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LA «MONDIALISATION» NEE DE LA FIN DU MONDE BIPOLAIRE CONDUIT A LA RECOLONISATION ET/OU A L’IMPLOSION DES ETATS-NATIONS OU DES ETATS MULTINATIONAUX

Combien avaient compris la signification réelle pour les travailleurs et les peuples de la chute du mur de Berlin en 1989? Francis Fukuyama, ex-responsable au département d’Etat américain déclarait « La fin de l’Histoire ». Mais peu ont retenu qu’il ajoutait aussi que l’humanité connaîtrait « les marécages de l’histoire ». Les réjouissances et festivités monstres d’alors initiées par les impérialistes, lesquels célébraient à coups de champagne « le nouvel ordre mondial », ont été d’abord écorchées avec l’agression de l’Irak par une coalition militaire aux ordres de Washington (près d’une centaine de nos soldats furent utilisés comme chair à canon), puis la blessure s’est agrandie avec la guerre de l’OTAN poursuivant le dépeçage de la Yougoslavie, ensuite la plaie est devenue béante avec l’attaque armée des occidentaux contre l’Afghanistan et sa mise de fait sous protectorat, et enfin la gangrène commence à se généraliser avec la barbarie colonialiste du sionisme israélien contre le peuple désarmé de Palestine.

 

En ce début du 3éme millénaire, l’opinion la plus répandue est que d’abord « mal partie », l’Afrique est plongée dans une catastrophe qui hypothèque son avenir : génocide ethno-fasciste au Rwanda en 1994, guerres civiles au Libéria et en Sierra Léone, guerres qui s’étendent à la Guinée Conakry, occupation, guerre et pillage au Congo de Lumumba, menace de l’islamisme politique en Algérie, xénophobie et menace d’implosion de la Côte d’Ivoire, ravage du sida, appauvrissement mortel des populations par les plans d’ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale, dévaluation du franc cfa en 1994, une seconde est en route à terme avec le passage à l’Euro, privatisation des entreprises nationales stratégiques, chute continue du prix des matières premières; bref la recolonisation du continent africain est en marche. La diaspora africaine n’échappe pas non plus à l’exploitation et l’oppression, enfermée qu’elle est dans une Union Européenne (UE) barricadée, qui a de plus en plus de mal à crédibiliser son « modèle démocratique européen ». L’Afrique et les africains sont donc plongés dans « les marécages de l’histoire » selon le mot tristement célèbre de Fukuyama, « marécages » dans lesquels se débattent les populations laborieuses africaines et la diaspora africaine à travers le monde.

 

Peu à peu les travailleurs et les peuples prennent conscience que « le monde du marché libre » a été libéré de la bride qui le retenait relativement et empêchait ainsi relativement l’étalage au grand jour de sa véritable nature prédatrice, spoliatrice, voire criminelle.

 

L’Etat désastreux du monde actuel est une conséquence de la défaite du socialisme, de l’URSS

 

Il faut prendre toute la mesure des effets désastreux de la disparition de l’URSS. Cette dernière faisait contrepoids dans le monde entier à la domination de l’impérialisme. Cette contradiction première avec l’URSS a en quelque sorte surdéterminé les contradictions inter-impérialistes, mais aussi relativement la contradiction entre l’impérialisme et les peuples opprimés. C’est ce qui a conduit les USA à aider à la reconstruction des économies européenne et japonaise après la seconde guerre mondiale; c’est aussi ce qui a conduit aux délocalisations des entreprises à faibles compositions organiques du capital qui ont permis une relative industrialisation des « nouveaux pays industrialisés », notamment de l’Asie du sud-est. La disparition de l’URSS produit la fin de cette surdétermination, c’est-à-dire le retour à l’antagonisme “ pur ” entre les USA et ses “ alliés ” de l’Union Européenne en construction et du Japon. Désormais les USA comptent faire valoir entièrement leurs intérêts et leur hégémonie totale.

