PCBUS- Manouilski).
Lorsque les armées nazies se présentèrent devant les portes de Stalingrad, Hitler et même les alliés bourgeois antifascistes de l'URSS étaient convaincus que c'en était fini de l'armée rouge Soviétique. Des confins de la grande patrie du prolétariat mondial surgirent des milliers, des dizaines, des centaines de milliers et des millions de soldats issus de la classe ouvrière, de la paysannerie Kolkhozienne et de l'intelligentsia Soviétique. Ils étaient équipés des armes les plus modernes et les plus sophistiquées forgées par l'édification du socialisme. En fait, ils surpassaient les nazis en tout, mais par-dessus tout, ils avaient une meilleure organisation et un moral inébranlable parce qu'ils défendaient leur patrie et leur patrie socialiste.
L'URSS a vaincu le fascisme parce que les hommes et les femmes de cet État ouvrier et paysan étaient dotés des moyens immenses que l'édification du socialisme dans les années 30 avaient mis entre leurs mains, parce que ces hommes et ces femmes luttaient pour leur liberté, pour défendre leur œuvre - le socialisme -, parce que la cinquième armée (traîtres intérieurs), qui avaient causé tant de mal et la défaite d'une puissance impérialiste comme la France face aux armées Hitlériennes, avait été éliminée lors des procès de 37 et 38.
L'on peut spéculer sur ce qui arrive aujourd'hui en URSS et dans le mouvement communiste international. On peut supputer sur les fautes qui ont été commises, et il y en a eu. Mais l'on doit convenir, après une étude objective du VIIème congrès de l'IC, que l'opportunisme de droite dominant de nos jours et cela depuis bientôt quatre décennies et les réponses trotskistes, semi-trotskistes qui y furent opposées par ceux, celles qui ont prétendu combattre le révisionnisme, la déformation du marxisme-léninisme, n'ont rien à voir avec la ligne véritable de l'IC, notamment lors de son VIIème congrès.
Mieux, nous devons en convenir que ces déviations de droites et de 'gauches' furent combattues par l'IC. Et la ligne tactique qui triompha en 1935 au VIIème congrès du Comintern a préparé et conduit à la victoire stratégique contre le fascisme mondial.
Peut-on nier raisonnablement que la défaite de la bête fasciste, l'extension du camp socialiste aux démocraties populaires d'Europe, à la Chine, à la Corée, au Vietnam et à Cuba, et l'important développement des luttes de libération nationale des colonies sont les principaux résultats de la Grande Guerre Patriotique livrée et gagnée par le premier État ouvrier et paysan au monde et donc de la ligne tactique du VIIème congrès de l'Internationale Communiste ?
La défaite actuelle du socialisme dans son bras de fer avec le capitalisme mondial résulte, a contrario, de la déformation opportuniste de la ligne stratégique et tactique du VIIème congrès de l'IC.
La défaite du camp socialiste, de l'URSS amène tout 'naturellement' les militants, qui ne sont pas prêts au reniement honteux en vogue, à chercher des explications à la débâcle qui vient d'arriver.
Toutes sortes de charlatans profitent de la faiblesse théorique et idéologique des communistes présentement pour amplifier la confusion et le désarroi qui existe dans nos rangs. Ils cherchent à nous vendre les versions bourgeoises et trotskistes de l'histoire des politiques de nos prédécesseurs de la IIIème Internationale Communiste.
Nous pensons, quant à nous, que c'est par l'étude des apports fondamentaux au plan de la théorie et de la pratique du Comintern, singulièrement son VIIème congrès, que nous nous réarmerons pour mettre fin à la confusion et au désarroi actuel.
C'est comme cela que nous jetterons les bases du RETOUR VERS NOTRE FUTUR, LE FUTUR COMMUNISTE INEVITABLE DE L'HUMANITE.
Le 07 Décembre 1991
Diagne Fodé Roland