Déclaration liminaire à la conférence de presse de lancement des activités commémoratives du 3ème anniversaire de l’Insurrection populaire des 30, 31 octobre et 2 novembre 2014
CDAIP, MBDHP, REN-LAC, Collectif CGT-B, CCVC/Ouaga, ODJ, UGEB, SYNAMUB, AJB, CADDL
Mesdames et messieurs les journalistes,
Au nom des organisations suscitées, je tiens à vous remercier pour avoir répondu présent à notre invitation et vous féliciter pour le travail que vous abattez quotidiennement pour permettre aux populations d’être régulièrement informées de l’évolution de l’actualité nationale.
La présente conférence de presse vise principalement à informer le peuple burkinabè et principalement celui de Ouagadougou et des environs de la commémoration le samedi 4 novembre 2017 du 3ème anniversaire de l’Insurrection Populaire d’octobre 2014. Cette importante activité se tiendra sous le format d’une marche-meeting :
- 8 h : rassemblement à la Place de la Nation ;
- 8h30 : départ de la marche en direction de l’assemblée nationale prise par les insurgés le 30 octobre 2014, symbole de l’Insurrection du peuple, où sera livré un message d’espoir pour la poursuite de la lutte pour la Révolution ;
- 10h : retour à la Place de la Nation pour le meeting.
Mesdames et messieurs les journalistes,
L’Insurrection populaire d’octobre 2014 et la Résistance victorieuse au putsch de type fasciste du Général Diendéré et de son ex-RSP, ont été des œuvres démocratiques, historiques et héroïques réalisées par notre peuple ; celles-ci tirent leurs sources et fondements de la longue lutte du peuple pour la justice, la liberté et le progrès social. Les diverses luttes qui ont culminé en l’Insurrection populaire d’octobre 2014 étaient, quant au fond, dirigées contre un système de gouvernance qui s’appuie sur les crimes de sang et les crimes économiques : assassinats, répressions, confiscations des libertés, détournements et pillages des deniers publics et des ressources naturelles par les clans coalisés qui gèrent l’appareil d’Etat à leur compte et au compte de leurs maîtres impérialistes. Obligé de s’insurger contre un tel système mafieux de gouvernance, la Compaorose, et de domination néocoloniale, notre peuple s’attendait à un changement véritable en sa faveur. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Au plan de la justice, réclamée à cor et à cri par notre peuple insurgé, le constat est celui des manœuvres politico-judiciaires dont l’objectif fondamental est de garantir l’impunité aux hommes du clan Compaoré chassé par notre peuple du pouvoir. Trois ans après l’Insurrection, en effet, les dossiers des martyrs restent en l’état, malgré que le rapport sur l’Insurrection ait clairement identifié ceux qui ont dirigé les tueries des 30, 31 octobre et du 2 novembre 2014, notamment le premier ministre sous la transition, Yacouba Isaac Zida. Ce dernier, très curieusement a été exilé au Canada par le pouvoir en place où il vit paisiblement et aucun mandat d’arrêt n’est lancé contre lui pour répondre de ses actes et du pillage record des ressources du peuple, ainsi que révélé par le rapport de l’ASCE-LC en 2016. Presque toutes les personnes mises aux arrêts sous la pression populaire pour leur implication dans les assassinats lors de l’insurrection, notamment les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, ont été libérées au mépris de la soif de justice des victimes, des familles des martyrs et de notre peuple.
Il en est de même pour les dossiers de la tentative du putsch de type fasciste de septembre 2015 de Gilbert Diendéré et de son défunt RSP. Ce putsch, cautionné par l’impérialisme principalement français et ses valets de la sous-région d’Afrique de l’Ouest, avait pour but de rétablir le clan Compaoré au pouvoir et écrasé notre peuple révolutionnaire. Les jubilations et l’euphorie des éléments du clan Compaoré aux premières heures du putsch sont des preuves qu’il était commandité par ce clan ! En plus, les exécutants de cet acte ignoble sont connus car ils l’ont assumé publiquement : avoir tué 16 personnes, blessé par balles plus de 200 personnes et causé d’énormes dégâts matériels. Ce fut le cas de Gilbert Diendéré. Comme dans le cas de l’Insurrection, la majorité de ceux qui avaient été arrêtés a été libérée, avec des blanchiments et des décharges. La dernière libération en date est celle de Djibril Bassolé qui indigne le peuple épris de justice et qui finit de convaincre tout le monde que le pouvoir actuel, dont la justice est une composante, ne veut nullement aller dans le sens de la justice réclamée par le peuple. Pourtant, en dépit des manœuvres politiques et judiciaires pour tirer Djibril Bassolé de cette sombre affaire de putsch, les faits semblent de plus en plus accablants contre lui. Selon le journal Le Reporter dans sa parution du 15 octobre 2017, Djibril Bassolé, en plus d’avoir été un des cerveaux du putsch de type fasciste de septembre 2015, est celui-là même qui aurait fait appel à des djihadistes et terroristes pour renforcer le camp des putschistes défaits par notre peuple résistant. Aussi avons-nous appris ces derniers jours de l’avocat de Gilbert Diendéré que celui-ci aurait pu bénéficier d’une liberté provisoire si le pouvoir et sa justice étaient sûrs que cela n’allait pas entrainer des troubles !