 

La disparition des pays socialistes débouche sur l’élimination des équilibres issus de la seconde guerre mondiale. L’histoire nous apprend que la disparition d’un équilibre entre puissances conduit toujours à une nouvelle guerre visant à instaurer un nouvel équilibre. Ce fut le cas avec la guerre impérialiste 1914-18 née de la rupture du rapport des forces entre les puissances coloniales lors du partage colonial de la conférence de Berlin en 1884-85. Contrairement au discours sur le “ nouvel ordre mondial ”, nous sommes entrés dans une période lourde de menaces pour les peuples, une période de guerres et d’agressions impérialistes contre les peuples annonciatrices, à terme, d’une conflagration entre puissances impérialistes, notamment entre les USA et l’Europe supranationale impérialiste en construction.

 

La crise générale du capitalisme accroît les rivalités inter-impérialistes pour la conquête des sources de matières premières et des marchés

 

Depuis la décennie 70, la bourgeoisie impérialiste est confrontée à une crise de surproduction, précisément à une crise profonde de valorisation de son capital du fait de la baisse tendancielle du taux de profit. Pour y répondre le capital monopoliste accélère les processus de concentration et d’internationalisation du capital financier et des profits. La loi absolue du capitalisme à son stade suprême est la recherche du profit maximum. Le résultat est l’exacerbation des contradictions entre impérialismes, une attaque sans précédent contre les niveaux de vie des masses populaires sur l’ensemble de la planète et une recolonisation des peuples opprimés. Cette crise aurait pu être mortelle et déboucher sur une situation révolutionnaire inédite si les pays socialistes et le Mouvement Communiste International n’avaient pas été gangrenés par le révisionnisme, le réformisme et la trahison gorbatchévienne. 

 

La disparition du camp socialiste a constitué une bouffée d’air pour un système impérialiste mondial en crise parce que surchargé en capitaux en quête de valorisation. La perspective de nouveaux marchés à l’Est s’est traduite par une lutte sans merci entre les différents impérialismes avec comme conséquence le retour de la guerre en Europe. Mais elle a été précédée par les plans d’ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale dont le but est de faire payer les dettes et les intérêts par les peuples. Elle se poursuit par les guerres successives contre les peuples, principalement contre les Etats qui résistent à l’hégémonie impérialiste. C’est dans ce cadre que l’impérialisme a besoin de substituer à « l’empire du mal » soviétique d’hier le nouvel ennemi dénommé « terrorisme », « le bien contre le mal », « la civilisation contre la barbarie ». Ce qui est le plus commode, le plus avantageux pour l’impérialisme, c’est la recolonisation pur et simple des pays, régions ou zones où se concentrent les matières premières, surtout stratégiques comme le pétrole ou le gaz naturel. C’est pourquoi les peuples re-subissent, comme à la fin du 19éme siècle lors de la conquête coloniale, la politique de l’asservissement par le canon, le feu et le fer. C’est pourquoi, les pays indépendants, à l’instar de l’Afghanistan, de l’Irak ou la Yougoslavie, redeviennent en partie ou en tout des protectorats. C’est pourquoi l’ethnisme ou l’islamisme politique deviennent des facteurs d’implosion des Etats multinationaux et de recolonisation. Et, à l’instar de la Côte d’Ivoire, aucun pays n’est à l’abri.

Illustrons concrètement notre propos par un exemple précis qui interpelle tout être pensant qui a suivi la propagande de l’impérialisme français de 1960 jusqu’à très récemment encore. Retenons, avant d’examiner le cas ivoirien, que le Sénégal et la Côte d’ivoire ont été et sont encore des pièces maîtresses dans le dispositif du pré-carré français en Afrique : Le Sénégal en est le pilier politique et la Côté d’Ivoire le pilier économique.   

 

CÔTE D’IVOIRE : Menace de partition ou/et d’un Rwanda bis

 

L’espoir suscité par la «révolution de palais» qui avait chassé Henri Konan Bédié du pouvoir en décembre 1999 s’est dilué dans un bain de sang, qui a porté Laurent Gbagbo à la Présidence et dans les  massacres récurrents des ressortissants du nord et des immigrés, suite à l’exclusion d’Alassane Ouattara des élections législatives. Des Mosquées et des Eglises ont été brûlées. Un affrontement ethnico-religieux et régionaliste menace de faire éclater le pays.

