Togo - Sénégal : Le mugissement du Lion du pays de la Téranga doit se faire entendre
Macky Sall
ASSOCIATION TOGOLAISE DE LUTTE CONTRE LA MANIPULATION DES CONSCIENCES (ATLMC)
À
Son Excellence Monsieur Macky Sall
Président de la République du Sénégal
Dakar Sénégal
Le mugissement du Lion du pays de la Téranga doit se faire entendre
Monsieur le Président de la République,
lorsque la case du voisin brûle, les formules de salutation usuelles ne servent plus à rien entre les secoureurs et la famille secourue. Cette entorse à la bienséance épistolaire que nous faisons ici est dictée par l'effervescence du terrain où les Togolais sont traités comme des parias ou des apatrides. Le Togo brûle et les pays frères voisins ont le devoir sacré de voler à son secours car la solidarité africaine n'est pas un vain mot. L'exceptionnelle gravité de la situation qui prévaut actuellement sur place au Togo interpelle le monde entier. Monsieur le Président, il n'est pas aisé de résumer 50 ans de dictature; il y a donc plusieurs manières de le faire car les centres d'intérêt sont nombreux et leur contenu est considérablement inquiétant.
Au cours de ce long règne de la famille GNASSINGBE, de 1967 à 2017, les Togolais ont plusieurs fois tenté de s'en débarrasser. L'une des preuves palpables de leur volonté à obtenir l'alternance politique a été la grève générale illimitée de 9 mois qu'ils ont déclenchée afin d'amener le Général Eyadéma à plus de civisme. Insensible aux souffrances de son peuple, ce dernier a opposé une résistance diabolique. Aujourd'hui, l'histoire semble se répéter car son héritier de fils refuse de se soumettre à la volonté de son peuple qui lui demande de partir, tout simplement.
Pour résoudre la grave crise politique qui a endeuillé en permanence notre pays, plus de 20 accords ont été signés entre le parti au pouvoir et l'opposition. La présence des facilitateurs n'a servi à rien comme si elle n'avait été qu'un élément de la décoration. Aucun accord n'a abouti car la fuite en avant a toujours été la stratégie du pouvoir en place pour ne pas le perdre. De même, aucune des élections présidentielles de 1993, 1998, 2003, 2005, 2010 et 2015 n'a été remportée ni par le père encore moins par le fils, les deux étant rejetés par le peuple dans sa totalité. Toutes ces victoires volées au peuple ont été revendiquées mais la riposte a toujours été cruelle. Le monde entier se rappelle encore les images choquantes montrant les forces de sécurité investir les bureaux de vote, braquer les assesseurs et les votants, s'emparer d'urnes sans ménagement et s'enfuir avec !
Le système politique qui étrangle le Togo est animé par d'énormes tentacules chargées de pomper frauduleusement le pétrole off-shore que leur ignoble clique cache aux Togolais, d'exploiter sans vergogne le gisement de phosphates de Tabligbo dont les natifs souffrent de pollutions sans bénéficier d'aucune retombée réelle pour leur bien-être social et de veiller surtout à immortaliser le temps au profit d'une dynastie non inscrite dans la Constitution. Certains ministres qui font partie de l'ossature du dispositif de la dictature sont de véritables sociologues de la catastrophe dont ils ne cessent de faire la promotion.
Monsieur le Président,
la violation des droits humains est massive, exécrable et insoutenable. La soudure de la période du Général Eyadéma et de celle de son fils n'a été possible qu'avec le sang d'un millier de personnes sur fond de trois coups d'Etat jumelés dont le Togo a été victime. Les archives et l'actualité en cours recèlent des documents qui sont répulsifs pour l'horreur indescriptible qu'ils véhiculent. Aujourd'hui, les artisans patentés de cette violence cherchent à démanteler la stratégie de pacifisme utilisée par l'opposition pour faire avancer ses revendications. Chassés des villes, des milliers de personnes vivent, à cet instant précis de la rédaction de cette lettre, dans la brousse et ce, dans des conditions déplorables.
Les crimes économiques sont inédits et les indicateurs sont rouge écarlate. Le pouvoir en place a fait du Togo une plaque tournante de la drogue et rend inopérante la moralisation de la vie politique. L'impunité est un vaccin inoculé à plusieurs responsables de cette administration sclérosée.
