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LA CHINE ET LE “SOCIALISME DE MARCHE”

Question : Bonjour cher Ami,

"Quelle est ton appréciation du modèle de révolution à la chinoise tout en sachant que là ce sont pas des bolcheviks mais bien des paysans qui ont été la base de cette révolution. Et que penses tu de l'héritage de Lénine et Mao dans leur pays respectif ?"

 

Réponse synthétique :

- Sur "l'héritage de Lénine et Mao dans leur pays respectif": Chacun d'eux a été un pionnier pour l'émancipation humaine de l'exploitation de classe, l'indépendance et le développement national.

 

- Lénine est le pionnier dans le sillage de Marx/Engels pour avoir frayé la voie à la conquête du pouvoir par la classe ouvrière alliée à la paysannerie, jeter les bases théoriques de l'édification du socialisme en URSS que Staline a matérialisé, première expérience d'une société sans et contre la bourgeoisie. En ce sens la révolution d'Octobre a été l'inspiratrice et la matrice de toutes les révolutions du XXéme siècle et le sera pour celle du XXéme siècle. Au moment de la défaite temporaire du socialisme et de la restauration du capitalisme dans les années 89/91, 76% de la population se sont exprimées pour le maintien de l'URSS et les sondages actuellement montrent la même tendance. Les peuples de l'ex-camp socialiste défait comparent tout simplement ce qu'ils ont perdu avec ce qu'ils avaient pour regretter amèrement le "passé" Soviétique et socialiste. C'est là un facteur décisif au plan de la perspective historique de l'inévitable retour au futur socialiste-communiste qu'on peut situer après l'expérience "Poutine" actuel qui fait retrouver la "grandeur" perdue du peuple russe, noyau dur de la perspective de reconstruction de l'URSS. Le capitalisme ici sous sa forme néolibéral a lamentablement échoué et le fascisme prend le relai comme on le voit dans les pays Baltes, en Ukraine, lequel aussi va échouer.

 

- Mao est le pionnier avec l'Oncle Hô, Kim Il Sun et Fidel/Che a avoir frayé la voie dans les semi-colonies et pays semi-féodal a la révolution nationale, démocratique et anti-impérialiste dans la perspective du socialisme en rejoignant l'ex-camp socialiste. Deux étapes ont marqué les expériences nationales de ces pays. La première à l'époque de l'existence du camp socialiste qui a été marquée par l'émergence du grand débat au sein des forces communistes opposant au début les partisans de la voie réformiste d'abandon de la lutte des classes à l'échelle nationale et internationale (PCUS sous Krouchtchev, eurocommunisme, etc) et de conciliation avec l'impérialisme et les partisans de la voie de maintien de la lutte des classes à l'échelle nationale et internationale (PCChine, PCVietnam, PCCubain, PTA).

 

Ce débat a produit dans un premier temps des concessions réciproques synthétisées dans les deux déclarations de Moscou de 1957 et 1960 qu'il faut comparer avec la ligne défendue par la déclaration de fondation du Kominform de 1947 présentée par Jdanov.

 

La "ligne générale" en 25 points de 1963 du PCChine rédigée par Mao est en réalité un déplacement centriste au plan politique et idéologique du cœur de la contradiction entre le camp capitaliste et le camp socialiste soutenue par la ligne Jdanov/PCBUS vers une contradiction au sein même du camp socialiste en riposte, au cours de la révolution culturelle en Chine, au révisionnisme trotskiste Krouchtchévienne.

 

- Une fois les contradictions internes à la Chine réglées contre les "pro-soviétiques" (Lin Piao) tout comme en 1935 avec Van Min (même si les conditions avaient changé et il faut en tenir compte du point de vue du matérialisme historique), la direction chinoise sous l'impulsion de Mao/Deng ont mis en branle une stratégie fondée sur le principe "compter sur ses propres forces" tout en conciliant avec l'impérialisme US (voyage de Nixon) et théories erronées du "social-impérialisme soviétique" et des "trois mondes".

 

- Cette stratégie centriste de Mao/Deng/PCC a contribué à diviser (mais rendons à César ce qui lui appartient: les révisionnistes soviétiques en sont les précurseurs) le camp socialiste (ce que Tito avait déjà fait sur une base de droite pro-impérialiste dès 48), mais "compter sur ses propres forces" pour résoudre la question fondamentale du développement des forces productives en utilisant les lois du marché et l'ouverture contrôlée sur l'économie capitaliste mondiale qui caractérisent les "quatre modernisations" après la mort du Timonier Mao.