 

Les principales causes économiques de la crise ivoirienne

Pour la Côte d’Ivoire comme pour toute l’Afrique et le Tiers Monde, les années 80 sont celles des Plans d’Ajustement Structurel (PAS) dictés par le FMI et la Banque Mondiale. Présentés comme des « plans de redressement des équilibres macro-économiques, financiers et budgétaires », ils se sont révélés catastrophiques pour les économies et les populations laborieuses. Les résultats chiffrés ont été pour le soi-disant « bon élève du FMI et de la Banque Mondiale » qu’est la Côte d’Ivoire: la baisse des cours du cacao de 37% en 98/99, la dévaluation du franc Cfa en 1994 qui a « conjoncturé » le peuple, la paupérisation dramatique de la paysannerie base sociale du régime Houphouétiste et du PDCI, l’élevation de la dette à 16 milliards de dollars, la privatisation par le bradage des secteurs stratégiques de l’économie nationale, de la santé, de l’éducation et une prétendue croissance de 6,5% artificiellement gonflée par la dévaluation.

 

Toute la classe politique ivoirienne s’est alignée sur les recettes prédatrices des Institutions de Bretton Woods. Or, les plans d’Ajustement Structurel ne servent qu’à enfermer les peuples dans le système usurier de la dette et des intérêts de celle ci, qu’à organiser le pillage des matières premières et la force de travail sous payée des masses laborieuses africaines.

 

La responsabilité des dirigeants politiques africains et de l’intelligentsia

 

En 1994, lors du génocide dans lequel l’impérialisme français s’était impliqué jusqu’au cou au Rwanda, nous avions déclaré: toute l’Afrique est potentiellement un Rwanda. Car nous avions compris que le phénomène dit de la «mondialisation» signifiait à la fois un processus d’unification au centre du système capitaliste et une recolonisation comprenant en plus l’implosion de certains Etats multinationaux et/ou multiconfessionnels à la périphérie, notamment dans les pays dominés.

 

Le conflit politico-judicaire sur la question absurde et dangereuse de «l’ivoirité» reflète l’incapacité de toute la classe politique ivoirienne a solutionné la crise économique, sociale et politique née des diktats du FMI et de la Banque Mondiale. Des dictatures militaires ou civiles des années 60/70 en Afrique, on est passé au «multipartisme des gestionnaires et technocrates» dans les années 80/90, puis maintenant on en arrive au «multipartisme ethnique, religieux et/ou régionaliste». Quel recul !!

 

Le projet initial «de libération nationale dans l’unité africaine» du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), lors de la lutte pour l’indépendance, entre 1945 et 1960, a été saboté par les Houphouët et les Senghor. Houphouët disait: «la Côte d’Ivoire ne sera pas la vache laitière de l’Afrique». Résultat: elle est devenue la «vache caféière» des Multinationales françaises. En 1963, au moment de la fondation de l’OUA, les mêmes Senghor et Houphouët, soutenus par leurs maîtres impérialistes français, ont combattu la position panafricaine de Kwamé Nkrumah d’un «gouvernement africain unique, un parlement unique et une armée unique». Résultats: le Sénégal est confronté depuis 1982 à un mouvement indépendantiste Casamançais dont le fondement historique et politique est incontestable et la Côte d’Ivoire est menacée par une scission nord/sud.

 

Rivalités entre l’impérialisme français et américain

 

«Comme le général Gueï, Paris avait pourtant contribué à installer Henri Konan Bédié dans le fauteuil vacant de Félix Houphouët Boigny...parce qu’il risquait de faire voler en éclats la « vitrine » de son pré-carré en Afrique; parce que l’instabilité politique croissante à Abidjan commençait à porter préjudice aux importants intérêts économiques tricolores dans le pays. La Côte d’Ivoire est le deuxième client de la France en Afrique Noire (5,3 milliards de francs d’achats en 1998). L’Hexagone y détient une part de marché de près de 30%... ». Voilà comment le journal patronal français Les Echos du 27/12/99 explique le coup d’état de « Noël 99 ».