Les Togolais ont honte que leur pays soit le théâtre où les expériences les plus répugnantes sont faites : inaugurer les assassinats politiques en Afrique en éliminant physiquement le 1er président de la République du Togo le 13 Janvier 1963, inaugurer la décapitation du renouveau politique en s'attaquant à la Primature le 03 décembre 1992, prendre en otage le parlement les 22 et 23 octobre 1992 et le réduire au silence définitif, réaliser un triple coups d'Etat le 05 février 2005 site au décès du Général Eyadéma etc... L'imposition de la dynastie au Togo exclut mécaniquement tous les politiciens de la course au fauteuil présidentiel. Le droit à ce fauteuil devint un privilège qui allait servir de pomme de discorde entre MM. Faure et Kpatcha GNASSINGBE, deux fils du président défunt. Au lieu de la classe politique togolaise qui a le droit de faire acte de candidature au poste de président de la République, l'on retrouve seulement 2 frères, au sommet de l'Etat, pour se livrer un duel fratricide inédit au terme duquel M. Faure GNASSINGBE fit arrêter son frère et le jeta en prison pour une durée de 20 ans. En définitive le Togo ne se porte pas bien encore moins la famille GNASSINGBE : impérativement l'on devrait trouver une solution ensemble pour évacuer ce problème qui dure depuis des décades. Mais, c'est cette famille qui est réticente à toute approche de conciliation car elle n'est pas du tout disposée à céder la moindre particule du pouvoir.
La manipulation et l'achat des consciences tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de notre pays, le terrorisme d'Etat qui a imposé un silence de cimetière et qui, comble de ridicule, accuse M. Tikpi ATCHADAM de terrorisme islamiste, sont autant de sujets alarmants qui prouvent que le Togo est profondément malade de son régime politique.
Monsieur le Président,
La plus dangereuse menace pour l'avenir de notre pays se trouve dans les soupçons de terrorisme intégriste que M. Faure GNASSINGBE fait planer régulièrement sur l'intègre M. Tikpi ATCHADAM. Qu'aurait fait ce régime si ce dernier avait été chrétien? Il ne résoud pas le problème que son peuple lui a exposé mais il va en inventer un autre. À force d'allumer les projecteurs de l'obscurantisme, ne risque-t-on pas d'attirer ces indésirables insectes djihadistes?
À ce titre, un journaliste Egyptien a écrit ce qui suit sur son bloc au sujet de la crise politique au Togo : "Il faut que le pouvoir arrête d'agiter la menace du djihadisme au Togo juste pour discréditer le PNP ; il y a des fléaux dont il ne faut jamais évoquer l'existence même dans une stratégie de communication offensive car l'UNIR joue avec le feu en entonnant le début d'une chanson macabre sur laquelle personne (pouvoir comme opposition) ne pourra danser lorsque ses vrais musiciens finiront par se rabattre sur le Togo et là le PNP tout comme le reste de l'opposition et de la société civile seront des maux insignifiants pour le régime qui sera cette fois confronté à l'hydre terroriste celle dont même les unités des FAT les plus aguerries et armées ne pourront venir à bout."
À l'allure où évolue la situation qui lui est très défavorable, M. Faure GNASSINGBE semble chercher la partition du Togo et se forger un espace de repli où il élaborera une nouvelle offensive diplomatique teintée de menaces et sûrement de crimes. Ici il faut absolument préciser, pour les besoins de l'histoire, que cette division du pays en deux a toujours été le cheval de bataille de ce régime. 'Diviser pour régner" est un signe de faiblesse politique quant on connaît la fraternité qui unit ces populations.
En réalité, ce fut le 14 avril 1967 que le Général Eyadéma est parvenu au pouvoir en renversant le Colonel Dadjo. Mais le 24 avril 1967, soit seulement 10 jours après cet événement, le gendarme Robert Bokobosso a tiré à bout portant sur lui et l'a raté. Or, ce gendarme appartient à la même ethnie Kabye que le Général Eyadéma. Ce fut la levée des boucliers ! Tous les originaires du village de ce gendarme ont été radiés et renvoyés de l'armée, de la gendarmerie, de la police etc. Le malaise s'est installé durablement dans cette ethnie et a alimenté des antagonismes de toutes sortes. Donc, la première opposition au Général Eyadéma est venue de sa propre ethnie. Mais il a utilisé cet attentat manqué comme une arme pour menacer les Togolais du Sud de telle sorte que chaque 24 avril quelques Kabye seulement, armés de bâtons, d'arcs et de flèches, célébraient bruyamment, au nom du Nord-Togo, cet événement appelé "Fête de la Victoire". Victoire de qui sur qui ou de quoi sur quoi ?