 

- Objectivement l'ouverture à l'occident capitaliste, tant de Brejnev avec l'accord d'Helsinki en 1975 que de Mao/Deng en 1972 puis en 1978, ont été des étapes négatives sur le plan de la contradiction capitalisme/socialisme, l'URSS fut la perdante au vue de la défaite ultérieure de 89/91, alors que la Chine s'en est tirée par la stratégie économique Etatique captant les délocalisations, le transfert de technologies et l'effort national propre pour accélérer le développement des forces productives (industries lourdes et sciences qui avaient bénéficié de l'apport Soviétique sous Staline et industries légères de consommation) qui font du socialisme de marché ou capitalisme d'Etat l'actuel atelier du monde.

 

- La défaite de l'URSS et de la majorité des ex-pays du camp socialiste et la restauration du capitalisme ont engendré un rapport des forces défavorables au prolétariat, aux peuples et aux rescapés du camp socialiste que sont la Chine, le Vietnam, la Corée du Nord et Cuba. Chacun de ces pays a été contraint de s'adapter au nouveau rapport des forces base de la re-mondialisation capitaliste impérialiste. Chacun se sent menacé, et parfois pris à la gorge, c'est le cas de Cuba et la Corée, par l'agressivité impérialiste redoublée. Chacun, à l'exception de la RDPCorée, fait l'expérience d'une forme nationale de capitalisme d'Etat nommé socialisme de marché.

 

- Il faut soutenir ces expériences imposées, notamment par le rapport des forces mondiales favorables à l'impérialisme pour le moment. C'est le développement des forces productives de ces pays et d'autres qui sont capitalistes comme la Russie bourgeoise, l'Inde, le Brésil (les Brics) qui est en train de miné la toute puissance de l'impérialisme, lequel est de plus en plus battu à plate couture par ces pays "émergents". D'où son agressivité, d'où ses guerres de l'Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, etc et son alliance avec les monarchies des pétro-dollars et ses métastases que sont les terroristes fondamentalistes. Leur but est contrôler les sources de matières premières énergétiques au profit de leurs monopoles capitalistes afin de dicter aux pays "émergents" l'accès à celles ci. Hier le capitalisme impérialiste colonisait pour s'offrir les matières premières, les transformer pour les revendre, aujourd'hui la financiarisation et le capital fictif spéculatif globalisé confère au capitalisme des monopoles et de leurs Etats impérialistes la place de "tondeurs de coupons" parasitaires pour citer Lénine qui telles des sangsues s'abreuvent plus que jamais du sang des peuples. Leurs solutions, ce sont les guerres, voire la guerre mondiale inévitable, la baisse des salaires des travailleurs dans leurs pays, la destruction des conquêtes sociales et démocratiques des travailleurs qui les avaient contraints à concéder la dite "société de consommation" à crédit pour bloquer l'effet de contagion de l'URSS et du camp socialiste.

 

- Chine, Corée, Vietnam et Cuba expérimentent dans un tel contexte le "socialisme de marché" ou capitalisme d'Etat selon l'expression de Lénine lui même parlant de la NEP (nouvelle politique économique). Le PCC, de Mao à tous leurs dirigeants, y compris actuels, notamment lors du 18éme congrès, gardent le cap sur la construction "harmonieuse" disent-ils du "socialisme de marché longue étape vers le communisme". Sur les 500 plus grandes entreprise chinoises, plus de 478 ( de mémoire) sont d'Etat. Avec Hong Kong et Macao, mais le projet identique avec à terme avec Taïwan) leur stratégie est "un pays, un Etat, une nation et deux systèmes.

 

- Objectivement, on ne peut rejeter le bébé et l'eau du bain, objectivement il faut reconnaître, malgré les critiques historiques qui peuvent être adressées au PCC sur son attitude durant l'existence du camp socialiste et sa gestion des contradictions (qui auraient dues être traitées comme non antagoniques tout en fixant le cap sur les contradictions antagoniques avec l'impérialisme) idéologiques d'antan pour le moins "nationaliste" en réponse à celle des révisionnistes soviétiques, il faut reconnaître que cette expérience est à étudier sans préjugés dans toute sa complexité en tenant compte du rapport des forces mondiales et des contradictions entre capitalisme et socialisme. Ceci est aussi valable pour la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba qui, tous, à des degrés divers font la même expérience parce que le socialisme résulte du développement des forces productives et de la prospérité nationale et n'a rien à voir avec le "socialisme paysan sous développé"; c'est en sens que le socialisme est l’œuvre de la classe ouvrière, du prolétariat.