 

Beaucoup avaient cru que ce coup d’état servait le dauphin, Alassane Ouattara, de l’ex-directeur français du FMI, M. Candessus. Mais c’est le troisième « larron », membre de l’Internationale Socialiste, Laurent Gbagbo qui, finalement, va être le vrai bénéficiaire de toute la mise en scène macabre qui endeuille le peuple ivoirien.

 

Pendant que le socialiste français Guy Labertit avouait que « le concept de l’ivoirité est venu de certaines institutions internationales qui ont trouvé cette formule tristement géniale pour répondre à une situation de crise économique en Côte d’Ivoire » et proclamait que « l’Internationale Socialiste (en fait les socialistes européens) a réaffirmé toute sa solidarité avec le FPI » (le Nouvel Afrique Asie, décembre 2000), les socialistes africains (d’Afrique du sud notamment) et les « amis » de la droite française comme Eyadéma et Bongo cherchaient à remettre en selle le RDR de A. Ouattara. Pendant que Chirac et Jospin en France s’entendaient pour conserver le « pré-carré » contre la pénétration américaine en Afrique et que le FPI et le PDCI en Côte d’Ivoire se partageaient, sur des bases ethniques, religieuses et régionalistes, les sièges de l’Assemblée Nationale, les impérialistes américains, qui avaient choisi A. Ouattara, « boudaient » la proclamation présidentielle de Laurent Gbagbo. Il apparaît que les impérialistes français et américains rivalisent à travers leurs valets interposés sur le continent africain et utilisent les idéologies et politiques les plus réactionnaires, notamment l’ethnisme et l’utilisation politique de la religion, pour maintenir l’Afrique dans leurs griffes en n’hésitant pas à faire éclater les Etats multinationaux nés de la lutte pour l’indépendance.

 

L’Afrique de l’Ouest va t-elle devenir l’Afrique des Grands lacs?

 

L’option répressive régionaliste, ethniste et religieuse du socialiste Gbagbo contre les populations du Nord conduit inévitablement, à terme, à des affrontements armés. L’accalmie apparente d’aujourd’hui ne doit pas nous cacher la persistance des contradictions. Or, au Libéria, en Sierra Léone, des guerres civiles ethniques manipulées par les impérialistes s’y déroulent depuis de nombreuses années. Des foyers de concentration d’armes pullulent dans toute cette région d’Afrique de l’Ouest.

 

Ainsi, si l’égalité des droits et la citoyenneté de tous les Ivoiriens de toutes les régions, de toutes les confessions, de toutes origines, de toutes nationalités et le respect des droits des minorités nationales immigrées ne sont pas reconnus, toute guerre civile peut entraîner une guerre dans laquelle les Etats frontaliers de la Côte d’Ivoire peuvent être entraînés. C’est là une conséquence inévitable des frontières nées de la « balkanisation » coloniale du continent africain.

 

Pour un projet panafricain fondé sur l’union libre des peuples libres d’Afrique

 

La première phase de la lutte des peuples africains contre la colonisation a engendré des Etats semi-coloniaux multinationaux. L’Afrique indépendante et unie a échoué, parce que les leaders petits bourgeois et bourgeois africains «voulaient chacun leurs Etats propres» pour s’enrichir.

 

Il faut maintenant que les classes laborieuses africaines prennent leur sort entre leurs mains pour libérer l’Afrique et l’unifier. Dans cette nouvelle phase, la diaspora africaine, comme lors de la première phase entre 1945/60, doit s’organiser pour contribuer par son implication et sa solidarité active à ce nouveau projet émancipateur tout en luttant pour faire respecter ses droits d’immigré(e)s et l’égalité des droits pour tous dans les grands pays développés.

Mars 2012

Le Comité Editorial

 



09/08/2017
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