Priver le Nord de démocratie est, aussi paradoxal que cela puisse paraître, un signe qui pourrait attirer les organisations terroristes islamistes. Pourquoi interdire les marches pacifiques au Nord et les autoriser dans le sud du pays ? Il n'est pas du tout prêt à s'en aller et il va recourir à la politique de la terre brûlée. Pourquoi a-t-il fait déserter de leurs habitants 3 villes musulmanes du nord Togo, arrêter les chefs religieux, démolir des maisons et des boutiques, violer les domiciles et battre les occupants, commettre des vols, s'introduire dans les mosquées au moment de la prière et bastonner les fidèles ? Les insectes dont nous avons parlé plus haut n'attendent que de telles occasions pour accourir allègrement dans le but de secourir "leurs frères en religion" et commettre l'irréparable. L'Association Togolaise de Lutte contre la Manipulation des Consciences (ATLMC) aimerait vivement vous prier d'attirer l'attention de M. Faure GNASSINGBE sur cette dangereuse et criminelle option. La partition et la somalisation du Togo ne doivent pas avoir lieu car les conséquences en seraient terribles.
Monsieur le Président,
le digne fils du pays de la Téranga et de l'Afrique que vous êtes ne saurait rester silencieux et indifférent lorsque ses frères du Togo sont massacrés, tués, arrêtés par la police, la gendarmerie, l'Armée togolaise doublées de miliciens réquisitionnés pour des opérations de maintien d'ordre. En réalité, votre voix manque dans cette arène où se joue l'identité politique moderne de l'Afrique car c'est elle qui va magnifier l'élan de solidarité que vos concitoyens apportent déjà si heureusement au peuple Togolais par le biais du Comité Sénégalais de Soutien au Peuple Togolais (CSSPT). Ce Comité auquel le peuple Togolais rend un vibrant hommage vous a déjà interpellé ainsi que la CEDEAO sur le mutisme ou les atermoiements de cette institution que nous voudrions grande. À cette gigantesque et bariolée vague de soutien qui s'est manifestée de l'Afrique jusqu'en Nouvelle Papouasie où le drapeau togolais a été l'objet d'une cérémonie d'adoption émouvante, les Togolais demeurent infiniment reconnaissants et ne savent pas encore comment le témoigner de façon satisfaisante notamment à l'endroit de nos autres frères africains du Mali, de Côte d'Ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée, du Bénin ainsi que de la société civile de notre cher continent.
Aujourd'hui, les Togolais se demandent à juste titre : "Pourquoi le président Macky Sall ne dit rien?" Si votre silence persistait, il constituerait une balafre historique dans la vitrine de la démocratie que le Sénégal représente en Afrique d'une part et une sérieuse entaille dans votre amour propre pour non-assistance à peuple en danger d'autre part. L'histoire retiendrait de votre part surtout la flagrante et incompréhensible inégalité de traitement des dossiers gambien et togolais.
Avec fébrilité, votre intervention est donc attendue par notre peuple comme une pluie dans une zone désertique. Chaque fois que les circonstances de l'histoire l'exigent, une voix aussi prépondérante que la vôtre doit résonner, tonner et contribuer à l'émergence d'une Afrique décomplexée et orientée vers le bonheur de ses habitants. La Civilisation de l'Universel vous y invite. Le Lion de la Téranga doit mugir et, en définitive, il pleuvra le Togo libre qui, à l'instar de la Gambie que vous avez aidée à se défaire d'un autre sanguinaire moyenâgeux, prendra enfin son envol dans un ciel purifié après plus de 50 ans de geôle et de mutilations de tous genres. Seule votre intervention auprès de M. Faure GNASSINGBE nous évitera la somalisation de notre pays dont il brandit la menace. Les Togolais sont confiants quant au succès de votre pédagogie politique dont vous seul avez le secret. Imaginez-vous un instant, Monsieur le Président, la fin de la prise d'otages de vos frères Togolais et l'explosion de leur joie qui, grâce à vous, illuminerait toute l'Afrique où cette date deviendrait historique ! Nul doute que vous seriez infiniment fier d'avoir contribué à la réalisation de cet événement dont la résonance serait mondiale.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Fait à Bremen (Allemagne) le 09 Novembre 2017
Pour le Bureau National
Le Président
S.-R. AYEVA
Ancien Membre du Haut Conseil de la Répblique (H.C.R.)
Parlement de Transition
Publication : 19 novembre 2017
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