- Une fois ceci établie, ces expériences seront, tôt ou tard, confrontées à la question fondamentale posée par Lénine: QUI L'EMPORTERA ? LA CLASSE OUVRIERE OU LA BOURGEOISIE? C' est cette confrontation inévitable interne et externe que le Parti Communiste de ces pays que doivent aussi préparée. Il faut donc rejeter le nihilisme puriste de certains charlatans éternels défaitistes qui passent leur temps à dénigrer en pistant les insuffisances, les erreurs (qui sont inévitables) de ces expériences et les condamnent de façon péremptoire sous le prétexte qu'il ne peut y avoir de "marché sans capitalisme".

 

- C'est Staline, pourtant celui qui a mis fin à la NEP, qui est le meilleur pourfendeur de ces grands seigneurs idéalistes, "théoriciens" à la petite semaine quand il dénonce des économistes soviétiques dans ses "remarques sur les questions économiques" en 1952 qui prétendaient "le socialisme supprime le marché".

 

- Staline écrit: "On ne peut identifier la production marchande à la production capitaliste. Ce sont deux choses différentes. La production capitaliste est la forme supérieure de la production capitaliste. La production marchande ne conduit au capitalisme que si la propriété privée des moyens de production existe; que si la force de travail apparaît sur le marché comme une marchandise que le capitaliste peut acheter et exploiter pour la production; qui si, par conséquent, il existe dans le pays un système d'exploitation des ouvriers salariés par les capitalistes...On ne pet pas considérer la production marchande comme une chose se suffisant à elle-même, indépendante de l'ambiance économique. La production marchande est plus vieille que la production capitaliste. Elle existait sous le régime de l'esclavage et le servait, cependant elle n'a pas abouti au capitalisme. Elle existait sous le régime féodal et le servait, sans toutefois aboutir au capitalisme, bien qu'elle ait préparé certaines conditions de l'avènement de la production capitaliste. La question se pose : pourquoi la production marchande ne peut-elle pas de même, pour un temps, servir notre société socialiste sans aboutir au capitalisme, si l'on tient compte que la production marchande n'a pas chez nous l'extension illimitée et universelle qu'elle a dans les conditions capitalistes; ... A l'heure actuelle, il existe chez nous deux formes essentielles de production socialiste; celle de l'Etat, c'est-à-dire du peuple entier et celles des Kolkhoz dont on ne peut dire qu'elle est commune au peuple entier... bien que les moyens de production (la terre et les machines) appartiennent à l'Etat, les produits obtenus sont la propriété des différents Kolkhoz qui fournissent le travail de même que les semences... les Kolkhoz ne veulent pas échanger leurs produits autrement que sous la forme de marchandises, en échange desquelles ils veulent obtenir les marchandises dont ils ont besoin. Les Kholkhoz n'acceptent pas aujourd'hui d'autres relations économiques avec la ville que celles intervenant dans les échanges par achat et vente de marchandises. Aussi la production marchande et la circulation des marchandises sont-elles chez nous, à l'heure actuelle, une nécessité pareille à celle d'il y a trente ans, par exemple, époque à laquelle Lénine proclamait la nécessité de développer au maximum la circulation des marchandises...aussi longtemps qu'existeront les deux principaux secteurs de production, la production marchande et la circulation des marchandises doivent rester en vigueur comme élément nécessaire et très utile dans le système de notre économie nationale...Par conséquent, notre production marchande n'est pas une production marchande ordinaire, elle est d'un genre particulier, c'est une production marchande sans capitalistes, se préoccupant pour l'essentiel des marchandises appartenant à des producteurs socialistes associés (Etat, Kolkhoz, coopératives) et dont la sphère d'action est limitée aux articles de consommation personnelle, qui ne peut évidemment se transformer en aucune manière en une production capitaliste et qui est destinée, avec son "économie monétaire", à aider au développement et à la consolidation de la production socialiste...Aussi ont-ils tort, les camarades qui ...confondent la production marchande avec la production capitaliste et estiment que, du moment qu'il y a production marchande, il doit y avoir aussi production capitaliste. Ils ne comprennent pas que notre production marchande se distingue foncièrement de la production marchande en régime capitaliste" (Editions sociales de 1953, sélection du PCF) .