Tout cela montre que notre système judiciaire, malgré l’existence en son sein d’acteurs judiciaires honnêtes et intègres, et en dépit des proclamations de son indépendance, demeure, dans la forme et dans le fond, un instrument au service des riches et des puissants dont il protège les intérêts. Tous les signes indiquent clairement que le pouvoir politique actuel ne veut pas juger les éléments du pouvoir déchu, car les juger reviendra à se juger soi-même, vu qu’ils sont tous responsables du chaos économique et social dans lequel la IVème République a mis notre peuple.
Sur le plan social et économique, les gens du peuple croupissent de plus en plus sous la cherté de la vie. Les prix des produits de première nécessité sont devenus presque incontrôlables et notre peuple est sous la menace d’une grave famine au regard des résultats de la campagne agricole. La politique de gratuité des soins se révèle être une pure démagogie au regard des réalités dans les centres de santé. Le système de santé public est dans un état de délabrement continu et des maladies comme le paludisme et la dengue continuent de faire des ravages. Les emplois promis à la jeunesse se trouvent être les mêmes emplois précaires de HIMO, ce qui montre clairement que le pouvoir n’a visiblement pas de solution à cette préoccupation pressante. Juste qu’ici, la vitesse grand V du décollage économique se fait toujours attendre et les taux de réalisation de la mise en œuvre du fameux PNDES, annoncés dans la presse, ne sont pas ressentis par les populations.
Sur le plan sécuritaire, notre peuple se rend compte que l’Etat est dans une incapacité structurelle, du fait de son caractère néocolonial, d’assurer l’intégrité territoriale et la sécurité des populations. En témoigne les pertes de contrôle progressives par l’Etat de certaines parties du pays, notamment dans le Soum, où règnent des narcotrafiquants et des groupes djihadistes et terroristes. Face à ce péril sécuritaire, le pouvoir refuse de s’attaquer aux véritables causes de l’insécurité, notamment celles liées aux attaques terroristes. En effet, le pouvoir MPP et ses alliés savent très bien que la corruption, l’impunité, le mercenariat d’Etat, les connexions diverses avec les réseaux terroristes et djihadistes qui ont caractérisé la gouvernance sous Blaise Compaoré, sont les causes profondes de l’insécurité : instrumentalisation de personnes désespérées, principalement de jeunes sans avenir, par des obscurantistes, des terroristes, des narco-djihadistes, etc. ; accueil et hébergement des terroristes maliens (MNLA, Ansar dine,…) preneurs d’otages dans notre pays, notamment à Ouagadougou par Blaise Compaoré. Le pouvoir actuel refuse de voir la réalité qui est que le pouvoir de la 4ème République sous Blaise Compaoré a été la porte d’entrée des terroristes dans notre pays. Il refuse d’aller dans le sens du jugement des hommes du clan Compaoré (Blaise Compaoré, François Compaoré, Djibril Bassolé, Gilbert Diendéré et Cie) pour leurs crimes de sang et économiques et pour leur complicité avérée avec les terroristes qui endeuillent notre peuple.
Alors que de source sure, les soldats, policiers et gendarmes envoyés sur le terrain de la lutte contre les terroristes, notamment dans le Soum, ont 1500 F CFA par jour comme prime alimentaire, alors que les postes de commissariat et de gendarmerie dans cette partie du pays ne sont pas clôturés, alors que les détournements sont la règle au sein de la haute hiérarchie des FDS (cas avéré au niveau de la police), alors que les attaques répétées ont révélé que les soldats manquent d’armes appropriées et de munitions pour faire face aux terroristes, etc., la trouvaille de monsieur le Ministre de la sécurité, qui disait au burkinabè à son arrivée : « j’ai des idées contre l’insécurité », est d’utiliser 155 000 000 F CFA pour organiser une foire. L’on est en droit de s’interroger sur la nature réelle de ces idées !
Mesdames et messieurs les journalistes,
Comme on le constate, les espoirs et attentes que notre peuple a fondés en l’Insurrection et en la Résistance populaires : jugement des dossiers de crimes de sang et économiques, amélioration des conditions de vie, emplois pour la jeunesse, sécurité, liberté d’expression et de manifestations sont littéralement remis en cause. Cela apporte la preuve que le pouvoir actuel, dans le fond, travaille à détruire la flamme du véritablement changement révolutionnaire dont l’Insurrection et la Résistance victorieuse furent des étapes importantes. C’est dire à quel point la question du changement politique en faveur du peuple est plus que jamais d’actualité !
C’est pourquoi le collectif des organisations ci-dessus citées appelle les populations de la ville de Ouagadougou et environs à sortir massivement le samedi 4 novembre 2017 à partir de 8h à la marche-meeting à la place de la nation pour :
- Exiger le jugement des dossiers de crimes de sang notamment ceux des martyrs de l’Insurrection et de la Résistance populaires et ceux de Dabo Boukary, Norbert Zongo, Thomas Sankara et bien d’autres ;
- Défendre les libertés d’expression et de manifestation chèrement acquises par notre peuple et que le pouvoir tente de remettre en cause ;
- Exiger des mesures contre la cherté de la vie et pour des emplois décents pour la jeunesse ;
- Exiger des mesures concrètes contre l’insécurité, notamment celle liée aux attaques terroristes ;
- Poursuivre la lutte pour la défense et l’approfondissement des acquis de l’Insurrection et de la Résistance populaires et pour un véritable changement révolutionnaire en faveur du peuple.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Ouagadougou, 24 octobre 2017
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