 

- Cette longue citation remet les pendules à l'heure sur la question controversée de la place et du rôle inévitable de la production marchande sous le socialisme. En URSS, la NEP était devenue un frein au développement des forces productives et avait fait entrer le pays dans une contradiction de classe qui a été historiquement tranchée par la socialisation de l'essentiel de l'économie nationale consacrée par la Constitution de 1935 en deux secteurs qui sont le secteursocialistecd’Etat et le secteur collectif paysan (Sovkhoz et Kolkhoz). La bourgeoisie avait été éliminée en tant que classe sociale. Ce n'est pas le cas, ni en Chine où une partie de la bourgeoisie, la compradore liée aux intérêts impérialistes s'est réfugiée à Taïwan, Hong Kong, Macao, alors qu'une autre que Mao a défini comme "nationaliste" s'est alliée au Parti Communiste, ni au Vietnam où celle-ci s'est expatriée, ni en Corée où celle-ci s'est réfugiée en Corée du Sud et ni à Cuba où elle s'est aussi expatriée à Miami pour devenir jusque de nos jours la force sociale potentielle d'une reconquête du pouvoir vassale de l'impérialisme US.

 

- Ces bourgeoisies se différencient partout en terme de positionnement sur la question : "patriotisme" ou "apatridie" ? On voit cela dans le cas d'un retour massif de Chinois en Chine qui, pour les uns ont leurs calculs de classe, mais pour d'autres s'associent au développement économique fulgurant de leur pays dirigé par le PCC.  

 

- Bien entendu, les conditions de la production marchande en URSS, dans les différents pays du camp socialiste qui ont existé, en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam et à Cuba, sont différentes eu égards au niveau des forces productives dans chacun des pays concernés, du rapport des forces au plan national entre les classes sociales, de la situation internationale évolutive du rapport des forces avec l'impérialisme et de la période d'existence du camp socialiste ou de disparition momentanée de celui ci. Se pose aussi ici la question des formes de collaboration entre pays à orientation socialiste rescapés de la défaite des années 89/91.  

 

- Dans le contexte géopolitique et géostratégique actuel caractérisé par la re-mondialisation capitaliste au plan international et de l'existence ou non à l'interne de capitalistes, la question du degrés d'extension ou de limitation de la production marchande liée aux tâches de développement des forces productives et des différents secteurs économiques (socialistes, capitalistes d'Etat, capitalistes privés, artisanaux, paysans collectifs, privés, coopératives, etc) est complexe et ne peut être réglée par une surenchère doctrinaire par les Partis communistes de ces pays.

- C'est là où nous devons étudier les politiques et stratégies mises en place par les PC de ces pays toujours en gardant en vue la question toujours d'actualité de Lénine: Qui vaincra ? Classe ouvrière ou classe capitaliste ? Secteurs socialistes ou secteurs capitalistes ? C'est l'équation posée aux Partis Communistes de ces pays qui doivent pouvoir compter à l'échelle internationale de la solidarité internationaliste des Communistes et du mouvement ouvrier et populaire des autres pays qui n'ont pas encore renversé le capitalisme chez eux.

 

- Il n'y a donc pas de "modèle" figé, car tant Marx/Engels, Lénine/Staline n'ont jamais envisagé le "modèle" autrement que comme devant inspirer les révolutionnaires, comme devant galvaniser par l’exemple le travail de guide pour l'action à partir de l'analyse concrète d'une situation concrète par l'utilisation du matérialisme historique et dialectique comme "arme de la critique" pour l'émancipation sociale et nationale des travailleurs et des peuples fossoyeurs du capitalisme impérialiste.  

 

Voilà une synthèse de l'état de nos recherches et réflexions sur la problématique complexe posée. En espérant, sans prétention aucune, avoir été fidèle au socialisme scientifique.

 

Salut militant

Diagne Fodé Roland

Juillet 2017 

 



29/07/2017
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